Cet article couvre les 7 premiers épisodes de la saison 6 d’Elementary et contient des spoilers (principalement dans son avant-dernier paragraphe).
Au point de départ, Elementary a su apporter un regard frais et inattendu sur Sherlock Holmes (Jonny Lee Miller) et son univers, tout en entrant dans le moule d’un procedural drama de CBS. Le problème est que conserver cette fraicheur après plusieurs saisons est difficile.
On connait les codes, les challenges deviennent répétitifs et les enquêtes mécaniques. La saison 5 illustre parfaitement cela entre ses investigations oubliables et sa storyline centrée sur Shinwell Johnson (Nelsan Ellis), petit criminel inspiré par un personnage de Conan Doyle. Son intrigue apparaissait plus comme étant imposée qu’autre chose.
Il était temps de bousculer un peu ce qui fait fonctionner Elementary. Les scénaristes ont alors introduit un concept : et si Sherlock n’avait plus la santé ? Il s’est pris un coup sur la tête et rencontre maintenant des difficultés. Il dort trop, oublie des choses et a souvent des migraines.
Même si Sherlock Holmes est diminué, il reste un excellent détective, mais il est plus faillible que jamais.
Cela semble si pratique. Probablement parce que ça l’est. Le pire est que cela apparait aussi paresseux, parce que ce l’est également un peu. Notre héros est trop bon, pourquoi essayer d’être à la hauteur quand on peut le rendre moins bon ?
Après 5 saisons, Joan (Lucy Liu) est assez douée pour faire le travail sans son partenaire. Du moins, suffisamment pour coller les morceaux en son absence, parce qu’il faut qu’il se repose. La dynamique du show en pâtit, mais cela a le mérite d’offrir plus de place à Marcus (Jon Michael Hill) et au capitaine Gregson (Aidan Quinn), prouvant bien que l’équipe créative n’a jamais vraiment su comment faire cohabiter Sherlock avec son entourage. Il faut le mettre en retrait pour que les autres puissent enfin respirer.
C’est une bonne chose pour le reste du casting, mais c’en est une mauvaise pour la série, car cela ne fait qu’exposer toujours plus clairement les limites qu’Elementary n’a jamais pu dépasser. Certes, Sherlock Holmes est un personnage iconique et il est trop bon pour son propre bien, mais la série avait su jouer avec cela au point de départ. Le souci est qu’elle n’a pas changé au moment où cela est devenu problématique pour l’avenir du show.
C’est trop souvent le cas avec les séries qui suivent ce genre de formule, évoluer est contre-productif à un moment donné et nécessaire quand il est trop tard. Certains shows dépassent cela avec naturel — Person of Interest est une réussite qui prouve que cela est possible — alors que d’autres se laissent manger par la routine — trop de séries à citer pour illustrer ce cas.
Concrètement, Elementary cherche à rectifier le tir, mais n’a pas vraiment ciblé la source de son problème. Le fait que Sherlock est un si bon détective n’est pas la raison derrière le déclin créatif des récentes saisons. Le rendre moins performant ne va pas redynamiser les intrigues, car donner l’impression que c’est plus difficile n’enlève rien au fait que la résolution est éternellement la même. Sherlock et Watson exposent le tueur. C’est ce que le plus grand des détectives a toujours fait et cela ne va pas s’arrêter à cause d’un mal de tête. Bousculer la formule, changer de décors à l’occasion, introduire de nouvelles conjonctures, cela aurait pu aider…
Au moins, on peut saluer l’histoire de tueur en série que cette saison 6 d’Elementary nous offre. Elle ne fonctionne pas parce que Sherlock est malade, mais parce que le tueur est juste vraiment bon à couvrir ses traces. Il n’est peut-être pas Moriarty et il est malheureusement interprété par Desmond Harrington (Dexter), mais il surprend en ne laissant rien au hasard et en ayant des motivations qui sortent de l’ordinaire.
Au final, les scénaristes d’Elementary ont fait un choix peu intéressant en donnant à Sherlock une maladie qui est juste trop pratique et qui, en bout de course, ne bouscule pas assez la formule pour que la série retrouve une jeunesse.