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What Remains : No 8 Coulthard Street (série complète)

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À quelques jours de sa retraite, le détective Len Harper enquête sur la mort d’une femme dont le corps a été retrouvé dans le grenier de la maison deux ans après son décès. Comment la disparition de cette dernière a-t-elle pu passer inaperçue durant tout ce temps ? Cette question va hanter l’enquêteur, déterminé à découvrir ce qui lui est arrivé.

Créateur de la série Inside Men,  Tony Basgallop nous entraine avec What Remains au cœur du No 8 Coulthard Street, une maison victorienne, séparée en plusieurs appartements et habitée par des gens en apparence heureux, menant tranquillement leur existence. Le scénariste est décidé à gratter le vernis à la surface pour y exposer une communauté rongée de l’intérieur par ses propres dérives psychologiques.

À l’origine, il y a la mort de Melissa, une femme en surpoids que l’on apprendra par miettes à découvrir tout au long des 4 épisodes. Elle est arrivée dans l’immeuble lorsque sa mère était malade et a donc hérité de son appartement. Quand son corps est retrouvé deux ans plus tard, une question se pose : comment peut-on disparaitre sans que personne ne s’en rende compte ?

Pour soutenir sa question, Basgallop met en scène Len Harper, un enquêteur compétent incarné avec brio par David Threlfall (Shameless). Avec sa retraite au tournant et son frère mourant à l’hôpital, il est frappé de plein fouet par ce qui est arrivé à Melissa ; il s’interroge ainsi autant sur la communauté qui vit au sein de cette demeure que sur sa place dans la société. Défini par ses attaches professionnelles et personnelles, que resterait-il de son existence s’il venait à décéder ? Qu’a donc laissé Melissa derrière elle, outre son corps au grenier ?

Tout est là pour s’interroger sur l’isolement qui peut tous nous ronger. Le sentiment est exacerbé non par l’enquête, mais par l’approfondissement des vies des habitants du 8 Coulthard Street. What Remains s’éloigne de la formule policière pour privilégier une recherche plus poussée sur la cause même de la solitude – soit l’être humain en personne. Nous sommes ainsi proche physiquement, mais éloigné les uns des autres sur un plan émotionnel.

Il faut peu de temps pour que l’ensemble se montre oppressant, se dirigeant d’ailleurs avec une allure certaine vers le glauque pour certains personnages. En apparence, nous avons un groupe tout à fait banal qui vit sous ce toit : un jeune couple qui attend son premier enfant ; deux lesbiennes qui ont un business ensemble ; le journaliste divorcé qui se reconstruit une vie ; le vieux professeur de mathématiques ronchon et solitaire. Ils ne sont pas tous sympathiques, même au premier abord, mais si on ne regarde pas de trop près, il n’y a rien d’anormal.

C’est peut-être là où Basgallop va quelque peu s’égarer, car, à force que les épisodes passent, les doutes se font nombreux. La solitude parait une bien meilleure option que d’être proches de tous ces gens. Si Melissa ne se révèle jamais complètement, au point qu’il est difficile de totalement connecter à sa situation, les habitants de l’immeuble seront exposés dans leurs pires travers.  Les problèmes d’alcoolisme, des relations abusives, les problèmes psychologiques… on ne peut pas dire que le créateur y soit allé avec le dos de la cuillère, loin de là !

Dès lors, What Remains va au-delà de sa question initiale pour se tourner vers ce qui ronge les résidents : le passé, responsable de ce qu’ils sont devenus. Le poids de ce dernier finit par véritablement peser sur la vie des personnages, les démons qui les hantent encore et qu’ils n’ont pas réussi à surmonter, appuyant avec force sur la difficulté à aller de l’avant. Melissa est alors un catalyseur et si elle a beau avoir été seule, c’est elle qui les connecte les uns aux autres et pousse alors à regarder de plus près pour vraiment découvrir qui sont réellement ces gens et c’est rarement optimiste.

What Remains demande donc déjà au point de départ d’embrasser l’idée qu’un tel groupe de personnes puisse se retrouver sous le même toit pour laisser apparaitre autant d’amertume et de haine. Les acteurs (parmi lesquels on trouve David Bamber, Steven Mackintosh, Russell Tovey et Indira Varma) donnent vie à des êtres complexes qui aident à adhérer complètement à cela et à plonger dans la noirceur qui habite à leurs côtés.

Cependant, si les questions soulevées par les 4 épisodes pouvaient entrainer une réflexion intelligente et pertinente malgré certaines ficelles ou abus, la chute de la série vient presque tout détruire sur son passage ; elle se révèle des plus excessives alors que le sujet aurait mérité une conclusion sobre et moins sanguinolente. Après tout ce qui avait été accompli, c’est donc une sacrée déception de terminer sur une note si peu adéquate.