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Childhood’s End : Une histoire trop ambitieuse pour une adaptation qui ne prend pas assez de risques

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Déjà publié en janvier 2016, cet article est aujourd’hui remis en avant à l’occasion du début de la diffusion sur SyFy France de Childhood’s End, Le Enfants d’Icare ce vendredi 16 décembre 2016.

En voulant porter à l’écran Childhood’s End, on peut dire que Syfy et le scénariste Matthew Graham avaient pour ambition de grimper l’Everest par mauvais temps et pas forcément avec tout le matériel adéquat pour relever le défi. On ne pourra alors certainement pas leur reprocher un enthousiasme certain et une volonté de bien faire. Le résultat en lui-même par contre se révèle plus discutable…

Publié en 1953, Childhood’s End est un roman de science-fiction d’Arthur C. Clarke connu sous le titre Les enfants d’Icare en France qui commence avec l’arrivée des extra-terrestres sur Terre. Baptisés les Overlords (Suzerains chez nous), ils arrivent pour apporter leur aide. C’est ainsi que Karellen (Charles Dance) est introduit comme le représentant de sa race, le Superviseur de la Terre en charge d’aider à entrainer les changements qui permettent de mettre un terme aux guerres, aux maladies et à la famine dans le monde. Cela conduit l’espèce humaine vers un âge d’or, mais reste de nombreuses questions autour de ces extra-terrestres qui refusent de révéler leur apparence. Pourquoi ne se montrent-ils pas et quelles sont réellement leurs intentions ?

Découpé en trois parties, le roman couvre une longue période temporelle au sein de laquelle les personnages sont avant tout au service de l’intrigue et des thématiques qui y sont développées. C’était peut-être le plus difficile pour le scénariste Matthew Graham qui décide alors d’effectuer des modifications notables sur le récit pour son portage à l’écran.

La minisérie Childhood’s End se déroule sur une période bien plus courte et suit un certain nombre de protagonistes d’un bout à l’autre des six épisodes – ou des trois parties qui la composent, comme le veut le découpage. Du coup, Graham cherche par tous les moyens possibles à rester attaché au matériel d’origine tout en s’y éloignant plus que nécessaire dans une volonté d’étoffer certains protagonistes.

On pourrait aller jusqu’à dire que le scénariste veut humaniser les personnages, pousser à une connexion émotionnelle en ajoutant une couche de drame. Ricky Stormgren (Mike Vogel) qui sert de contact entre humains et Overlords, est transformé pour les besoins de l’adaptation en un fermier qui a perdu sa femme – il est Secrétaire général des Nations unies dans le roman. Si explorer sur une période différente sa relation avec Karellen trouve une place logique dans le récit, la mise en scène autour de son épouse décédée cherche surtout à susciter des émotions qui nous éloignent des thématiques les plus percutantes.

En gros, ce genre de choix – comme l’intégration de la croyante Perretta (Yael Stone) – existe pour mettre l’accent sur un angle plus humain, dirons-nous, pour mieux illustrer ce qui définit d’une manière ou d’une autre ce que nous sommes. Le problème est que les principales questions soulevées dans Childhood’s End sont posées alors à la va-vite et régulièrement survolées au profit de développement qui n’ont en vérité qu’un impact moindre (voire complètement inexistant) sur l’histoire dans sa globalité.

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Le mystère autour de l’apparence des Overlords ne prend jamais les proportions qu’il devrait par manque de temps et d’espace – le personnage incarné par Colm Meaney étant presque trop anecdotique. Une fois celui-ci révélé (à la fin de la première partie), le phénomène ne cesse de se reproduire à cause d’une ligne temporelle trop raccourcie qui empêche de mesurer les changements effectués par les Overlords sur Terre. La paix est là, mais la manière dont cela a affecté l’art et les sciences est avant tout dite et non montrée. L’évolution des enfants tombe presque comme un cheveu sur la soupe, nous entrainant vers une version plus inspirée par le Village des Damnés que par le concept établi dans le roman.

L’intrigue est alors étriquée, un problème qui aurait pu être en partie compensé par la réalisation si cette dernière ne s’était pas révélée si conventionnelle. Derrière la caméra, Nick Hurran ne fait pas vraiment d’efforts, se contentant au mieux de profiter de certains décors, mais sans chercher à mettre en valeur ses acteurs ou le contexte. C’est d’une étrange platitude alors même que se jouent des évènements de taille et la dimension émotionnelle en paie aussi le prix. C’est encore plus dommageable dans la dernière partie, déjà affaibli par les raccourcies scénaristiques ; elle ne possède pas quelques plans à couper le souffle pour créer la vague émotionnelle à la fois conflictuelle et poétique qu’il est censé émerger dans les ultimes instants.

Au bout du compte, on peut avant tout célébrer l’initiative d’avoir cherché à porter à l’écran Childhood’s End, le roman d’Arthur C. Clarke représentant un défi de taille qui n’aura pas été finalement relevé comme il se devait ici. Ce qui a été rajouté se révèle étrangement encombrant et inutile et on peut regretter que le message final de l’œuvre ne se ressente pas vraiment.