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Séries Atypical Saison 3 : L’heure du changement

Atypical Saison 3 : L’heure du changement

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atypical saison 3 - Atypical Saison 3 : L'heure du changement

Après deux saisons plus que convaincantes, Atypical revient sur Netflix pour nous faire vivre la prochaine grande étape de la vie d’adulte de Sam (Keir Gilchrist) : son entrée à l’université. Le jeune homme ayant un trouble du spectre de l’autisme va devoir surmonter de nouvelles épreuves et, parmi elles, se faire des amis, découvrir le sens du mot « dilemme » et apprendre à lâcher prise. Tout un programme !

Sam n’est pas le seul à tout remettre en question. Ces dix nouveaux épisodes sont également l’occasion d’explorer en profondeur les états d’âme de sa sœur Casey (Brigette Lundy-Paine), aussi à une période charnière de sa vie, de ses parents (Jennifer Jason Leigh et Michael Rapaport) en pleine crise de couple et de ses amis, chacun en proie aux doutes. La saison est probablement la plus ambitieuse de la série, ce qui lui vaut de beaux moments riches en émotions, mais avec quelques maladresses.

Un autiste à la fac

La grande force d’Atypical depuis ses débuts est sa représentation honnête et sans détour de la situation des autistes dans le système, aussi bien scolaire que social. La saison commence avec une statistique : 4 personnes sur le spectre autiste sur 5 échouent à la fac. Au lieu de s’apitoyer sur ce chiffre ou de faire de Sam l’exception qui réussit, les scénaristes préfèrent mettre en avant les aménagements existants et proposent des options (associations, sensibilisation, assistant scolaire…) pour rendre l’univers universitaire plus flexible.

Le cadre de la faculté est la principale nouveauté de la saison, jusque-là très ancrée dans des décors familiers. Les parallèles entre les enjeux des cours et la vie quotidienne de Sam fonctionnent bien et paraissent très fluides. Il est d’ailleurs constamment sorti de sa zone de confort par ses incroyables enseignants, la prof cynique au grand cœur interprétée par Sara Gilbert (Roseanne) et l’artiste loufoque sous les traits du génial Eric McCormack (Will & Grace, Travelers). Dommage finalement que leur temps d’écran soit si réduit.

La différence, c’est l’affaire de tous

L’entrée dans la vie d’adulte est difficile, et chacun y laisse quelques plumes. S’il ne devait en rester qu’un, voici le message de la saison. Les études ne sont pas pour tout le monde, Paige (Jenna Boyd), brillante élève au lycée, y a essuyé son premier véritable échec, tandis qu’Evan (Graham Rogers) sait déjà qu’il ne s’y épanouira pas.

Le jeune homme, essentiellement caractérisé dans les deux premières saisons à travers sa relation avec Casey, s’impose comme le personnage le plus touchant cette année. Alors qu’il était inutile, voire agaçant, il devient intéressant et met enfin en avant de vraies opinions. Dommage collatéral des remises en question de Casey, on ne peut qu’admirer son comportement exemplaire tout au long de la saison. Dans une moindre mesure, on peut également faire ce constat avec Zahid (Nik Dodani) qui dépasse son rôle d’acolyte rigolo.

À l’inverse, les questionnements de Casey sur ses sentiments et son orientation sexuelle ne sont pas tout à fait à la hauteur des promesses de la fin de la dernière saison. Si la transition est difficile, elle prend trop de temps pour une saison si courte. Le sujet s’avère néanmoins traité avec finesse et pudeur dans les derniers épisodes ; une réussite frileuse, mais réussite tout de même.

Un tournant plutôt maîtrisé

À la manière de son héros qui va de l’avant, Atypical marque avec sa troisième saison une rupture avec le passé en accumulant les choix scénaristiques à risque. Certains fonctionnent mieux que d’autres, les histoires de couple des parents de Sam et Casey qui traînent en longueur depuis 3 ans commencent notamment à lasser. A contrario, l’exploration de la dynamique parent-enfant à travers les Gardner, mais également la famille d’Evan ou d’Izzie (Fivel Stewart) est réellement bien menée.

Ces petits couacs et la volonté d’être sur tous les fronts créent quelques déséquilibres et problèmes de rythme, essentiellement dans les premiers épisodes. Plus linéaire, moins imaginative sur le fond, on se fait moins surprendre par cette saison un peu ronronnante, mais étonnamment toujours aussi charmante. Atypical a du cœur et une énergie qui fait qu’elle peut se le permettre, pour l’instant.

Gros changement cette année, Atypical embrasse son côté sitcom en mettant en avant davantage de scènes purement comiques et décalées. Cela ne l’empêche pas d’être parallèlement encore plus engagée dans la cause de l’autisme et plus généralement du handicap invisible. C’est une nouvelle fois dans les détails et dans les dialogues que la série brille le plus et expose sa compréhension fine des enjeux de son sujet.


Si cette troisième saison n’est pas la plus régulière et globalement réussie qu’Atypical ait délivrée jusque-là, elle regorge d’idées, maîtrise ses personnages sur le bout des doigts et tente de se renouveler. Drôle, émouvante, bienveillante et haute en couleur, cette série est un hymne à la tolérance et à la bonne humeur à consommer sans modération un week-end pluvieux.

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