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Séries Gomorra Saison 3 : La mort en héritage

Gomorra Saison 3 : La mort en héritage

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gomorra saison 3 - Gomorra Saison 3 : La mort en héritage

On pensait que la mort de Don Pietro en conclusion de la saison 2 bouclait un premier arc. La naissance d’un fils, l’exil d’un traitre : tout cela contribuait à fermer deux saisons denses et grandioses au cœur de la mafia napolitaine. Mais sous couvert de renouveau, Gomorra nous réserve encore des surprises et prépare en fait la véritable conclusion d’une première partie qui s’achève avec cette troisième saison. Si on pensait que c’était le début d’une nouvelle aventure pour nos « héros », c’est plutôt le début de la fin qui s’amorce ici.

Comme à son habitude, Gomorra prend le temps d’installer ses intrigues et ses personnages. Avec la mort brutale du patriarche Savastano et le démantèlement (violent) de son clan, il fallait introduire de nouveaux mafieux, créer de nouvelles ambitions pour ceux qui restent, et, bien évidemment, nourrir l’esprit de revanche de ceux qui ont perdu quelqu’un ou quelque chose. Celui qui réunit tout cela, c’est Enzo dit « Sang Bleu », chef d’un petit groupe mafieux des bas-quartiers de Naples qui rêve de vengeance et de grandeur.

Il aura pour cela besoin de l’aide d’un revenant. Après avoir tenté de fuir l’Italie et ses démons, Ciro « l’Immortel » accepte la proposition de former Enzo et son clan aux rudiments de l’ambition mafieuse. Une sorte de formation Jedi de la Camorra qui mènera le groupe peu expérimenté dans la haute criminalité, dans des territoires et des situations qu’il n’avait pas prévu. La série illustre brillamment la question de la transmission par cette relation. Ciro enseigne la patience et l’humilité et voit sans doute en « Sang Bleu » le chien fou qu’il était lui aussi à ses débuts. Impressionné par l’aura et le savoir de Ciro, Enzo ne voit pas que l’ancien protégé de Don Pietro a ses propres objectifs, et que ceux-ci pourraient bien le conduire à sa perte.

Comme toute bonne série mafieuse — Les Soprano ne diront pas le contraire –, la famille et toutes ses notions dérivées irriguent chaque seconde du récit de Gomorra. Choisie ou non, génétique ou stratégique, aimante, contrariée ou disparue, la famille et la filiation sont au cœur des enjeux. Et puisqu’on a — au propre comme au figuré — tué le père en saison 2, il faut maintenant déterminer ce que l’on veut transmettre : le pouvoir, l’argent, l’honneur, ou bien tout cela à la fois.

Sans se montrer explicite, cette troisième saison de Gomorra met en scène avec un grand et beau sens du tragique la relation de deux frères ennemis, Gennaro et Ciro. Opposés mais complémentaires, intelligents chacun à leur façon, les deux gangsters napolitains n’auront cessé de se croiser, de se combattre, et ici, de s’allier. L’un perd son enfant quand l’autre donne naissance au sien. Le premier prend les armes quand le second jure de ne plus jamais appuyer sur une gâchette. Les tragédies grecques n’ont pas écrit mieux : c’est bien le même destin que ces figures mythologiques qui les attend.

Pour cela, la série met en place comme elle sait si bien le faire une mécanique implacable de violence, où les balles fusent et les corps tombent. Certains pour de faux, alors qu’ils l’auraient mérité, et d’autres pour de vrai, alors qu’ils n’avaient rien demandé. Une certaine idée de la justice donc. La morale est un concept abstrait, voire inconnu dans Gomorra. Comme en conclusion de la précédente saison, la mort d’un personnage important vient rétablir une certaine forme d’équilibre, une rédemption par le sacrifice.

C’est ici que se clôt, d’une façon tragique et inattendue, la première partie de cette série. Une saison 4, commandée en même temps que la troisième, est déjà sur les rails et devrait arriver rapidement. On se demande quelle direction celle-ci pourra prendre, mais les (bonnes) surprises jalonnent la série depuis ses débuts, alors l’inquiétude n’est pas de mise.


La saison 3 de Gomorra est diffusée sur Canal+ à partir de ce jeudi 15 février à 21 heures et sera disponible en DVD dès le 25 mars.