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Séries Doctor Who : Aliens, le retour (11.05)

Doctor Who : Aliens, le retour (11.05)

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Doctor Who Saison 11 Episode 5 - Doctor Who : Aliens, le retour (11.05)

Cette nouvelle ère de Doctor Who, portée avec simplicité par Chris Chibnall et Jodie Whittaker jusqu’ici, fait face à de multiples défis : redonner confiance dans la capacité de série à être un divertissement de qualité, profond et pédagogique (comme ce fut le cas avec Rosa) ; et maintenir un équilibre entre tous ces éléments et installer un nouveau Doctor. Depuis son retour, elle réussit tout cela dans une certaine mesure, mais semble toujours vouloir nous prouver qu’elle mérite d’exister. Le remake d’Alien qui nous occupe cette semaine le fait à nouveau, à ses risques et périls.

Le Tsuranga, sorte de Croix-Rouge de l’espace, recueille la Doctor et son équipe après que celle-ci se soit fait exploser par une mine sonique. Ils les soignent très vite, mais le vaisseau spatial va rapidement se retrouver pris dans une attaque alien. Le point de départ aurait mérité un peu plus d’exposition pour ne pas paraître totalement accessoire, mais on fait avec.

C’est peut-être la première aventure depuis le début de la saison qui ne comporte pas de vrais enjeux pour les personnages ou un message à délivrer et, de ce fait, doit prouver que la série peut être à nouveau viable dans le divertissement pur. Pour cela, Chibnall choisit un espace clos, toujours propice à rendre le danger sensible, et des seconds couteaux dispensables, mais avec un background suffisamment exploité pour que leur sort nous tienne un minimum à cœur.

Cela passe dans un premier temps par une mise en retrait de Graham, Yaz et Ryan. Bien que nous en apprenons toujours un peu plus sur eux et sur leurs relations, ils servent uniquement d’accessoires au bon déroulé du schéma narratif convenu, mais efficace, de la menace immédiate. La Doctor se retrouve alors à interagir avec l’équipage soignant, notamment Astos (Brett Goldstein) qui, en quelques minutes de présence, a une dynamique appréciable avec notre Time Lord.

Ils se retrouvent tous à lutter contre P’Ting, une créature qui mange l’énergie du vaisseau morceau par morceau. Les effets spéciaux, réussis, nous montrent également où se trouve l’identité visuelle de cette ère dans l’histoire de Doctor Who, quelque part entre le kitsch de Ten et l’esthétisme d’Eleven. De son côté, l’écriture est suffisamment bien dosée pour nous captiver pendant les cinquante minutes de l’épisode, en particulier grâce à une Doctor plus en charge que précédemment. Si ce n’est pas toujours parfait, notamment par une prévisibilité peut-être logique après onze ans auprès du Doctor, les dialogues rattrapent cela, Jodie Whittaker étant désormais à l’aise avec son personnage et ce qu’elle veut faire passer.

Il est alors dommage de ne pas exploiter tous les éléments que l’intrigue met en scène. Le rôle de la colonelle Eve (Suzanne Packer) dans l’équation paraît superflu alors que sa réflexion autour de la mortalité aurait pu prendre plus de place. Celle de Mabli (Lois Chimimba), l’autre soignante, apporte peu à l’ensemble. On apprécie le comic relief que représente Yoss (Jack Shalloo), l’homme sur le point d’accoucher, et qui fait office de personne à protéger puisque statique. Au-delà de son aventure extrêmement divertissante, cet épisode aurait mérité un meilleur équilibre entre ses éléments.

Ce n’est pas que la série n’essaie pas, bien au contraire, et cela mérite d’être salué, notamment en termes de représentation. Le casting est d’une diversité notable et n’en fait pas nécessairement un argument, ce qui rend l’effort encore plus pertinent. Mais il serait peut-être désormais judicieux, à la mi-saison, de lancer quelque chose de plus ambitieux sur le plan narratif. Il ne faut pas obligatoirement revenir à un modèle que Steven Moffat a usé jusqu’à la corde — le feuilletonnant à outrance — mais nous donner une direction vers laquelle tendre, sans qu’elle se matérialise par un ennemi.

Nous avons là un épisode efficace de Doctor Who qui se regardera à nouveau avec plaisir, porté par un scénario solide et une Doctor qui tient le show. Mais il faudrait désormais nous fournir un peu plus pour se distinguer réellement et autrement que par son unique volonté de changement. Avec une saison de dix épisodes uniquement, les attentes sont fortes et la marge plutôt réduite.