Petite ville située dans le cercle arctique, Fortitude rassemble une petite communauté qui pourrait s’ouvrir au tourisme si le projet d’hôtel développé par la gouverneure abouti. Quand le seul homme pouvant l’arrêter est retrouvé mort, l’endroit le plus sûr au monde est sur le point de devoir se faire une nouvelle réputation.
Les Anglais sont obsédés par le Nordic Noir, comme cela s’est bien senti sur leur production depuis que Forbrydelsen est devenue un réel succès chez eux. Sky Atlantic apporte alors sa contribution dans cette exploitation du genre avec Fortitude.
Comme Broadchurch avant elle, cette nouvelle série porte le nom de la ville paisible où l’action prend place et qui se trouve secouée par un meurtre. La différence notable est que Fortitude s’approche sérieusement du pôle, prenant place dans le cercle arctique où Britanniques et Norvégiens cohabitent.
Avec son double épisode d’introduction, cette création de Simon Donald dévoile sans tarder ses principaux atouts qui prouvent que le show a quelque chose de différent à offrir. Le décor, dans un premier temps, et toute la conjoncture de la ville imposent immédiatement l’idée que la mort n’est pas très loin, même si c’est bien souvent la Nature qui est meurtrière, et non l’homme. Bien entendu, pour qu’il y ait une investigation policière devant nous tenir en haleine, quelqu’un se fait proprement assassiner.
Cela dit, ce n’est pas par cela que tout débute, car Fortitude prend son temps pour démarrer. Les personnages sont nombreux, tous comme leurs problèmes, et la partie exposition s’étend de façon à ce que l’on devienne familier avec une partie des protagonistes avant que la tension ne monte d’un cran. On sait donc qu’il y a bon nombre de secrets et que tout le monde peut devenir un suspect, même si cela est explicité avec trop d’insistance dans certains cas, ce qui laisse penser que l’on veut déjà nous forcer à développer des théories destinées à être démolies sans trainer.
En dépit de ça, il est aisé de se laisser prendre au jeu et de douter de tout le monde, et ce, même avant que le meurtre ait lieu. Cependant, c’est quand celui-ci survient que la série débute réellement et l’arrivée de Stanley Tucci met le feu aux poudres. Il est donc dommage qu’il tarde tant à faire le voyage.
L’autre grande qualité de Fortitude est donc son casting. On croise beaucoup de visages familiers, à commencer par Michael Gambon, Christopher Eccleston, Jessica Raine, Sienna Guillory, Luke Treadaway ou encore l’interprète de Sarah Lund en personne, Sofie Grabol. Cela motive clairement à s’investir dans la série, même si une distribution prestigieuse ne fait pas tout.
Il y a en effet de bonnes raisons pour ne pas s’emballer trop vite à la vue de ce début de série. Les thématiques abordées sont familières et superficielles, les sous-entendus servant à encourager les suspicions en tout genre s’accumulent plus vite que nécessaire et le scénario flirte avec le soap d’une manière un peu lourde.
En dépit de tout cela, Fortitude a un potentiel certain, en particulier en termes de dépaysement. Le casting et la beauté des décors aidant, il est aisé de se laisser prendre au jeu à ce niveau, même si cela ne sera peut-être pas suffisant pour motiver à aller jusqu’au bout. À ce stade, de toute façon, il est trop tôt pour réellement savoir si les mystères seront à la hauteur de ce que l’on nous vend ou s’ils vont conduire le récit à suivre des pistes trop sinueuses pour que l’on puisse rester intéressé.