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Séries Au service de la France saison 2 : Y’a pot ! (sur Arte)

Au service de la France saison 2 : Y’a pot ! (sur Arte)

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au service de la france saison 2 - Au service de la France saison 2 : Y'a pot ! (sur Arte)

Patriarcaux, colonialistes, bureaucrates, sexistes et bien d’autres, revoici le meilleur de nos agents secrets Au service de la France ! Dans la France de 1961, Le « Service » continue de bafouer les règles du bon sens, de mettre le monde (déjà bien en branle) en vrac et d’afficher sa vision pour le moins restreinte du prestige à la Française. Aux manettes de ces douze nouveaux épisodes, nous trouvons toujours Jean-François Halin (la saga OSS 117) accompagné de Claire Lemaréchal et Jean-Yves Yerlès, qui signent l’intégralité des scénarios, rejoint par Alexis Charrier à la réalisation.

Merlaux, un héros (un peu trop) solitaire

Nous avions quitté Merlaux (Hugo Becker) mort et enterré pour ses collègues. Fini la naïveté du stagiaire, André se glisse cette saison dans le rôle de l’agent double qui refait surface au moment opportun pour semer la panique chez le Colonel Mercaillon et faire tanguer son monde, aussi bien professionnel que personnel. La recherche de vérité sur ses parents, abordée en saison 1, est le fil conducteur du personnage. Mercaillon jetant le trouble sur cette quête, André va être poussé à prendre seul des initiatives. C’est d’ailleurs l’une des limites de la saison. En tant que stagiaire, Merlaux était intégré au Service et devenait le bras droit des trois agents titulaires. Le choc des générations et des cultures faisait le sel de la saison 1. Ici, André étant très isolé du reste des protagonistes jusqu’au dernier tiers de la saison et pas toujours embarqué sur des pistes narratives très judicieuses — on oubliera vite la tentative de faire revivre l’idylle avec Sophie, complètement inutile —, quelques épisodes paraissent plus longs et moins engageants que d’autres.

Au service de la Farce

Qu’à cela ne tienne, heureusement que, au sein du service, nos agents sont restés les mêmes. Phallocrates au possible, ignares et méprisants, Jacquard, Moulinier et Calot sont les valeurs sûres d’Au service de la France. Avec eux, la comédie prend de l’ampleur. L’Histoire est on ne peut plus malmenée (la crise des missiles de Cuba, la création de l’OAS en Algérie, les tensions croissantes entre USA et URSS, on dit merci qui ?) et les agents, sûrs de leur bon droit, font ce qu’ils veulent, partout, tout le temps. La série fait feu de tout bois diplomatique et géopolitique pour servir la France du rire…
Parmi nos trois espions, Calot (Jean-Édouard Bodziak), affecté à la zone soviétique, est celui qui triomphe. Déjà esquissé en première saison, son potentiel comique explose littéralement ici, sa personnalité monomaniaque à la limite de la pathologie se démarquant clairement de ses collègues et de l’univers bigarré et foutraque de la série. Mais ce qui le rend encore plus intéressant, c’est sa finesse et son intelligence, qui le différencie des deux idiots qui l’accompagnent. Il semble être le seul agent du Service à comprendre les enjeux du monde, ce qui permet à la série de continuer à offrir une relecture historique correcte et de raconter l’époque avec une certaine acuité, notamment l’émancipation féminine.

Vous les femmes…

On notera donc, avec certaines limites narratives cependant, que les femmes sont plus mises en avant. Si l’absence de Clayborne se fait un peu ressentir, la valorisation de Marie-Jo est un vrai atout pour la saison. Malgré une évolution un poil trop rapide, le personnage fait des merveilles, à mi-chemin entre la secrétaire qu’elle était et l’espionne qu’elle est en train de devenir. Symbole d’un mouvement féministe naissant, Marie-Jo (Marie-Julie Baup) est sans doute, avec Calot le personnage le plus attachant de cette seconde saison. On regrettera plus l’effacement de Sophie Mercaillon, incarnation d’une jeunesse qui ne s’en laisse plus compter, qui disparaît peu à peu de la saison pour des raisons légèrement obscures. Idem, Martine Mercaillon prend de l’importance, mais son traitement, intéressant par ailleurs et qui donne quelques belles séquences (notamment un superbe hommage à Jacques Demy), ne sert que trop rarement le propos et la cohérence de l’ensemble.

Cette saison s’éparpille donc un peu plus, multiplie les pistes narratives pour en laisser tomber certaines de manière abrupte. En résulte une saison moins cohérente, plus légère et moins compacte dans son déroulé que la première. Il n’empêche, défenseurs de tous les humours, fans de punchlines démentes et de situations outrancières, Au service de la France reste dans l’élite mondiale de la vanne. Ajouter à cela une réalisation plus poussée et une direction artistique incroyable et vous trouverez tout ce qu’il faut pour organiser un pot et célébrer cette deuxième saison. À condition d’avoir rempli les bons formulaires, évidemment.


Au service de la France estdisponible en DVD et Blu-ray et VOD sur arte.tv.