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Gracepoint : Broadchurch à l’américaine (pilote)

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Le détective Emmett Carver a récemment pris ses fonctions à Gracepoint, une petite ville côtière en apparence tranquille. La communauté est bouleversée lorsque le jeune Danny est retrouvé mort. Carver fait équipe avec Ellie Miller pour résoudre cette affaire qui ébranle les habitants.

Gros succès anglais de l’année dernière qui aura fait couler beaucoup d’encre, Broadchurch est déjà transposé sur la télévision américaine avec Gracepoint. Présentée alors comme une série évènement, FOX est déterminé à jouer à son tour du mystère, comptant scotcher les téléspectateurs américains de la même façon que l’avait fait ITV en demandant : qui a tué Danny ?

Au-delà de cette question, Broadchurch reposait principalement sur ses deux têtes d’affiche, David Tennant et Olivia Colman dans la peau des deux policiers en charge de résoudre le crime.

Si Colman n’est pas présente dans ce remake, Tennant l’est – avec un changement de nom pour le personnage tout de même. C’est d’ailleurs le seul élément qui sépare à ce stade les deux versions du détective, soulevant des interrogations sur ce qui peut motiver sur un plan artistique l’acteur à reprendre le rôle. Cela lui donne l’occasion de travailler son accent américain et sûrement de se faire connaitre auprès d’un plus large public, ce qui peut logiquement justifier sa présence. Il faut tout de même espérer que la suite du show lui offre la possibilité de délivrer une composition qui diverge.

De toute façon, ce pilote de Gracepoint se présente comme une copie carbone de celui de Broadchurch et pour une bonne raison : ce sont les mêmes dans les coulisses. Si Chris Chibnall – le créateur de la série anglaise – n’est pas showrunner sur cette adaptation, c’est son scénario qui sert pour ce premier épisode, avec de nouveau James Strong derrière la caméra. Si cela explique alors pourquoi on se retrouve avec des scènes à l’identique sur un plan visuel, il est tout de même triste de constater qu’aucun des deux n’a saisi cette occasion pour s’essayer à quelque chose de différent. Après, il n’y a rien de mal à revisiter une même histoire (plus d’un réalisateur se sont prêtés à l’exercice), mais encore faut-il y injecter quelque chose de neuf. Si la petite ville côtière fait très Anglaise, on peut se demander pourquoi ne pas avoir opté pour un environnement représentant plus distinctement l’Amérique. Du coup, Gracepoint n’est finalement pas très américanisée.

Quoi qu’il en soit, ce pilote de Gracepoint n’est pas foncièrement mauvais, possédant les mêmes forces et défauts que celui de Broadchurch. Une musique trop accentuée et un certain manque de subtilité dans la mise en place sont présents. Les acteurs sont majoritairement bons, même si leur partition ne diffère pas trop de leurs prédécesseurs. Anna Gunn a la difficile tâche de marcher dans les pas d’Oliva Colman, mais aussi l’avantage d’avoir un style différent qui, si on lui en offre l’opportunité, devrait lui permettre de vite se distinguer. Elle le laisse déjà transparaitre, il ne reste plus qu’à l’équipe scénaristique de pleinement profiter de l’actrice qu’ils ont et qui est destinée à être le véritable cœur du show.

À l’arrivée, ce premier épisode de Gracepoint vise ceux qui n’ont pas vu l’original. Il parait vain de condamner ce pilote pour cela, même s’il y a sûrement ici une conversation plus large à avoir sur le poids d’un remake d’un show en langue anglaise sur un plan créatif si proche dans le temps et avec si peu de différence.

Cette saison de Gracepoint se composera au final de 10 épisodes, soit deux de plus que Broadchurch. Cela implique des différences à un moment ou un autre, et il a été aussi dit que le tueur ne devrait pas être le même. La suite devrait donc proposer, on peut supposer, des changements. Ce sera alors à elle de donner à Gracepoint sa véritable pertinence. Il est juste dommage que personne ne songe à faire cela dès le début, surtout à une ère où l’on a plus facilement accès aux productions venant d’ailleurs.