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Southcliffe : Après le massacre

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Journaliste à Londres, David Whitehead revient chez lui à Southcliffe pour couvrir un drame. Stephen Morton a traversé la ville et laissé derrière lui plus d’une dizaine de victimes. Les habitants sont sous le choc, l’Angleterre est sans voix. Comment cela a-t-il pu se produire ?

Après Red Riding, Tony Grisoni est de retour avec une mini-série sur Channel 4 dont la réalisation a été confiée au metteur en scène américain Sean Durkin (Martha Marcy May Marleneir?t=critictoo 21&l=ur2&o=8 - Southcliffe : Après le massacre). Avec de tels noms aux commandes, il n’est pas très surprenant que Southcliffe prenne la forme d’un drame psychologique sombre qui pousse à la réflexion.

L’histoire tourne ainsi autour d’un massacre perpétré par un homme seul dans une petite ville anglaise qui pourrait prétendre d’être comme tant d’autres. Comme plusieurs récentes séries britanniques l’ont fait, il est donc ici question de s’intéresser à l’impact d’un drame sur une communauté. Néanmoins, Southcliffe se propose d’aller plus loin que ça.

L’une des principales caractéristiques de la série se trouve alors être sa construction non-linéaire qui sert autant à détailler les évènements entourant le massacre qu’à développer différentes thématiques. On veut dès lors nous parler du deuil et de la prise de responsabilités.

Ainsi, si la première partie tend à dresser un portrait humain du tueur incarné par Sean Harris et ce qui l’a poussé à agir, la suite s’intéressera à ses victimes avant et après le drame. Il y a une sorte d’exhaustivité qui apparait ainsi, mais qui n’alourdit pas le propos, car l’excès de zèle est évité grâce à la construction narrative ingénieuse. Celle-ci requiert un investissement notable dans le visionnage, tant en terme d’attention qu’au niveau émotionnel, mais cela se fait naturellement avec l’ambiance étrangement fascinante qui ressort de la mise en scène de Durkin.

Le mélange de points de vue ne s’impose pas comme une gageure à suivre, puisqu’il sert à captiver en cherchant autant à déconstruire les évènements qu’à leur redonner forme, tout particulièrement avec l’ajout progressif d’un angle extérieur prenant corps avec le journaliste David Whitehead. Ancien résident de Southcliffe qui revient ainsi dans sa ville natale qu’il avait quittée plein de haine et d’incompréhension, David offre un point d’entrée dans l’histoire auquel on peut s’identifier à un certain degré. Comme lui, on aimerait que quelqu’un prenne la parole et reconnaisse une sorte de responsabilité aussi légère qu’elle puisse être. Sa frustration est plus que communicative et aide à élever le propos de la série. Il pose les questions que personne ne désire entendre et les silences qu’il affronte en disent alors plus que de véritables réponses.

Des silences, il y en a beaucoup dans Southcliffe, c’est d’ailleurs un argument majeur pour Tony Grisoni qui semble vouloir lutter contre eux, tout en les utilisant pour faire de l’emphase et parler du deuil sans un mot. Les images prennent le relai et c’est là que la série se montre le plus abouti, car elle ne tombe pas dans le pathos et exprime la douleur au milieu de la monotonie des vies qui se poursuivent, et non dans le choc de celles qui s’arrêtent.

Au final, Southcliffe ne tente pas de livrer des réponses pour toutes les questions qu’elle pose, étant donné que son but n’était clairement pas là. Cela ne l’empêche pas de se terminer en laissant l’impression d’avoir parfaitement exprimé tout ce qu’elle avait à dire. Jamais manipulative, mais toujours pertinente, cette mini-série fait indéniablement partie de celles qui ne laissent pas insensibles et qui méritent simplement d’être regardées et d’être discutées.

Ce bilan de Southcliffe fut publié une première fois il y a un an et demi et est aujourd’hui remis en avant à l’occasion de la sortie de série en DVD.