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Séries Doctor Who : Croque-Mitaine (10.10)

Doctor Who : Croque-Mitaine (10.10)

doctor who saison 10 episode 10 - Doctor Who : Croque-Mitaine (10.10)

Le Docteur, Bill et Nardole visitent l’Écosse du 2e siècle pour découvrir ce qui est arrivé à la neuvième légion romaine, disparue sans laisser de traces.

Voilà maintenant plusieurs semaines que Doctor Who semblait incapable de remonter la pente qualitative et c’est sûrement pour cette raison que ce dixième épisode, de par son étrangeté et son classicisme assumé, apparaît comme une bouffée d’air frais. Clairement, les points négatifs qui tirent cette saison vers le bas sont toujours présents, en particulier ce sentiment qu’il n’y a eu que peu de réflexion derrière le positionnement des épisodes. Après tout, The Eaters Of Light semble ne pas du tout être à sa place en fin de saison et aurait sûrement eu plus d’impact s’il avait été présenté bien plus tôt.

La raison derrière cela est que les réflexions permettant à Bill de s’affirmer n’ont que peu de sens après tant de temps passé auprès du Docteur. Doit-on vraiment croire qu’elle ne se rend compte que maintenant de la capacité de traduction du TARDIS ? Surtout après avoir été confronté à l’anglais parfait d’une race extraterrestre sur Mars. En soi, cela ne pourrait être qu’un détail, mais étant donné que les décisions de Bill découlent de cette découverte, il est impossible de ne pas y voir une incohérence.

Ce qui est dommage, car ce genre de maladresse détourne l’attention des bons points qui agrémentent l’épisode. Rona Munro, plus connue pour avoir écrit le dernier épisode de la série originale avec le Septième Docteur (Sylvester McCoy), délivre un scénario qui, loin d’être novateur, fonctionne grâce à son appropriation des thématiques passées et surtout sa mise en avant des personnages secondaires. L’idée d’utiliser un véritable débat historique (la neuvième légion romaine a vraiment existé et son sort est encore débattu par les historiens) se révèle être un choix payant malgré les similitudes que l’épisode possède avec d’anciennes aventures.

L’ensemble n’est pas forcément complètement convaincant, en partie à cause d’une menace bien trop en retrait pour faire monter les enjeux, mais la sensibilité qui est injectée dans les échanges entre Bill et les légionnaires ou le Docteur et les Pictes permet d’avoir les fondations pour que l’impact émotionnel de la conclusion puisse fonctionner. On notera d’ailleurs la très plaisante remise à sa place du Docteur par tous les partis impliqués, tant son orgueil est devenu un gimmick agaçant qu’il serait tant de laisser de côté.

Au-delà de cela, il apparaît clair que la véritable ambition de Moffat est de capitaliser sur le mystère autour de la rédemption de Missy (Michelle Gomez). Le problème est que les fils conducteurs sont dégrossis avec un tel manque de finesse que l’intérêt décroît au fur et à mesure des décisions douteuses du Docteur. L’investissement que l’on nous demande d’avoir pour cette histoire est bien trop important pour le peu d’informations données et si avancer dans l’obscurité pourrait être un bon point, l’incapacité à anticiper quoi que soit en termes de direction narrative est plus frustrant que satisfaisant. D’autant plus quand on connaît la propension de Moffat à créer des retournements de situations alambiqués pour prendre par surprise.

Finalement, The Eaters Of Light souffre quelque peu des mêmes erreurs que les semaines précédentes, mais délivre au moins un divertissement honnête. La position de l’épisode dans la saison ne fonctionne pas forcément en sa faveur, surtout juste après Empress Of Mars, car les deux histoires possèdent des similitudes indéniables qui tendent à être répétitives. Cependant, le retour de Rona Munro sur la série et le regard qu’elle apporte donne envie que plus de scénaristes de la première heure viennent gonfler les rangs de l’équipe créative.