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Forever : Et si Sherlock Holmes était… immortel

Forever Fountain of Youth saison 1 - Forever : Et si Sherlock Holmes était… immortel

Conan Doyle n’aimait pas Sherlock Holmes, mais ça lui rapportait de l’argent. Aujourd’hui, ça rapporte visiblement beaucoup d’argent à beaucoup de monde. Pour le coup, on nous réinvente Sherlock Holmes à toutes les sauces.

Si on passe les modernisations récentes, la plus populaire des réinventions que nous avons eue ces dernières années fut bien entendu la version médicale avec House – et le Docteur Wilson ! La particularité était donc que le fait qu’il ne s’agissait pas d’un détective à proprement parler, mais l’inspiration a été assumée dès le départ.

Aujourd’hui cependant, on ne peut plus vraiment parler d’originalité dans une telle approche tant nos écrans de toutes tailles, ou encore nos livres et magazines, ont été envahis par des ersatz du fameux Holmes. Des fois, on nous sert quelque chose qui a été tellement dilué qu’il en devient difficile de reconnaitre les traits particuliers d’un personnage inspiré par la création de Doyle, mais ce n’est pas le cas avec Forever.

Nouvelle série de la chaine américaine ABC créée par Matt Miller, Forever se centre sur un médecin légiste anglais travaillant pour le service médico-légal de la police de New York… et il est immortel. C’est ici que se trouve le twist. Henry Morgan (Ioan Gruffudd) est en effet décédé pour la première fois il y a environ 200 ans. Depuis, il étudie la mort afin de pouvoir commencer à vieillir pour se diriger tranquillement vers sa fin, comme tout le monde.

Cela dit, il n’est pas comme tout le monde. Henry, c’est un Sherlock Holmes immortel.

À la vue du pilote, ce n’était pas vraiment ce qui sautait aux yeux. Certes, il affichait un talent de déduction particulièrement affuté, mais l’approche scientifique tendait à justifier et, peut-être même, à excuser légèrement cela. Après tout, quand il s’agit de faire de l’exposition dans un pilote de network, il y a dans la majorité des cas des éléments qu’il est préférable de laisser passer. De plus, ce premier épisode avait plus de similarité avec le film Incassable de M. Night Shyamalan qu’avec Sherlock Holmes.

Quoi qu’il en soit, le sympathique Henry a poursuivi ses enquêtes, confirmant rapidement qu’il n’était pas question de nous servir un nouveau New Amsterdam – les immortels de New York ne se ressemblent pas tous. Par contre, d’un épisode à l’autre, le twist de l’immortalité et le semblant embryonnaire de mythologie qui l’accompagne (avec un Moriarty en devenir) sont peu enclins à faire disparaitre la tendance de plus en plus flagrante qu’ont les scénaristes à simplement écrire du Sherlock Holmes de supérette. En fait, on pourrait même être plus désobligeant si on voulait vraiment souligner combien cet angle devient sérieusement paresseux.

De plus, nous sommes sur ABC et il est clair que Forever n’était pas destinée à devenir Elementary, mais plus une copie de Castle. Ioan Gruffudd fait ce qu’il peut, mais là où Nathan Fillion a le droit à des scénarii qui utilisent pleinement les caractéristiques de son personnage pour donner son identité au show, ceux de Forever sont pour le moment encombrés par un bon nombre de diversions servant à camoufler ce qu’est réellement la série.

Il n’y a pas de mal à tenter de composer quelque chose de neuf à partir de pièces qui ont déjà fait leurs preuves, mais ça ne veut pas dire que la recette va prendre. En fait, il y a peu de chance que, d’un point de vue créatif, cela aboutisse quelque part.

Le Sherlock Holmes immortel était une idée comme un autre, mais l’exécution est tellement générique que Forever parait être destinée à ne jamais réussir à s’élever au-dessus du niveau du divertissement anecdotique. Autant se tourner vers les autres Holmes, celui de CBS est justement de retour cette semaine sur CBS. Espérons néanmoins que si Henry Morgan doit poursuivre plus d’une saison ses enquêtes, il parviendra à trouver sa propre voix.