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Séries Dirty John Saison 1 : L’homme pas du tout parfait (sur TF1)

Dirty John Saison 1 : L’homme pas du tout parfait (sur TF1)

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dirty john serie - Dirty John Saison 1 : L’homme pas du tout parfait (sur TF1)

Basée sur le podcast du même nom, Dirty John est une série anthologique créée par Alexandra Cunningham dont la première saison a été diffusée sur Bravo en 2018. Chaque saison revient sur une histoire vraie, la première étant consacrée à celle de Debbie Newell qui a choisi elle-même de transformer son expérience en un avertissement pour toutes les femmes qui recherchent l’amour comme elle et deviennent ainsi des proies pour des hommes comme John.

Dans cette saison 1 de Dirty John, Debbie Newell (Connie Britton) est une designer accomplie et mère de deux enfants qui est toujours à la recherche de l’homme idéal après 4 mariages. En somme, Debbie a le succès, sauf dans sa vie sentimentale.

Sous le soleil de Californie, à Orange County, c’est via internet que Debbie fait la connaissance de John Meehan (Eric Bana), et va se laisser séduire par cet homme qui dit tout ce qu’il faut quand il faut, ou presque. Lorsque ce n’est pas le cas, il sait exactement quoi dire pour se faire pardonner. Malgré les avertissements de sa fille ainée, l’inimitable Veronica (Juno Temple), l’histoire de John et Debbie va vite progresser. Très vite. Et elle va s’effondrer aussi vite. Très vite.

Les 8 épisodes composant cette saison de Dirty John nous retracent ainsi cette relation, de la rencontre entre John et Debbie à sa tragique conclusion qui nous est annoncée dès le début avec une scène à l’hôpital. Le mystère est en grande partie maintenu sur qui se trouve en danger pour toutes personnes n’ayant rien lu (ou écouté) sur cette histoire.

Si l’aspect « histoire vraie » participe à l’immersion et à créer une forme de fascination pour ce qui passe dans Dirty John, l’équipe créative développe son intrigue en cherchant avant tout à expliciter comment une telle histoire peut voir le jour.

Ainsi, chaque épisode nous aide à mieux comprendre Debbie Newell et son besoin inexorable d’avoir un homme dans sa vie, d’être une femme modèle qui ne peut être accomplie tant qu’elle ne prend pas soin d’un mari. Incarnée par Connie Britton, Debbie est une femme qui est aussi intelligente qu’impressionnable. Le portrait et l’interprétation se chargent d’éviter toutes formes de jugement. De son histoire familiale déjà marquée par une terrible tragédie à son éducation religieuse, Debbie ne parvient pas à voir les signes chez John que sa fille Veronica note dès qu’elle le voit.

Dirty John offre une place de choix à la famille, nous montrant ainsi comment un schéma peut se répéter de génération en génération. Car si Veronica est une jeune femme de caractère qui refuse de se laisser marcher sur les pieds, les trois autres femmes de la famille se ressemblent. Pour comprendre Debbie, il suffit de se pencher sur sa mère Arlane (impeccable Jean Smart) au même titre qu’il suffit de connaitre Debbie pour savoir d’où vient sa plus jeune fille Terra (Julia Garner) — faisant de Veronica l’exception à la règle.

Si on ne peut passer outre que Debbie a pris des décisions spontanées et particulièrement stupide et dangereuse à force que l’on avance dans l’histoire, le récit se charge de nous expliquer avec intelligence comment elle a pu faire ses choix. Et de nous signifier également qu’elle est loin d’être un cas isolé, bien au contraire.

En parallèle, Eric Bana donne vie à John Meehan. En plus de former un couple des plus crédibles avec sa partenaire à l’écran, l’acteur excelle à laisser subtilement transparaitre ce qui ne va pas chez John sans que cela n’inquiète pour mieux nous illustrer comment il piège ses victimes. En apparence charmant, intelligent et attentionné, on voit ressortir le comportement de l’abuseur, partie la plus visible de l’iceberg. De même, la série explore son passé qui aide à saisir comment il est devenu l’homme qu’il est, ce monstre que l’on apprend à détester plus que de raison. Car John est juste un psychopathe, le genre de personnes qui donne la nausée et Eric Bana assure à merveille à le rendre effrayant, jouant autant de son physique que du regard pour faire passer le message.

Plus qu’une histoire qui tourne mal, Dirty John nous montre un cercle vicieux qui ne cesse de se répéter avec le rôle de la famille, celui des forces de l’ordre et d’un système judiciaire qui n’a su agir ou protéger ses victimes — malgré des efforts notables de la part de certains de ses membres à aider autant que possible. Elle illustre le comportement abusif d’un homme et les angoisses de ses victimes. Elle nous montre des personnes bien attentionnées mises à terre par un manipulateur hors pair. Elle s’arrête sur une femme qui n’a pu se résoudre à voir les signes et qui était prête à voir sa famille se briser, en dépit d’un passif déjà compliqué dans le domaine. Elle met également en avant les personnalités variées et fortes de ces femmes qui survivent à John.

Si les récits de faits divers ont le vent en poupe, Dirty John exploite à bon escient le sien. Ce qui aurait pu être juste un peu de sensationnalisme se transforme en une série analytique et entrainante sur le comportement humain. Dirty John nous relate ainsi une romance qui évolue pour devenir un enchainement de secrets, de mensonges et au final, de violence. Une romance qui devient une histoire de survie  possédant tout ce qu’il faut pour pousser à réfléchir sur ce que l’on sait d’une personne avant de s’engager.


La première saison de Dirty John est diffusée à partir de ce 1er juin sur TF1 à 21h05 (avec trois épisodes). La seconde saison consacrée à Betty Broderick est par ailleurs disponible sur Netflix.