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Séries Crazy Ex-Girlfriend saison 3 : La tragédie de Rebecca Bunch

Crazy Ex-Girlfriend saison 3 : La tragédie de Rebecca Bunch

crazy ex girlfriend saison 3 - Crazy Ex-Girlfriend saison 3 : La tragédie de Rebecca Bunch

Après une première saison qui a créé la surprise et une deuxième qui a confirmé, Crazy Ex-Girlfriend a fait le pari de redistribuer ses cartes dans une saison 3 moins facile à appréhender et plus engagée. Il aura donc fallu deux ans pour amener en douceur les véritables enjeux de la série que sont les troubles mentaux.

Abandonnée au pied de l’autel par Josh (Vincent Rodriguez III), Rebecca (Rachel Bloom) touche le fond et embrasse ce qui était jusque-là une folie douce, mais qui cache évidemment quelque chose de bien plus profond. Ses proches désemparés assistent impuissants à ce triste spectacle et tentent parallèlement de reprendre leurs vies en main. Plus sombre tout en restant déjantée, Crazy Ex-Girlfriend glisse vers la tragi-comédie et gère parfaitement la transition.

Une saison ambitieuse et réussie

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette saison de 13 épisodes est extrêmement dense. Sans spoiler plus que nécessaire, on assiste à un véritable parcours initiatique pour une majorité des personnages. De fait, des péripéties lourdes de sens s’accumulent et se croisent, tout en gardant une lisibilité exemplaire.

L’univers de la série s’affirme également et l’équipe scénaristique continue son travail admirable de dénonciation — que dis-je de démolition ! – des stéréotypes. Jusqu’ici attachée à pointer du doigt le cliché de la femme parfaite, aussi bien à travers Rebecca que Paula (Donna Lynne Champlin) ou Valencia (Gabrielle Ruiz), cette saison 3 étend son champ de tir aux injonctions dont sont victimes les hommes. L’image du mâle virile, au physique ciselé, propre sur lui et macho en prend un sacré coup, et c’est vraiment excellent.

On peut tout de même déplorer le fait que la saison est très déconstruite, particulièrement sur sa seconde moitié. Cela donne lieu à un regrettable ventre mou, et certains personnages semblent un peu passer à la trappe. Les pièces du puzzle se recoupent et s’assemblent dans le dernier épisode, invitant à un second visionnage qui permettrait de mieux comprendre rétrospectivement certains choix scénaristiques.

Une réflexion acerbe autour du changement

Que cela soit les publicités, les magazines ou les fictions, tout autour de nous incite constamment au changement — quel qu’il soit — et crient haut et fort que tout est possible si la motivation y est. La réalité est bien moins réjouissante, et Crazy Ex-Girlfriend nous rappelle assez froidement que changer est difficile et, dans les faits, plutôt rare.

Rebecca semble bloquée dans une spirale destructrice, malgré ses belles promesses qui s’entassent depuis trois ans. Cette saison joue habilement sur les symétries et les redondances pour faire passer son message. Les scénarios, les chansons, mais aussi la mise en scène nous rappellent avec insistance que le cycle se répète encore et toujours, et que notre héroïne ne peut s’empêcher de retomber dans ses travers.

Crazy Ex-Girlfriend se veut réaliste, mais pas fataliste. Le changement n’est pas impossible, et ce sont les personnages secondaires qui l’illustrent le mieux. Paula remet de l’ordre dans sa vie, tandis que Darryl (Pete Gardner) met ses projets de bébé à exécution. Nathaniel (Scott Michael Foster), excellent ajout de la saison passée, a également gagné sa place dans le cœur des fans en s’ouvrant et en gagnant en maturité. Voir Rebecca stagner au milieu de cette agitation globale est alors d’autant plus difficile.

Dur retour à la réalité

Cette saison encore, on rit à gorge déployée devant certaines chansons et les dialogues cinglants décochent souvent des sourires. Néanmoins, le sentiment persistant après un épisode de Crazy-Ex Girlfriend est très ambivalent. L’histoire qui nous est racontée est réellement brutale. C’est un appel à l’aide permanent d’une jeune femme au bord du gouffre que personne n’entend, puisque personne ne comprend.

Au plus mal, Rebecca apprend qu’elle est atteinte du trouble de la personnalité borderline. Mettre un mot sur son mal-être est aussi nécessaire que difficile, comme elle le dit si bien : « Ce n’est pas quelque chose que j’ai, c’est quelque chose que je suis. » Malgré ça, Rebecca reste en décalage total avec son environnement, et continue d’être perçue comme manipulatrice, égocentrique et impulsive. Elle n’en est pas moins une bonne personne, toujours convaincue d’agir dans le bon sens et qui essaie très fort de s’améliorer.

Comme un ami bienveillant, Crazy Ex-Girlfriend essaie de nous dire que, dans la vie, on est désespérément seul. Pourtant, ce n’est pas grave. Il faut juste le savoir, faire avec, prendre du recul et rire de tout ce que l’on peut parce qu’au final, ce n’est pas très important.


Crazy Ex-Girlfriend nous laisse sur une fin de saison quasi-parfaite qui assoit une nouvelle fois la qualité indiscutable de la série et sonne la fin d’un arc pour Rebecca. Ces dernières minutes ouvertes se suffisent à elles-mêmes et seraient une conclusion satisfaisante pour la série si la CW faisait l’erreur de ne pas la renouveler.

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