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Séries American Gods : Les Dieux sont parmi nous (Pilote)

American Gods : Les Dieux sont parmi nous (Pilote)

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american gods saison 1 episode 1 - American Gods : Les Dieux sont parmi nous (Pilote)

Thomas s’est rendu  à la 8e édition du Festival Séries Mania où il a eu l’opportunité de visionner le pilote d’American Gods. Publié à cette occasion sur le site, sa critique est remise en avant avec le lancement de la série sur Starz (et Amazon Prime Video chez nous en US+24). American Gods sera par ailleurs critiqué à la semaine.

Retour aux affaires de Bryan Fuller après l’annulation d’Hannibal. Le scénariste s’attaque aujourd’hui à un classique de la littérature fantasy avec American Gods, le roman mythologico-rock de Neil Gaiman. Est-ce pour autant un changement de style après son passage chez le docteur Lecter ? Pour ceux qui en douteraient, n’ayez crainte, entrez, vous êtes bien chez Fuller.

Reconnaissable entre mille, la patte Fuller imprègne ce pilote dès le générique surstylisé qui embrasse le mauvais goût, les tons saturés et la musique hardcore au volume maximum. Passé cette première expérience plus ou moins agréable selon les niveaux de tolérance de chacun, nous voilà donc plongés dans la vie de Shadow Moon (Ricky Whittle de The 100), un homme sortant de prison qui vient de perdre sa femme et son meilleur ami. Dans l’avion qui le ramène chez lui, Shadow rencontre Mr Wednesday (Ian McShane), un vieillard étrange et loufoque qui lui propose un travail de chauffeur/homme de main. Refusant l’offre, Shadow n’a qu’un seul objectif pour l’instant : retourner auprès de la dépouille de sa femme. Le road trip qui s’annonce lui colle cependant Mr Wednesday aux basques (ou l’inverse, on ne sait plus) et un paquet d’emmerdes à venir. Ce grand gaillard découvre très vite qu’il entre contre son gré dans quelque chose qui le dépasse et qui prend déjà une tournure apocalyptique.

Vous avez lu le roman ? Vous ne serez pas perdu. Le pilote reprend l’ouverture du livre, modernise son propos à l’ère du web 2.0, des réseaux sociaux et de la technologie mobile, mais conserve l’essence du récit. Vous n’avez pas lu le bouquin ? Vous serez bel et bien perdu, mais ne vous en faites pas, c’est intentionnel. L’épisode se livre peu et tout comme Shadow, prend les choses comme elles viennent. Et comme le bizarre et l’étrange semblent être les nouveaux mots d’ordre, tout ceci a bien pour objectif de vous tirer vers les tréfonds du monde. Leprechauns bodybuildés et bagarreurs, prostituées mangeuses (ou plutôt avaleuses) d’hommes, cubes « transformers » remplis d’automates eux aussi bagarreurs… la liste des freaks qui peuplent l’épisode est longue et la normalité auquel aspire Shadow pour sa sortie de prison semble être déjà loin. À peine comprend-on à l’issue de cet épisode que des dieux vivent parmi nous.

La volonté de ce pilote est donc d’imprégner la rétine par son univers unique et sa réalisation musclée, outrancière et gore (quelques hectolitres de sang coulent), mais qui n’oublie pas l’onirisme et ne sacrifie pas la lisibilité du récit et des évènements à venir. Sans comprendre ce qui lui arrive, Shadow observe beaucoup, agit un peu (pour mettre des patates) et tente d’assembler les pièces du puzzle. En épousant au plus près les pensées de son héros perdu, l’épisode se révèle intrigant et assez excitant pour plonger encore un peu dans l’univers de Gaiman et Fuller.

Les réactions divergentes à la sortie de la présentation en avant-première mondiale au public de Series Mania laissent deviner qu’American Gods peut vite cliver. Les allergiques au maniérisme de la mise en scène vont rapidement avoir la nausée, la surenchère visuelle n’étant visiblement pas une limite pour Bryan Fuller. Les autres, prêts à s’embarquer dans une aventure bigger than life, devraient en prendre pour leurs mirettes et leurs méninges dans un show surchargé en mythologie, ésotérisme et créatures d’un autre monde.

American Gods promet donc beaucoup, donne peu, mais c’est son intention, et surtout intrigue au plus haut point, quitte à perdre ses potentiels disciples rapidement. Il faudra faire preuve d’encore un peu de foi pour croire en ces dieux.