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Séries Game of Thrones : Sonnez les cloches (8.05)

Game of Thrones : Sonnez les cloches (8.05)

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game of thrones saison 8 episode 5 - Game of Thrones : Sonnez les cloches (8.05)

Cet critique contient de gros spoiler sur l’épisode. Lisez à vos risques et périls !

Il fut un temps où le Night King se présentait comme la plus grande menace planant sur l’humanité et par extension, sur Game of Thrones. Passé le troisième épisode, l’équipe créative a tourné son attention vers Cersei Lannister, devenant alors la grande antagoniste de cette ultime saison.

Finalement, non. Ce rôle sera tenu par Daenerys Targaryen, marchant dans les pas de son père et lui faisant honneur en brûlant toute la ville. Il était prêt à le faire pour éviter que Robert Baratheon prenne King’s Landing. Dany le fait même lorsqu’elle obtint victoire.

Si la bataille contre le Night King a perdu en lisibilité et en impact dû à des choix artistiques et budgétaires, le massacre à King’s Landing ne souffre pas de ce défaut. Au contraire, la géographie est définitivement au service de la mise en scène, nous poussant dans des ruelles étroites, des vivants qui courent et s’entrechoquent, des bâtiments qui brûlent et s’effondrent. Le chaos s’installe, règne et il est dépeint avec ferveur.

La violence de la guerre et ses méthodes aussi absurdes que ravageuses sont bien représentées. La corruption du pouvoir et l’Histoire qui se répète viennent compléter cette vision tragique. La manière dont nous en arrivons là est par contre moins satisfaisante. Il reste difficile de s’en étonner au vu de la quantité de raccourcis que les scénaristes ont pris au sein de cette saison 8 de Game of Thrones pour faire leur point. On ne cesse d’avoir l’impression qu’il manque au moins une ou deux saisons, et on peut même en voir trois, au vu des évènements qui prennent place. À chaque antagoniste sa saison pourrait-on dire, et nous avons trois qui se sont donc séparés les épisodes cette saison.

La folie de Dany n’est pas la plus étonnante, elle est surtout précipitée. C’était en tout cas une issue possible, bien qu’il fut pendant un temps plus question de la voir possiblement briser cette malédiction familiale. Elle s’était par le passé illustrée en conquérante qui brûlait tout sur son passage pour obtenir victoire. C’est ainsi qu’elle résolvait également ses problèmes, même si elle chercha un temps à gagner en crédibilité et en légitimité en libérant les oppressés. Elle servait sa cause, convaincue qu’un trône lui revenait de droit par pur héritage. Et si elle aimait à l’évidence carboniser ses opposants, elle ne s’en prenait pas au peuple.

On peut donc concevoir Daenerys embrassant la folie des Targaryens, mais ce qui la pousse faire son règne de terreur n’est pas bien mis en valeur et aurait dû bénéficier de plus de temps pour prendre forme. La mort de Missandei est présentée comme l’un des moments pivots, ayant rapproché Daenerys du précipice et il suffisait juste d’un petit coup de pouce pour qu’elle prenne cette route. Tant pis pour toi Rhaegal, sacrifié pour le spectacle la semaine passée et rien d’autre.

Autour de Daenerys, Tyrion tente tant bien que mal de sauver du monde et prouver sa fidélité. Divisée entre loyauté et instinct de survie, dirons-nous, la Main brille avant tout par les adieux qu’il ne cesse de faire à ceux qui ont compté. À Varys mourant avec la dignité qu’on lui connait après avoir été sous-utilisé et mal employé. À Jaime qu’il envoie auprès de Cersei dans le vain espoir de sauver sa famille.

La chute psychologique de Daenerys apparait étrangement pâle face à l’arc de Cersei. Blessée, repoussée, sous-estimée, Cersei était une lionne qui, dans ses pires travers, suscitait une fascination inexorable. Elle n’aura cependant fait que peu cette saison et cela se termine de manière presque anti-climatique. Ce n’est pas le pire qui soit, même s’il est difficile de ne pas avoir un petit pincement au cœur avec Jaime qui aura juste tenté jusqu’au bout de sauver sa sœur. Le personnage méritait mieux, mais il n’aura jamais été capable de voir au-delà de qui il était et d’embrasser celui qu’il pouvait devenir. Quant à Cersei, elle aurait aussi pu avoir une fin plus spectaculaire. Les deux Lannister terminent néanmoins ensemble, leur destinée éternellement entrelacée.

Alors que King’s Landing s’effondre, les scénaristes de Game of Thrones nous montre de nouveau à quel point cette dernière saison est sans conteste celle d’Arya qui fait ses adieux à Sandor Clegane obtenant enfin ce qu’il désirait et empêchant la jeune Stark de suivre son chemin. Au milieu des débris, le parallèle est on ne peut plus efficace et poignant. Et Jon – loyal et honnête par défaut – ne peut que contempler avec incompréhension un monde qui brûle.

Cet avant-dernier épisode de Game of Thrones est alors une parfaite illustration de cette saison 8. Le spectacle est au rendez-vous, et s’il fait son effet, il ne peut totalement faire oublier que l’on a la sensation qu’il serait plus appréciable si on avait eu plus d’épisodes nous y conduisant, si certains pans du récit avaient été mieux exposés ou plus développés avant que King’s Landing ne prenne feu.

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