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D’une vie à l’autre : l’explosion qui change tout

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dune vie a lautre from there to here - D’une vie à l’autre : l’explosion qui change tout

Mini-série de BBC One qui est diffusée ce soir sur Arte, D’une vie à l’autre (de son titre original From There to Here) propose de nous ramener dans les années 90 à Manchester. Plus précisément, tout commence le 15 juin 1996, alors que le Royaume-Uni s’apprête à disputer un match important de l’Euro de football. C’est aussi le jour où une bombe de l’IRA a explosé dans le centre-ville de Manchester.

Le scénariste Peter Bowker décide de revenir à ce moment précis pour nous raconter comment un évènement peut tout faire basculer du jour au lendemain. C’est le cas pour Daniel, incarné par Philip Glenister, qui se trouvait avec son père et son frère dans un pub lorsque la bombe a explosé.

Au point de départ, D’une vie à l’autre se présente comme un drame familial servant à mettre en valeur la ville de Manchester. Suite à sa rencontre avec Joanne, mère célibataire qui travaillait dans le pub touché par l’explosion, Daniel remet en cause toute son existence ; il se lance alors dans une double vie mettant en péril tout ce qu’il a construit jusque-là et bouleversant inexorablement aussi l’existence de ses proches.

Le récit qui en découle se révèle très vite comme une classique crise existentielle qui possède des proportions plus importantes dues à la nature de l’évènement qui l’a déclenché. Les interrogations de Daniel suivent un cheminement tout ce qu’il y a de plus basique, de son besoin de reconnecter avec ses origines à celui de se sentir de nouveau utile alors que ses enfants adultes lui donnent le sentiment d’être obsolète.

D’une vie à l’autre s’ancre dans une époque particulière, mais échoue à exploiter cet élément – à l’exception de Robbo, le frère de Daniel. N’importe quel explosion, ou autre évènement confrontant à la mort, aurait pu pousser Daniel à se laisser consumer pas ses doutes et insatisfactions, le poussant à rechercher loin de chez lui une autre forme de bonheur. Le contexte économique et politique de la ville, quoique bien explicité, n’ajoute jamais un champ de lecture supplémentaire au récit et, à certaines occasions, il alourdit même le propos. Si la bande originale et les gros téléphones et télévision rappellent constamment l’époque, ce ne sont que des accessoires qui aident à garder en mémoire à quelle période l’histoire se déroule. Celle-ci pourrait bien prendre place de nos jours sans que grand-chose ne soit altéré.

Peter Bowker passe donc plus ou moins à côté des particularités mêmes de son histoire, qui trouvait ses différences dans la période à laquelle il a souhaité la situer. Si D’une vie à l’autre échoue alors à se distinguer pleinement des autres drames familiaux de son genre, elle parvient tout de même à créer quelques portraits humains imparfaits, mais touchants. La relation conflictuelle entre Daniel et son père se révèle être un élément fondamental et participe à mieux comprendre les rapports qu’il entretient avec son frère et le reste de sa famille. Dans la peau de Joanne avec qui Daniel se construit une autre vie, Liz White rayonne et injecte une véritable dose d’émotions. Cette relation est l’une des plus travaillées de la série et il est presque dommage qu’elle se retrouve écartée dans le dernier acte.

Avec D’une vie à l’autre, Peter Bowker aura cherché à travers une histoire familiale à rendre hommage à Manchester. Seulement, il ne parvient pas vraiment à exploiter son contexte et les développements sociaux et politiques, les quelques notes d’humour et les matchs de football sont insuffisants pour que l’ensemble puisse se distinguer et prendre ses distances avec le traitement un peu trop classique de la crise existentielle qui est au cœur du récit.