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Séries Doctor Who Saison 12 Episode 1 : L’espionne qui venait d’ailleurs

Doctor Who Saison 12 Episode 1 : L’espionne qui venait d’ailleurs

Doctor Who Saison 12 Trailer BBC - Doctor Who Saison 12 Episode 1 : L'espionne qui venait d'ailleurs

Qu’arrive-t-il quand deux institutions culturelles britanniques se rencontrent ? Cela fait des étincelles. Doctor Who s’inspire donc pour l’ouverture de sa douzième saison d’un autre pilier du pays, à savoir James Bond. Ici, pas question de rencontrer le personnage créé par Ian Fleming, mais de revisiter le genre en plongeant The Doctor et ses compagnons au centre d’une crise mondiale.

Une étrange entité attaque les espions du monde entier et ses intentions obscures et létales inquiètent fortement le MI6 (dont son directeur est interprété par le truculent Stephen Fry), assez pour qu’il fasse appel au Doctor. Nous voilà en quelques minutes au cœur d’une course contre la montre pour deviner les intentions de ces ennemis de l’ombre. Décryptage des attaques contre les espions, costumes trois-pièces, course-poursuite en moto, en Tardis après un tour au casino, Doctor Who ne lésine pas sur les références au genre pour dérouler une histoire tendue et qui aurait pu facilement être bancale.

Il est peu dire que cette saison 12 est attendue par les fans. C’est moins par excitation que par appréhension quant à l’évolution de la série qui peinait à convaincre de la solidité de ses scénarios la saison dernière. La prestation de Jodie Whittaker a fait l’unanimité — et elle le confirme formidablement dans Spyfall — mais elle n’était pas soutenue par une écriture consistante de ses concepts.

Ouf ! Ce premier épisode vient balayer temporairement les doutes qui ont pu se créer. Si ce n’est pas encore parfait, l’écriture fait un bond qualitatif considérable en parvenant à exposer son récit avec efficacité et le déroulant ensuite en nous réservant quelques surprises plutôt bien senties. Ce récit d’espionnage sied tout à fait à la série et il est étrange, mais rafraîchissant qu’elle ait attendu si longtemps pour revisiter James Bond.

Là où elle livrait trop rapidement ses cartes pour tenter de faire vivre son équipe de choc, Doctor Who parvient ici à conserver une part de mystère qui n’est vraiment pas désagréable. Quand l’ennemi se révèle, la surprise n’est pas tant sur son identité que sur l’utilisation qui en est faite. Cela instaure une tension et des enjeux qui ne sont pas totalement clairs, mais qui méritent d’intriguer. Cela faisait longtemps que la série n’avait pas pris autant de risques quant à la compréhension de ce qui se passait pour balader son spectateur. Et la fin nous récompense fortement.

Outre une partition musicale bien plus entraînante signée John Barry, le gros point fort de la saison dernière revient aussi, à savoir sa réalisation. Sans ambages, elle souligne son histoire avec panache et n’hésite pas à multiplier les effets pour rendre son récit dynamique. Autant de bons points qui viennent alors compenser la fadeur des compagnons. Cela se ressent surtout quand on divise la Team Tardis. Individuellement, ils parviennent chacun à exister, à prendre les devants, autant pour l’action que pour la réflexion. Ils ne sont pas mauvais du tout. Mais dès que la Doctor parle, leur personnalité tend à être trop lisse pour rivaliser. En cela, la qualité de cette reprise souligne le fait que l’on peine à s’intéresser à eux maintenant que la thématique du deuil est passée et qu’il faut qu’ils s’inscrivent dans l’histoire de la série.

À mon sens, cela vient d’un problème plus général pour Doctor Who qui, après Steven Moffat et Eleven, a peur de se lancer à nouveau dans une mythologie trop poussée. Cela n’avait absolument pas réussi à Capaldi pendant ses trois saisons et en reprenant les rênes de la série, Chibnall a probablement peur de toucher au mythe. C’est pourtant ce qui a aussi donné les grandes heures de la série, quand Russell T. Davis et Moffat ont osé reprendre et bouleverser les codes établis. Il faut donc que le nouveau showrunner montre plus d’ambition, ce qui semble être le cas à la vue de ce cliffhanger qui est probablement parmi les plus surprenants de la série tant il apparaît de nulle part, mais fait totalement sens.

Il n’est pas étonnant que Doctor Who ne se soit pas frotté à son double en importance culturelle — qui lui aussi change souvent d’apparence — jusqu’ici, mais sa première incursion franche et assumée dans le genre de l’espionnage est une totale réussite. La saison s’ouvre avec efficacité et humour, réglant de nombreux problèmes tout en soulevant des nouveaux. Mais il ne faut pas bouder son plaisir, Spyfall était bien plus que ce que j’attendais pour un premier jour de l’année. Et ça, c’est la magie de Doctor Who.