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Dawson : 20 ans et pas une ride ?

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Dawsons Creek Saison 1 - Dawson : 20 ans et pas une ride ?

Le 20 janvier 1998, la défunte The WB lançait Dawson’s Creek, une nouvelle série créée par Kevin Williamson (Scream, Vampire Diaries). Pour beaucoup, elle appartient à une époque révolue, celle durant laquelle on ne découvrait les séries américaines que lors de leurs diffusions françaises sur nos écrans cathodiques, sans possibilité de les regarder en replay.

En quelques lignes j’ai — peut-être — déjà réveillé en vous une certaine pointe de nostalgie, et je dois bien vous l’avouer que, quand j’ai commencé à écrire cet article, des bribes de souvenirs me sont revenues, telle la madeleine de Proust. Mais une fois que l’on dépasse ce stade empreint de mélancolie, qu’est-ce que l’on garde de Dawson ? La série vaut-elle toujours le coup 20 ans après ? En clair, Dawson, c’est intemporel ou sérieusement vieillot ?

Il faut bien avouer que revoir Dawson aujourd’hui, c’est prendre conscience que la mode est en perpétuelle mutation. On tique en voyant certains looks dits « tendance » et l’on se demande pourquoi Dawson (James Van Der Beek) ne porte pas un pull à sa taille. Mais au-delà de cet aspect purement vestimentaire, la série est désormais vintage, on parle de louer une VHS, on écoute les tubes de Paula Cole, Sarah McLachlan et R.E.M. Mais on s’attarde ici sur du formel qui ne dit rien du fond de la série de Kevin Williamson.

Car dans le fond Dawson reste encore aujourd’hui une série pertinente. En ancrant leur récit dans la classe moyenne américaine, les scénaristes permettent aux spectateurs de mieux s’identifier (contrairement a des séries comme Gossip Girl, Beverly Hills ou Newport Beach). Les personnages se retrouvent confrontés à des situations semblables aux nôtres, les relations conflictuelles avec les parents, les premières histoires d’amour et leurs déceptions, les doutes quant à son futur et essayer de se définir soi-même.

Au cœur de toutes ses thématiques, Dawson explore avant tout le rapport ambigu entre réalité et rêve. Le protagoniste de la série est passionné par le cinéma. D’ailleurs, le show de Kevin Williamson est peuplé de références visuelles ou narratives au 7e art. L’ensemble des personnages regardent des films et ils parlent des films, en réalisent. Ce qui fait qu’ils baignent dans un monde presque fictionnel ou tous les questionnements autour de l’existence trouve une réponse dans un film de Spielberg (dont Dawson est un fan inconditionnel).

Dawsons Creek Saison 6 - Dawson : 20 ans et pas une ride ?

En s’enfermant dans cette passion pour le cinéma, les personnages et peut-être avant tout Dawson rejettent la réalité qui va pourtant prendre la forme de la jeune Jen (incarnée par Michelle Williams). C’est elle qui est une incarnation de l’âge adulte, elle qui a dû grandir trop vite et va venir bousculer le quotidien des personnages. À travers ce refus d’avancer, de se confronter à la « vraie » vie, Dawson explore une période de transition ou l’adolescent se rêve adulte, mais se veut éternellement adolescent.

Comme un prolongement de la thématique réalité/rêve, Dawson était aussi une série parlant de sexe (et également d’amour). De manière schématique on pourrait dire que le show de Kevin Williamson était à propos de deux choses : le cinéma et le sexe.

Le sexe incarne, comme le 7e art, des fantasmes et des angoisses. Il concrétise l’impossible retour en arrière pour Jen, une sorte d’obsession pour Pacey (Joshua Jackson) qui en a également peur, et, évidemment, l’idéalisation ultime d’un amour vu comme fusionnel pour Dawson et Joey (Katie Holmes) — même si, à ces débuts, Dawson ne comprend pas l’importance que prend le sexe dans la vie puisque Spielberg ne met jamais de scène de sexe dans ses films.

Le propos de la série sur la sexualité est cependant très intéressant, même si tous les personnages sont prêts physiquement, ils n’y sont pas émotionnellement préparés. Au fur et à mesure, les scénaristes vont nous montrer ces personnages qui vont perdre leurs virginités. Mais, si l’acte ne semble jamais se résumer à lui-même, il entraîne un sentiment de perte d’innocence. La vision de la sexualité dans Dawson est bien plus nuancée que dans la plupart des teen shows, car elle n’est jamais évidente, elle en montre le plaisir, mais aussi les conséquences que cela entraîne.

Dans le sillage de la sexualité, la série a était en avance sur certains points, puisqu’elle est la première série de network à avoir montré un baiser entre deux hommes avec Jack Mcphee (Kerr Smith). Si l’on peut regretter que la série ne se soit jamais attardée par la suite sur son approche de la sexualité entre hommes, Dawson a tout de même permis de mettre en avant un personnage à la recherche de qui il est — devant s’assumer avec parfois de la douleur, mais aussi de l’optimisme donnant ainsi un portrait juste et beau de l’homosexualité.

Enfin, Dawson demeure un exemple d’écriture. Il faut avouer que bien souvent on rit devant la maturité des propos de personnage étant âgé d’une quinzaine d’années, mais cela permet aussi à la série de se montrer plus intemporel. En regardant Dawson aujourd’hui, on ne tique pas en se disant que les dialogues sont terriblement naïfs, au contraire, les scénaristes parviennent à faire débattre ses personnages avec des répliques souvent intelligentes et nappées de quelques réflexions philosophiques.

Alors au bout du compte, 20 ans après, Dawson vaut indéniablement toujours le coup, que vous soyez en pleine adolescence ou adulte, que vous l’ayez déjà vu ou jamais vu. La série de Kevin Williamson est assez riche, cohérente et intelligente pour demeurer comme l’une des grandes fictions de la chaîne The WB.