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Séries Gomorra Saison 2 : La démocratie est pourrie

Gomorra Saison 2 : La démocratie est pourrie

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Gomorra semble offrir un bain de fraîcheur bienvenu à la production européenne, avec cette série qui, malgré son ancrage profondément italien, a convaincu plus de 130 pays qui ont diffusé sa première saison. Riche, violente, passionnante, imparfaite, mais totalement dévouée à son sujet et ses personnages, la saison 1 avait posé de très solides bases qui offre aujourd’hui la suite des guerres de la Camorra, la désormais célèbre mafia napolitaine.

Nombreux étaient ceux tombés au combat pour défendre le clan Savastano ou le clan Conte. Une guerre de territoire qui n’a pas fait dans la dentelle ni épargné femmes et enfants, et a mis à feu et à sang le quartier de Secondigliano, terrain de toutes ces sauvageries mafieuses. Aujourd’hui, alors que Ciro et ses partenaires agissent pour le compte de Conte, Don Pietro en en cavale et Genny, laissé pour mort, est finalement bien vivant. Amoché mais vivant.

Après une fin de saison-choc, Gomorra a une manière de relancer ses enjeux pour le moins déroutante. Il faudra attendre la fin du quatrième épisode (et un important bond dans le temps au début du deuxième) pour comprendre les tenants et aboutissants de cette nouvelle saison.

Chaque épisode est occupé presque exclusivement à installer les personnages principaux et la série avance mystérieusement et pourrait en surprendre plus d’un. Ciro et la frustration de rester un employé après toutes ces années de service chez les Savastano ; Genny et la volonté de se reconstruire ailleurs ; et Pietro et son esprit de revanche et de reconquête.

Ces premiers épisodes interpellent et déstabilisent quelque peu, car la finalité de cette longue introduction apparaît trop floue. Séparés par la conclusion de la saison 1, les personnages et leurs rapports de force manquent et l’on meurt d’envie de les revoir en découdre. Il faut donc se laisser happer, prendre le temps de saisir ce qui arrive et pourquoi tout cela était nécessaire. Car une fois les pions en place, les auteurs ont préparé un feu d’artifice de violence, de corps criblés de balles, de coups bas et de trahisons, de petits secrets et de grandes ambitions.

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Une fois les trois personnages arrivés là où ils le souhaitaient se tient le cœur de la saison. Au travers de la trajectoire de Ciro, c’est une brillante et noire description de la démocratie moderne qui se déroule sous nos yeux. Le système égalitaire mis en place par Ciro est une belle idée. Les revenus de la drogue – le nerf de la guerre dans Gomorra – sont répartis équitablement entre ceux qui les produisent, quelle que soit la valeur de leur production. Mais le succès attire les convoitises, les jalousies, les doutes.

À tort ou à raison, ceux qui réussissent ont triché et doivent être éliminés. Les petits vendeurs veulent plus de place pour vendre plus et complotent pour mettre hors d’état de nuire ceux qu’ils envient. La solidarité et la cohésion conviennent à tous quand tout va bien, mais volent en éclats dès que le danger approche. Les ambitions personnelles deviennent alors peu compatibles avec les intérêts collectifs. Les opposants, eux, n’ont plus qu’à allumer la mèche de la discorde et attendre que les chiens se mangent entre eux.

Tel un chef de gouvernement, Ciro tente donc de maintenir la barque à flot en protégeant la population, distribuant les richesses et tentant de faire prospérer les ressources. Mais Don Pietro compte bien renverser la table. Avec alliances stratégiques, corruption de personnes de confiance et coups de poignards dans le dos, le patriarche entend bien regagner la place qui était la sienne.

La notion de famille, ou en cas d’appartenance et de fidélité, déjà mise en mal en saison 1 finit ici lessivée et en mille morceaux. Genny ne veut plus entendre parler de son père et aspire à construire ses propres empire et famille, loin de Naples, mais sera malgré lui contraint de s’immiscer dans la guerre que se livrent Pietro et Ciro. Sans jamais choisir de camp, à part le sien, Gennaro est bien loin du jeune oisif que l’on avait rencontré au début de la série.

Cette saison raconte alors la chute d’un système (qu’il soit familial, politique ou mafieux) qui, s’il n’est pas respecté par tous ceux qui le font fonctionner, s’écroule sur lui-même. Un tableau noir de l’époque dans laquelle on vit et qui résonne avec beaucoup de force dans les sociétés dites « démocratiques » à l’heure des replis communautaires, des crises financières et de la défiance généralisée envers les élites et les formes de pouvoirs..

Mais Gomorra reste aussi une terrible série d’action où les morts pleuvent et où une fusillade peut éclater aussi bien sur un terrain vague que dans la rue ou devant une école. Les auteurs ne ménagent personne, vraiment personne et la soif de vengeance emmène certains personnages sur des voies desquelles ils ne reviendront pas. La tension est permanente, la Mort s’abat – presque – au hasard.

Tragique, brillante, toujours violente, surprenante et poussant le curseur du danger toujours plus loin, cette saison 2 de Gomorra possède encore plus d’atouts que la précédente. La fin, logique et rendant une certaine forme de justice, est sublimée par la toute dernière réplique, le dernier mot du dernier épisode qui conclut un cycle commencé il y a deux saisons. Que les fans se réjouissent, ce n’est une mais deux saisons de plus qui verront le jour. La mafia napolitaine n’a pas fini régner, la démocratie n’a pas fini de saigner…

Publié en juillet, ce bilan de la saison 2 de Gomorra est remis en avant à l’occasion de sa diffusion sur Canal+ à partir de ce jeudi 29 septembre à 20h50. Elle sera disponible en DVD dès novembre.

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