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Skins : une troisième génération en perdition (saisons 5 et 6)

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Skins generation 3 - Skins : une troisième génération en perdition (saisons 5 et 6)

Pour la troisième et dernière fois, Skins a exploré une nouvelle génération de jeunes selon le schéma classique de la série en lui consacrant deux saisons.

Cette fois-ci, nous sommes introduits à cette nouvelle génération par Franky, incarnée par Dakota Blue Richards. Elle se pose comme le personnage pivot de ce nouveau groupe inexistant au moment où on les rencontre et qui ne va pas se former concrètement.

Peut-être est-ce là justement que ces deux saisons de Skins échouent en partie ;  nous avons avant tout des jeunes qui, comme souvent, n’ont pas grand-chose à voir en commun et qui sont poussés les uns vers les autres pour des raisons scénaristiques. Cette troisième génération est alors plus des petits groupes qui s’entrecroisent de manière plus ou moins intime, mais ils ne forment pas vraiment une bande d’amis solides.

La première saison sert donc à nous les introduire les uns après les autres pour les aider à briser le stéréotype dans lequel ils ont été mis. Sur ce plan-là, la rencontre entre la « princesse » Grace (Jessica Sula) et le métalleux Rich (Alexander Arnold) sera sûrement la plus pertinente, les deux adolescents trouvant une façon d’évoluer au contact l’un de l’autre sans pour autant se trahir. Il en sera par la suite de même avec Alo (Will Merrick) et Mini (Freya Mavor), un couple qui semble en grande partie avoir vu le jour grâce à l’alchimie indéniable entre les deux acteurs.

Il faut aussi dire que, plus que tout autre chose, cette troisième génération est en recherche identitaire, et suite à la perte de l’un d’entre eux, tout simplement en quête d’une direction à donner à leur existence. Ils sont majoritairement perdus, pas toujours conscients de l’être, et ils font pas mal de dégâts autour d’eux.

Il s’agit sans conteste d’une thématique plutôt universelle quand il est question de jeunes gens ; seulement, à l’image des portraits qu’ils délivrent, les scénaristes de Skins cherchent eux aussi, créant un peu trop régulièrement l’impression de tâtonner plus que de concrètement savoir où ils vont. Les épisodes peinent à réellement véhiculer de l’émotion, sans compter les maladresses qui n’aident pas forcément à s’attacher aux personnages. Qui plus est, tout ce qui aura été plus ou moins construit dans la saison 5 aura bien peu de valeur avec la sixième où une absence d’unité de groupe sera assez fatidique. Les adolescents sont quasiment tous isolés les uns des autres, se marginalisant volontairement, cherchant à se reconstruire, mais affrontant principalement seul ce qui leur arrive. Avec une personnalité à fleur de peau, entre violence et sensibilité exacerbée, c’est peut-être l’épisode de Liv (Laya Lewis) qui sortira du lot, offrant par ailleurs une scène finale bouleversante. La façon dont est abordée son amitié avec Alex (Sam Jackson) en seconde saison se montre aussi, malgré tous les artifices qui entourent le jeune homme, empreinte d’un certain réalisme dans le fait qu’elle n’est qu’éphémère.

Elle délivrera en tout cas une émotion qu’il n’est pas forcément aisé de ressentir avec Franky. Avec la volonté de faire de cette dernière une adolescente créative un peu ambiguë dont la quête identitaire est plus poussée que les autres à cause de ses racines inconnues, l’équipe scénaristique finit clairement par la rendre par moment antipathique, faisant d’elle avant tout une jeune femme plus capricieuse que réellement sensible et perdue.

Son cas n’est pas aidé, comme tous les autres, par une absence parentale qui se fera des plus pesantes en saison 6. Pourtant, contrairement aux générations précédentes, le show réussira à se montrer moins catégorique avec les adultes. Si, vu à travers les yeux de jeunes, beaucoup apparaissent assez incompétents, stupides, ou à côté de la plaque, ce ne sera pas une généralité, au contraire. Les familles de Grace, d’Alo ou même de Mini se révèleront bien plus réalistes grâce à des parents qui sont au moins concernés par ce qui arrive à leurs enfants et qui veulent ce qu’il y a de mieux pour eux – même s’ils ne prennent pas toujours les meilleures décisions. Les parents seront donc souvent en voyage pour justifier leur absence, quand quelqu’un se donne la peine de l’expliquer. C’est par moment assez dommageable à l’histoire.

En tout cas, avec un groupe plutôt dispatché, Skins aura au moins ici l’opportunité de se frotter plus consciemment à quelques dynamiques différentes. Ainsi, avec Nick (Sean Teale) et Matty (Sebastian de Souza), la série se penche concrètement sur une relation fraternelle qui est conflictuelle, douloureuse mais aussi indestructible. De leur attirance pour la même fille à la nécessité de prendre individuellement ses responsabilités, les deux adolescents trouvent un sens dans leur lien du sang plus que dans n’importe quelle autre relation qui aura été développé autour d’eux. Cela est par contre gâché par Sebastian de Souza, qui est l’élément le plus faible d’un casting plutôt homogène et qui aura tout du long des difficultés à être convaincant. En bout de route, j’ai juste fini par me dire que Matty était naturellement ainsi, mais je je n’ai pas réussi à savoir si c’était totalement voulu ou non.

Cette troisième génération de Skins luttera donc beaucoup trop pour s’affirmer et intéresser. Elle ne se veut pas trop intensive, mais pas pour autant légère, et ne sait pas forcément bien mélanger les tons. Dans l’ensemble, c’est trop régulièrement passive que j’ai suivi ces deux saisons, malgré des moments forts et quelques passages humoristiques efficaces. Par contre, la conclusion heureuse m’apparait on ne peut plus de mise, nous laissant finalement sur des adolescents plus ou moins prêts à passer à une autre étape de leur vie. C’est donc en accord parfait avec ce qui aura défini cette troisième génération.

Aller plus loin …

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