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Séries Charles II : Le pouvoir et la passion

Charles II : Le pouvoir et la passion

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Il faut l’approbation du Parlement. Plus que jamais, cette phrase résonne en Angleterre. Plus d’un bras de fer a été mené avec cette institution législative, et le roi Charles II occupe une place importante dans l’histoire à ce sujet.

Mini-série BBC One de 2003, Charles II : Le pouvoir et la passion (disponible maintenant en France en DVD) revient sur le règne de ce monarque qui fut traumatisé par l’exécution de son père Charles Ier en 1649. Au total, le scénariste Adrian Hodges retrace 27 ans d’histoire au cours de 4 heures, marquée par la Restauration, l’Incendie de Londres, les traités secrets avec la France, des divisions religieuses, de nombreuses maitresses et un conflit notable avec le Parlement.

La Vie privée de Charles II

Si la mini-série commence sur l’exil du roi et instaure la dynamique religieuse, l’accent est d’abord porté sur sa vie privée. La passion est donc ce qui domine pendant les deux premières heures, avec en toile de fond les dissensions politiques qui se développent.

C’est ainsi que l’on se retrouve avec un récit qui menace de s’embourber dans une approche très soap opera avec sa représentation des relations entre Charles (Rufus Sewell) et ses maitresses, la plus importante et plus manipulatrice d’entre toutes étant Barbara Villiers. Si sous les traits d’Helen McCrory, Barbara se révèle être une femme délicieusement intelligente, la narration tend à créer un sentiment de fatigue face aux dilemmes sentimentaux du roi.

Pour compenser, sa relation avec sa femme Catherine of Braganza (Shirley Henderson) — qui possède sûrement la plus légendaire des coiffures ! – évolue d’un rapport conflictuel à une tendre affection, autant qu’il était au moins possible.

Religion et Parlement

Irrité d’être traité comme un enfant, Charles II va finir par reprendre le contrôle et c’est ainsi que l’on entre dans la seconde partie de l’œuvre, tourné vers le pouvoir — et plus précisément sa confrontation avec le Parlement.

Une bataille pour qui détenait les rênes du pouvoir en Angleterre, le roi ou le gouvernement, le tout mené par l’idéologie politique où l’Angleterre est réticente à voir un Roi Catholique sur le trône. Sans fils légitime, le successeur de Charles II n’est autre que son frère, l’impopulaire catholique James (Charlie Creed-Miles). Le Parlement souhaite alors que Charles place son fils illégitime sur le trône, un protestant.

De là découle une confrontation exposant l’intolérance religieuse, interrogeant sur les propres croyances du roi, et décryptant le pouvoir. C’est ici que l’on trouve la plus grande réussite de Charles II qui met en scène avec fluidité un conflit politique et religieux qui n’est jamais simple et délivre les éléments clés pour saisir cette période historique.

Une exécution vieillissante pour une période fascinante

Mini-série qui a maintenant plus de 15 ans, certains choix artistiques se ressentent en plus d’une image vieillissante qui expose aussi de manière visible un certain manque de moyens financiers. Les décors dans Charles II sont limités, les extérieurs rares et le réalisateur Joe Wright (Orgueils et Préjugés, Reviens-moi) utilise plus que de raison les plans serrés — pour cacher la misère. Les gros plans évitent dès lors que l’on note de trop près le peu de figurants ou que l’on s’arrête sur les costumes qui sont néanmoins assez réussis pour la plupart. Ce n’est donc pas ce qu’il y a de plus engageant, encore plus lorsque l’on passe un peu trop de temps dans les chambres, au lieu de discuter politique.

Si une histoire si riche est naturellement desservie par ce qui était à l’évidence un budget limité, Rufus Sewell est un parfait Charles II, que ce soit dans son comportement parfois puéril à sa prise de pouvoir et l’affirmation de ses convictions pour son royaume. Il révèle progressivement un roi façonné par la guerre civile et qui percevait avec acuité ce qui se jouait durant son règne — et où cela était destiné à conduire le pays.


Charles II est une mini-série souffre donc d’un manque de budget, mais aussi d’une première partie un peu longuette. Si on peut passer outre, Charles II se révèle dans une seconde partie qui dépeint une période de l’histoire britannique unique en son genre et qui a aisément de quoi fasciner, le tout porté par un superbe Rufus Sewell.