Aller au contenu
Séries En saison 3, Angel est devenue encore plus prenante et plus sombre

En saison 3, Angel est devenue encore plus prenante et plus sombre

  • par
  • 5 min read

Angel Saison 3 - En saison 3, Angel est devenue encore plus prenante et plus sombre

En développant une mythologie plus imposante, la saison 2 d’Angel a prouvé qu’elle pouvait se construire en dehors d’un schéma figé, ce que cette nouvelle saison va pleinement embrasser. Cette troisième fournée d’épisodes abandonnera dès lors presque totalement la formule à la semaine pour donner corps à une intrigue aux enjeux plus intimes et importants que jamais pour le vampire et ses amis.

Alors qu’Angel (David Boreanaz) se remet de la mort de Buffy – vite ressuscitée – et que Fred (Amy Acker) tente de s’acclimater à son retour dans sa dimension natale, le début de saison se présente comme une reconstruction de personnages brisés par les événements d’une vie liée au sacrifice de soi. Si les scénaristes adoptent ce point de départ, c’est pour se focaliser sur l’équipe et les liens d’entraide et d’amitié qui se tissent autour de ces deux figures avec Fred comme « mission » de sauvetage.

Après d’âpres débats internes sur son utilité au sein d’Angel Investigations, la jeune femme choisit de rester et faire partie intégrante de cette famille ressoudée. Amy Acker excelle en offrant à Fred toute la profondeur et la candeur qui viendra la caractériser. Elle devient un atout indéniable à la série qui avait bien besoin d’un autre personnage féminin aux côtés de Cordelia (Charisma Carpenter).

La notion de famille sera centrale à cette saison 3 dès que Darla (Julie Benz) réapparait. Elle n’avait pas terminé son histoire et revient avec une surprise de taille : elle est enceinte d’Angel. Cette conception surnaturelle lance alors le premier arc de la saison où le vampire va devoir combattre pour accepter la situation et défendre le bébé à venir face à Wolfram & Hart qui voudrait le récupérer. Tous les protagonistes se focalisent ainsi sur cet unique but qui nous emmènera jusqu’à la mi-saison.

Cette première partie de saison matérialise plus que jamais le besoin d’Angel d’avoir une famille. Que ce soit celle choisie ou celle qui s’impose à lui, elles convergent en lui pour lui donner une motivation pour continuer à se battre. Les scénaristes utilisent ce fil rouge au milieu de quelques cas à la semaine pour poser lentement les pierres d’une histoire qui va prendre une ampleur plus importante quand le bébé naîtra. Point nodal de la saison et de la série, la naissance de Connor – qui verra Darla se sacrifier pour lui – amorce dès lors une intrigue qui construira le reste de la saison et la dépassera même.

Un antagoniste de taille surgit alors du passé d’Angel pour mettre en péril ce qui lui est cher. Daniel Holtz (Keith Szarabajka), un chasseur de vampires dont la famille a été tuée par Angelus, revient se venger. Les différents éléments de l’histoire se positionnent de manière judicieuse, montrant en parallèle le (bref) sentiment de bonheur d’Angel en famille et la construction d’une petite armée par Holtz pour renverser son ennemi.

Si Holtz se révèle un adversaire de taille, ce n’est pas foncièrement pour sa connexion avec Angel dont on explore un peu plus le passé pour mieux souligner le présent. C’est surtout pour la façon dont il met à exécution son plan, entraînant dans son sillage des humains qu’il manipule psychologiquement, allant même jusqu’à manœuvrer la trahison de Wesley (Alexis Denisof). Ce dernier, en découvrant une (fausse) prophétie annonçant le meurtre de Connor par Angel – enlève le bébé pour le sauver. Véritable point de bascule de la saison, cet événement élance le récit dans des directions tragiques véritablement prenantes.

La montée graduelle des enjeux se fait alors par la minutieuse mise en place d’une partie d’échecs où les camps se multiplient avec comme principal objectif ce nouveau-né hors-norme. L’intrigue sera pourtant chamboulée une nouvelle fois quand Wesley se fera trancher la gorge et que Connor sera enlevé dans une autre dimension par Holtz sous les yeux d’Angel et de Lilah (Stephanie Romanov). Le statu quo n’est plus une option et le récit ne fera que prendre en ampleur jusqu’à la fin.

Le retour d’un Connor adolescent (Vincent Kartheiser) quelques épisodes après avoir été kidnappé enfant nous entraîne alors dans une histoire de vengeance œdipienne jouant magnifiquement de l’ambiguïté entre la nécessité d’une figure de père, celle d’une structure familiale et l’impossibilité d’une normalité à cause du monde démoniaque dans lequel la série prend place. Connor ne peut que grandir déséquilibré et Angel, impuissant, voit se réaliser un futur qu’il voulait épargner à son fils.

La chute détruit en écho le sentiment de famille que ses débuts avaient construit. Angel termine donc sa troisième saison sur un constat d’échec aux antipodes de la précédente. En adoptant une structure plus axée sur la mythologie, les scénaristes ont réussi à faire monter crescendo les enjeux pour leur donner une portée encore plus dramatique. Ce choix narratif porte clairement ses fruits, épousant pleinement la noirceur que la série avait en elle et poussant ses personnages aux confins du désespoir lorsque s’annonce la saison 4.

Naturellement, l’intégrale d’Angel est disponible en DVD.

Étiquettes: