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Séries Eli Stone (Série) : Et si George Michael était Dieu ?

Eli Stone (Série) : Et si George Michael était Dieu ?

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eli Stone jonny lee miller - Eli Stone (Série) : Et si George Michael était Dieu ?

PeakTV - Eli Stone (Série) : Et si George Michael était Dieu ? À l’ère du Peak TV, Critictoo se lance dans un challenge « 52 semaines, 52 séries » en proposant une fois par semaine un retour sur une série terminée.

Série atypique créée par Greg Berlanti et Marc Guggenheim en 2008, Eli Stone met en scène un avocat qui marche à sa manière dans les pas de Kevin Costner de Jusqu’au bout du rêve. Cependant, le personnage interprété par Jonny Lee Miller (quelques temps avant Elementary) n’a pas des visions de joueurs de baseball morts, mais voit du jour au lendemain George Michael chanter n’importe où.

Ces hallucinations sont le point de départ d’une longue série d’évènements qui vient bouleverser sa vie. Eli Stone est forcé de faire face à son rationalisme (est-ce que ce sont des visions envoyées de Dieu ?) et questionne sa santé (est-il gravement malade ?). Il met aussi en perspectives ses relations avec les autres, notamment avec sa fiancée, Taylor (Natasha Henstridge), son frère chirurgien Nathan (Matt Lestcher) ou encore son patron (Victor Garber). Eli Stone se place dès ses premiers épisodes comme une série surréaliste dont le décalage sert à une introspection sur le sens que doit prendre une vie, à l’instar d’Ally McBeal ou Pushing Daisies.

Il faut naturellement un cadre à l’exercice d’Eli et de ses hallucinations : le cabinet d’avocat. Chaque vision, suivant les épisodes, va venir modifier la perception des affaires que lui ou ses collègues défendent. Tout en cachant ce qui le pousse à agir, Eli tente d’interpréter au mieux ce qu’il voit pour son client. La première chose véritablement appréciable dans la série, c’est la construction de sa partie judiciaire, prédominante. Comme Elementary plus tard, Eli Stone se rythme par les dossiers du cabinet, mais toujours avec en ligne de mire une réflexion, un développement personnel. La structure du cabinet est là aussi pour justifier le fait que les visions d’Eli vont constamment impacter sa famille et ses amis, la plupart travaillant avec lui.

Personne ne le reconnaît depuis que ses hallucinations ont commencé et cela va être une ligne directrice pour la première saison principalement même si poursuivie dans la seconde. Comment peut-on changer ? Comment passer de ce requin qui ne veut pas de mal mais n’hésite pas à jouer des flous de la morale à cette personne qui cherche à provoquer le bonheur ? La série joue ici la carte de l’altruisme et de la bienveillance, ne craignant pas parfois de virer dans le manichéisme facile (les méchants avocats/les bons samaritains). Ce sont plus dans ses dilemmes qu’elle parvient à rendre cela captivant : foncièrement démocrate, elle met en avant des thématiques sensibles aux États-Unis – un révérend transgenre, le droit à mourir dans la dignité, l’avortement, etc. – sans les édulcorer. Tout ceci se retrouve intriqué dans le cheminement de notre protagoniste.

Eli Stone n’en oublie jamais l’étrangeté de ses prémisses. Ces visions sont le moyen pour Eli de se réconcilier avec son père décédé, sa fiancée ou son frère ; c’est aussi une opportunité pour bouleverser la vie des autres personnages et déclencher leur propre prise de conscience. Sans faire dans la leçon de morale, Eli va avoir un effet volontaire ou non sur ses proches, notamment son beau-père et patron, Jordan, démontrant que l’altruisme encourage l’altruisme, il faut juste le travailler.

Le point de départ de la série entraine également un questionnement religieux :  Eli est le prénom d’un prophète, ses visions sont un phénomène inexpliqué qui peut être vite interprété aux États-Unis, violemment partagé entre rationalisme scientifique et bigotisme. Cependant, l’équipe créative se serve de cet angle pour en extirper une mythologie qui permettra de développer un cadre moral sur lequel se battre et se placer. Eli peut-il devenir un samaritain ou est-ce tout juste la décence humaine ?

Au-delà de ça, Eli Stone est portée par une écriture fluide et rythmée, utilisant son côté procédural pour explorer son concept. La première saison joue la carte de l’étrange, du surréalisme de ce qui arrive au personnage. La seconde saison se recentre sur le judiciaire au service des seconds couteaux de la série, notamment un beau développement pour Taylor en dehors des stéréotypes. Cette dernière saison met également en lumière la puissance des duos de la série, ne tournant pas tous autour d’Eli et mettant en avant de belles et complexes relations amicales ou parent/enfant.

Enfin, la série est un écrin pour Jonny Lee Miller qui construit un magnifique personnage de télévision, tout en nuances. Son jeu sied parfaitement aux tiraillements de l’avocat, ne modifiant jamais le caractère d’Eli mais en lui faisant prendre de la profondeur au fur et à mesure qu’il évolue. Il est également à noter la myriade de guest stars qui vont venir peupler ces deux saisons, à commencer par de très beaux rôles pour Katie Holmes, Sigourney Weaver, Richard Schiff ou Katey Sagal.

Faisant appel à notre corde sensible, Eli Stone n’est jamais une série larmoyante mais sait tirer parti de sa forme pour alimenter son fond. Les questionnements des personnages deviennent les nôtres, même si nous n’entrons pas dans le cadre religieux. La partie judiciaire l’empêche de se transformer en une série évangéliste ou de développement personnel, sa partie spirituelle donne un coup de fouet au procédural qui le définit au départ. En bref, Eli Stone est une pépite oubliée.

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