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Evil : Que vaut la série démonique des créateurs de The Good Fight?

Evil Saison 1 Episode 5 1 - Evil : Que vaut la série démonique des créateurs de The Good Fight?

En plus de parler d’avocats et de politique dans The Good Fight, Michelle et Robert King se tournent cette saison vers la religion et le paranormal avec la nouvelle Evil.

L’histoire se centre sur Kristen Bouchard (Katja Herbers), une psychologue qui se joint à David (Mike Colter), un prêtre en formation, et Ben (Aasif Mandvi), un artisan/expert technicien pour enquêter sur de supposés miracles, possessions démoniaques et autres phénomènes non élucidés pour le compte de l’Église.

David est donc le croyant, Ben est le sceptique professionnel et Kristen tente malgré elle de créer un pont entre les deux. Du moins, elle est là pour apporter une perspective rationnelle qui emploie l’angle psychiatrique comme un point d’entrée pour mieux insinuer le doute.

Après quelques épisodes, il est difficile de savoir où les scénaristes veulent en venir avec Evil. La série parait chercher dans un premier temps à montrer comment les faits et la logique peuvent exposer ceux qui abusent des croyances des autres. Néanmoins, elles offrent dans chaque épisode assez de scènes embrassant ouvertement le paranormal pour que le doute n’ait pas de place. Dans son univers, il y a de véritables forces maléfiques (et Michael Emerson en est leur avatar).

Nous nous retrouvons avec une sorte de The X-Files à la sauce démoniaque. L’horreur est au rendez-vous, s’appuyant principalement sur des éléments assez classiques du genre — avec justement des références aux classiques — et les combinant avec une exploration de peurs liées aux dérives technologiques. Le tout est saupoudré de psychologie pour donner l’ensemble plus d’épaisseur.

Néanmoins, l’équipe créative parait souvent plus préoccupée par une envie de jouer avec les concepts qu’ils introduisent que par réellement creuser la partie psychologique que chaque épisode met en place pour semer le doute. Dans ce sens, David est employé pour vendre l’aspect religieux et il y croit tellement que, même quand on lui prouve que sa perspective est biaisée, il aborde un nouvel angle pour en sortir la tête haute. C’est attendu d’un tel personnage. Par contre, Kristen ne délivre pas le contre-pied adéquat pour que la série trouve un bon équilibre — Ben est pour le moment trop utilisé comme un accessoire pour avoir du poids dans le débat.

Evil veut opposer science et croyance, mais a déjà pris position et n’a clairement pas été développée pour proposer un réel débat. Il en résulte des twists qui apparaissent manipulateurs et des frayeurs trop manufacturées pour faire trembler.

Ainsi, dans ses premiers épisodes, la série prétend être ce qu’elle n’est pas destinée à devenir et trop d’énergie est consacrée à cela. Les affaires de la semaine sont dès lors superficielles et ne permettent vraiment que d’effleurer la surface des choses, remettant alors en question le format choisi au point de départ — l’approche feuilletonnante de The Exorcist a permis de délivrer une très intéressante exploration en profondeur du doute et de la religion dans un contexte presque similaire à celui d’Evil.

Il y a pourtant le potentiel pour faire plus que survoler des thématiques qui ne sont pour l’instant employées que pour apporter un alibi intellectuel à quelques twists posés sur une formule classique. La qualité de la production et du casting est suffisante pour donner le change et suggérer qu’il y aura plus à attendre de la série sur la durée — et nous aurons l’opportunité de revenir là-dessus, puisqu’elle a déjà été renouvelée pour une saison 2.

Pour le moment néanmoins, même s’il délivre un divertissement solide et bien produit, ce début de saison d’Evil a de quoi laisser dubitatif sur ce que la série cherche vraiment à raconter.