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Séries Feed The Beast : Un repas familier au menu (Pilote)

Feed The Beast : Un repas familier au menu (Pilote)

feed the beast saison 1 episode 1 - Feed The Beast : Un repas familier au menu (Pilote)

Après avoir donné le jour à The Killing – une adaptation de la série Forbrydelsen –, AMC s’est de nouveau tourné vers le Danemark avec sa nouvelle création, Feed The Beast.

Le scénariste Clyde Phillips (connu pour les premières saisons de Dexter) se trouve à la tête de cette adaptation américaine de la série danoise Bankerot qui met en scène Jim Sturgess et David Schwimmer dans la peau de deux meilleurs amis qui décident de monter un restaurant. Le pilote nous introduit bien évidemment à une situation qui est un peu plus compliquée que cela, où la question de deuil côtoie les problèmes mafieux.

Car Feed The Beast nous parle un peu de cuisine, on peut dire que la série est comme un plat bien présenté, mais qui manque quelque peu de saveur. Si les éléments pour délivrer une histoire solide sont là, ceux pouvant aussi parasiter le récit sont également présents.

Nous avons d’un côté Tommy (Schwimmer) qui est un père de famille veuf. Sa femme a été renversée par une voiture la nuit où son ami Dion (Sturgess) a brûlé le restaurant où ils travaillaient. Alors que son fils n’a pas prononcé un mot depuis que sa mère est morte, Tommy est un sommelier qui a trouvé refuge dans le vin (de qualité assurément) et qui vit littéralement dans les ruines de sa vie passée, incapable de complètement faire son deuil et de reconstruire son existence.

Dion (Jim Sturgess) est donc ce qui peut lui arriver de mieux et de pire à la fois. Il est l’ami dont il a besoin pour pouvoir se relever, celui qui le pousse à agir et à réaliser ce rêve de restaurant qui s’est effondré quand la femme de sa vie est morte. Dion fait cependant cela par instinct de survie et parce que c’est tout ce qu’il connait. Il vient de sortir de prison et son existence est dans un état aussi désastreux que celle son ami, devant de l’argent à la mafia et un membre des forces de l’ordre déterminé à l’utiliser pour faire tomber le mafieux.

Aux côtés de Tommy et son fils, Feed The Beast nous introduit à un drame humain touchant. Père et fils doivent faire leur deuil et trouver un moyen de se relever de la tragédie qui a complètement chamboulé leur vie. Le restaurant est alors la parfaite métaphore pour parler de reconstruction, celui-ci devant être construit et devenir viable (et plus encore).

Cependant, Feed The Beast pimente son récit de manière plus ou moins discutable avec Dion. Le comportement plus extrême de ce dernier, les ennuis qui le suivent et les mensonges qui s’accumulent un peu trop vite sont là pour créer de la tension, mais les artifices sont superficiels et trop familiers.

Monter un restaurant est suffisamment difficile, avec une bonne couche de drame familial dessus. Ce n’était à l’évidence pas assez et comme si l’histoire avait besoin de plus, les problèmes de Dion sont donc ajoutés par-dessus sans pour autant parvenir à trouver une véritable place. On peut définitivement se demander s’ils sont pertinents et il est clair que la série va devoir travailler à rendre cette partie de son intrigue moins stéréotypée. Peut-être que cela trouve son origine dans le passé de Dion, mais ce qui nous est offert ici est loin d’être alléchant malgré la performance assez énergique de Jim Sturgess. Reste que le personnage est plus attirant lorsqu’il est en cuisine que quand il se retrouve à devoir négocier avec un mafieux.

D’ailleurs, Feed The Beast semble quelque peu sous-estimé le pouvoir que la nourriture peut avoir et comment cela pourrait définitivement servir à élever son récit. Si Hannibal pouvait fasciner avec cet élément, il parait normal de se dire qu’un show tournant autour d’un restaurant puisse faire de même – à sa façon. Malgré un ou deux moments inspirés (dont la présentation de la carte par Dion), ce premier épisode en tire finalement assez peu profit et on peut espérer que cela changera par la suite.

En définitive, Feed The Beast délivre un pilote qui se laisse consommer sans difficulté, mais qui manque quelque peu d’épices et d’imagination – si on veut continuer dans le parallèle culinaire. L’interprétation de ses deux têtes d’affiche (avec David Schwimmer y apportant une gravité émotionnelle bienvenue) reste sans conteste ce qu’il y a de plus séduisant, permettant de s’investir dans les personnages malgré l’utilisation d’ingrédients trop classiques.