Après moult péripéties en coulisses — et pas de showrunner attitré pour la saison —, American Gods fait son retour sur le petit écran deux ans après la conclusion de la première saison. Pas de doute que celle-ci fut définie par le style de Bryan Fuller et Michael Green, alors à la tête de la série. Cependant, un différend financier entre eux et Starz (une histoire de millions, en gros) aura mis un terme à cette collaboration.
Jesse Alexander — co-scénariste de cet épisode de reprise avec l’auteur Neil Gaiman — a été choisi pour prendre leur place, mais sera à son tour éjecté. Quid de qui se trouvait réellement à la tête de cette saison 2 d’American Gods au final ? Surtout, quelle vision au final l’équipe a-t-elle réussie à donner cette salve d’épisodes malgré le remue-ménage en coulisses ?
Pour le découvrir, nous voilà donc devant la saison 2 d’American Gods (disponible chez nous sur Amazon Prime Video). Avec quelques dialogues expéditifs, on nous explique l’absence de Media et Easter (Gillian Anderson et Kristin Chenoweth n’étant pas de retour) et on nous lance officiellement dans une guerre entre anciens et nouveaux Dieux.
La nature de Wednesday révélé à la fin de la première saison, ne plus jouer du secret est libérateur dans certaines limites. Le savoir évite de multiplier les sous-entendus et d’alourdir le propos, mais cela nous expose aussi la situation des déités au grand jour et un soupçon de magie disparait en même temps. Rien que Ian McShane ne pourrait pas vendre, la présence d’Odin étant toujours écrasante comme il se doit.
Le but de cette reprise est néanmoins de nous plonger dans une guerre et de mieux positionner certains Dieux dans le récit, destiné à jouer un plus large rôle dans cette histoire. Bliquis nous expose son adaptabilité au nom de la survie, plaçant ainsi Odin en un vieux Dieu qui s’accroche un peu trop au passé. C’est une simplification du propos même qui oppose les différents Dieux, et qui se doit par nature d’être bien plus complexe. Le genre de raccourcis qu’il est préférable de ne pas faire lorsqu’il est question de Mr. Wednesday, un Dieu aux multiples talents — dont celui de jouer aux marionnettistes ou d’orchestrer les évènements comme il le veut. Reste que les choses se doivent d’être simples pour que le conflit émerge.
Au milieu des Dieux se trouve toujours Shadow Moon, un brin enivré par la découverte que les Dieux existent vraiment et par ce dont il est témoin à House on The Rock, attraction touristique et temple moderne dans le Wisconsin. C’est au cours de cette visite que les scénaristes cherchent à replacer autant que possible les enjeux et les personnages, en affirmant également que le style qui fut défini au cours de la saison 1 n’allait pas complètement disparaitre. Moins féerique, mais aussi moins ostentatoire, l’identité visuelle d’American Gods est là, juste moins prononcée au sein de cet épisode qui donne sûrement le ton pour la suite. On peut en dire de même avec la musique, bien présente avec quelques effets sonores pour bien faire, mais moins imposante qu’elle put l’être précédemment.
Dans tous les cas, le garde du corps de Mr. Wednesday était plutôt passif au cours de la première saison, avant tout témoin de ce qui se déroulait que véritable acteur. Une forme d’émancipation émerge, ne serait-ce que par cette volonté de pointer du doigt qu’il n’appartient plus à Laura, mais à Wednesday maintenant. Si Shadow Moon ne contrôle toujours pas grand-chose, il apparait plus investi dans les évènements et cela aide à ce qu’il ne reste pas dans l’ombre de ceux qui l’entourent.
Cette saison 2 d’American Gods reprend ainsi avec un épisode qui n’a pas trop de souci à sacrifier de la subtilité pour se remettre en selle et replacer les enjeux le plus vite possible pour assurer que l’on replonge vite dans le récit. Sans créer l’enivrement, l’envie de faire un petit tour sur le manège se ressent et c’est l’essentiel.