Buffy avait de la chance en tant qu’élue de bénéficier de la présence d’un observateur pour la guider et l’entrainer dans la chasse aux vampires et démons. Ce n’est pas le cas d’Amy dans Crazyhead qui est en fait sous traitement pour lutter contre ce qu’elle pense être des hallucinations. Sauf que ce n’est pas le cas.
Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’Amy pense que Raquel (Susan Wokoma) – qui possède le même don qu’elle – est tout simplement folle, ce n’est pas comme si elle se considérait comme une personne stable. Découvrir que les démons existent est donc la première étape, la seconde étant de l’accepter et la troisième étant de commencer à découvrir comment tout cela fonctionne.
Nouvelle création d’Howard Overman – à qui l’on doit Misfits –, Crazyhead se construit sur une notion de clash. Celui de la réalité d’Amy qui se brise lorsqu’elle rencontre Raquel et découvre que les démons existent. Celui d’un monde ordinaire où l’on peut donc y croiser des créatures qui ne le sont pas. Celui de ses deux têtes d’affiches, l’une étant réservée et l’autre étant bien plus délurée et incontrôlable.
Un peu d’attitude, des personnages avec un sens de la répartie ou la langue bien pendue et des situations plus ou moins improbables définissent ce premier épisode de Crazyhead et sans aucun doute la suite..
Si l’épisode s’ouvre sur un improbable exorcisme, la suite est là pour nous expliciter comment Raquel et Amy en sont arrivées là, à coup de poursuite dans un bowling, d’accident de voiture et quelques coups assenés par-ci par-là. Le tout entre deux répliques assurant la comédie.
Les règles de cet univers nous sont alors rapidement exposés – ou disons plutôt qu’à l’image d’Amy, on découvre comment cela fonctionne lorsque l’on y est confronté. Les premiers éléments mythologiques sont posés, avec entre autre Tony Curran (Defiance) à la tête des démons qui a des plans pour les siens et cherche donc à éliminer ceux qui se trouvent sur sa route.
En tant que créateur et scénariste, Howard Overman n’est pas de nature présomptueuse et embrasse toujours son sujet avec une affection particulièrement palpable. Il injecte de l’attitude et crée des situations incongrues pour mieux confronter ses personnages à leur réalité. Il choisit juste d’aborder ce qui pourrait être traité avec beaucoup de sérieux sur un ton léger.
Cela n’empêche quelques notes émotionnelles de pointer le bout de leur nez, surtout lorsqu’il est question de traiter les défaillances psychologiques de ses personnages. Les démons sont bien logiquement plus que ceux qui en veulent à Amy et Raquel. Avoir la possibilité de voir ce que les autres les ont clairement toutes les deux chamboulés sur un plan affectif et relationnel qui n’est pas ignoré. Cela les rend en vérité rapidement attachantes.
À l’arrivée, Crazyhead nous introduit à deux héroïnes improbables ayant de nombreux obstacles à surmonter, entre démons abstraits et concrets, avec un certain panache. Le but est d’offrir du fun et c’est bien que ce qu’on obtient.