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Séries American Gods : Munin (2.03)

American Gods : Munin (2.03)

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american gods saison 2 episode 3 - American Gods : Munin (2.03)

American Gods se construit autour de la notion que le chemin le plus rapide pour arriver à destination n’est pas forcément le plus pertinent. Au contraire. Pour arriver à destination, emprunter la route la plus longue peut être ce qu’il faut.

American Gods est alors une histoire de Dieux, une histoire de l’Amérique et les deux se rencontrent dans le voyage initiatique de Shadow Moon. Ce dernier ignore ce qu’il fait là, mais plus qu’il est à la recherche de questions pour comprendre et trouver la paix. Après le déraillement du train — laissé derrière par Laura (contre sa volonté), Wednesday et Mad Sweeney —, Shadow prend la route vers Cairo. C’est ainsi qu’il fait la connaissance d’une jeune fille, Sam Black Crow, qui va le conduire à destination. Il en découle une balade en voiture aux allures presque anecdotique, mais également introspective pour Shadow.

La séance de torture et l’accident a ébranlé Shadow, autant physiquement que psychologiquement. Il est quasi-impossible d’éviter que ce dernier se pose des questions, mais cela ne signifie pas que les réponses vont arriver lorsqu’il le demande. C’est une spécialité de Wednesday de ne pas être purement explicite et de manipuler les gens qui l’entourent pour obtenir ce qu’il veut, quand il le veut. C’est aussi un bon moyen pour les scénaristes de contrôler le flux d’informations, même s’il nait toujours des frustrations autour d’un tel procédé. On sait qu’on ne va pas avoir des explications tant que cela ne sera pas le moment jugé adéquat. C’est parfois poussif, mais pas gênant tant que ce qui est autour divertit ou le justifie.

Présentement, c’est Laura Moon qui apprend à ses dépens ce que cela signifie de s’opposer à Odin, ou de croire qu’elle peut obtenir ce qu’elle veut dans les conditions qu’elle voudrait. Non pas qu’elle ne sache pas à quel point Wednesday manipule les autres, mais on pourrait dire que, comme Shadow, elle n’a pas pleinement conscience de qui elle est et de ce qu’elle veut pour pouvoir résister et ne pas se faire avoir.

Les scénaristes d’American Gods brisent ainsi la routine qui fut installée avec Laura Moon pour la placer dans une situation où elle est loin d’avoir le dessus. L’épisode permet d’interroger sur le rôle de Laura dans cette histoire, celui qu’elle s’est attribuée, ses véritables motivations pour agir et sa relation avec Shadow, en évolution. Détacher Laura de Shadow est sans aucun doute un bon moyen d’explorer le personnage et de lui fournir du nouveau matériel.

Cet épisode d’American Gods multiplie les métaphores sur les alliances et les sacrifices, les liens qui se tissent et se défont pour les Dieux et les humains alors que l’on nous présente Argus, Dieu de la surveillance, celui qui voit tout, mais qui peut être trompé. Avec l’introduction de New Media (et comme le signifie intelligemment Techno Boy, en quoi est-ce une amélioration ?, bonne question), la connexion et le savoir qui en découle comptent, mais n’a pas beaucoup de valeur si on ne sait pas comment exploiter les données que l’on possède. C’est ce que fait mieux que quiconque Wednesday.

Laura aurait peut-être dès lors dû suivre Mad Sweeney, notre leprechaun préféré partant de son côté pour la Nouvelle-Orléans dans le but d’y voir Baron. Les personnages d’American Gods se retrouvent et s’éparpillent assez rapidement, pour nous emmener dans des directions où les anciennes et nouvelles croyances se rencontrent plus souvent qu’on pourrait l’imaginer.

Pas de doute que Wednesday mène donc la danse au sein de cet épisode d’American Gods, même si une forme d’inconnu est maintenue pour empêcher de saisir pleinement le jeu que joue Wednesday. Le but est alors d’affirmer la notion de voyage entrepris, surtout avec Shadow, mais également avec Laura ou encore Mad Sweeney, qui empruntent des chemins qui les entrainent dans des directions qu’ils n’ont pas forcément choisies, mais qu’ils suivent. Avec cet épisode, American Gods nous rappelle que c’est ce voyage-là qu’elle nous a invité à faire, un où l’on ne sait pas exactement où l’on va, mais qui attire inexorablement.

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