Alors que les rumeurs vont bon train au sujet de Nathan et Owen, le Grey Sloan Memorial doit accueillir de nombreux pompiers qui ont été pris dans un feu. Jo se questionne sur les priorités d’Alex tandis que la relation entre Meredith et Amelia se dégrade.
La saison 12 de Grey’s Anatomy entre en pause avec un épisode qui nous laisse plusieurs situations en suspens. Si tout était là pour faire monter la tension comme jamais et créer de l’impatience pour le retour, tout ne fonctionne pas dû à une difficile gestion de ton.
C’est sans aucun doute le problème récurrent de ce début de saison 12 de Grey’s Anatomy qui a été annoncé comme plus léger. Après une onzième très intense, l’équipe créative tente tant bien que mal de rééquilibrer les forces, mais ne réussit pas toujours. Ce n’est pas tant, qu’individuellement, les scènes plus comiques fonctionnement moins bien que la tragédie, mais plus que les deux ont des difficultés à coexister et s’affaiblisse l’une l’autre à plus d’une occasion.
Prenons Arizona qui, avec l’aide de Richard, a officiellement réintégré le monde des rendez-vous et recherche donc sur un plan sentimental chaussure à son pied. La chirurgienne est joviale, l’association avec Richard est inspirée et le résultat est convaincant. Seulement, cela perd en force et en intérêt avec les enjeux plus importants qui sont développés autour.
La relation entre Jackson et April en est aussi un très bon exemple, abordé avec légèreté par Callie, mais traité avec le sérieux requis par les deux concernées. Comme la série en a pris l’habitude, tout est décortiqué sous nos yeux pour que chaque étape, chaque décision prise par l’un ou par l’autre puissent être expliquées et acceptées. Il n’est pas tant question de pleinement adhérer, mais de nouveau offrir l’espace nécessaire pour que le point de vue de chacun puisse être compris, tout en laissant planer le doute encore sur la direction qui va être empruntée. Jackson et April vont-ils retourner ensemble ? Rien n’est sûr, mais les voir tous les deux s’engueuler et pointer du doigt les travers de l’autre a le mérite d’ouvrir la communication et d’exposer la nécessité qu’il y a à s’écouter et tout mettre sur la table pour eux.
Si l’on doit parler de problèmes de communication, car cela traverse finalement l’épisode, Meredith et Amelia sont un cas d’école. Les deux femmes aux personnalités bien distinctes rencontrent de nombreuses difficultés à se comprendre. Leur passé et leur perception de l’existence posent des obstacles de taille. Les deux enchainent les erreurs dues surtout à une incompréhension palpable, amplifiée par la nature plus que passionnelle et excessive d’Amelia qui se heurte à celle plus intérieure et froide de Meredith. Les deux actrices ont l’occasion de montrer autant les faiblesses que les forces de leurs personnages, et tout est de nouveau construit de manière à ce qu’aucune n’aie raison ou tort d’un point de vue extérieur.
Things We Lost in the Fire met alors l’emphase sur le besoin de soutien, quelque chose qui manque dans la vie de Jo. Après Stephanie, la voilà à devoir se confronter au fait qu’elle passe éternellement après Meredith. Jo se trouve à un moment important où elle ne peut que faire face à sa détresse émotionnelle qui la pousse à réexaminer la place occupée par les autres dans son existence. Là encore, l’équipe créative laisse sa situation avec Alex en suspens, tout ayant été développé au cours de ce début de saison pour pouvoir nous entrainer dans n’importe quelle direction pour eux. La série réussit aussi toujours à délivrer avec sa relation amicale avec Stephanie des scènes honnêtes, qui crédibilisent leur rapport.
Reste alors Nathan, ce nouveau chirurgien venu de Nouvelle-Zélande qui est au cœur d’un mystère : qui est-il pour Owen pour que ce dernier le déteste autant ? Things We Lost in the Fire a pour mission de lever en partie le voile, tout en restant accroché à la grande problématique du conflit émotionnel et de la difficulté à communiquer autour d’une situation compliquée. Tant que l’on n’aura pas toutes les informations en mains, il faut bien avouer qu’il est plus que difficile de s’investir dans cette histoire. Si elle fournit quelque chose à Owen, elle ne fait que lui faire faire la même chose pour le moment, alors que Nathan peine à prendre forme. Ce dernier est également entièrement défini par ce conflit, ce qui le rend assez peu appréciable à ce niveau du récit.
À l’image de Meredith et même Amelia qui doivent se reconstruire pleinement suite à la perte de Derek, Grey’s Anatomy doit elle aussi retrouver un équilibre entre ses différents composants. Cette première partie de saison 12 aura donc montré que c’est sans surprise un exercice difficile qui ne porte pas toujours ses fruits. Il y a naturellement le poids du passé, le besoin de ne pas ignorer ce dernier tout en poursuivant vers l’avant en intégrant de la nouveauté par de nouveaux personnages ou autres. S’il y a bien des réglages encore à faire, il y a en coulisses une expérience acquise au fil des ans qui est palpable à l’écran qui compense habilement certaines lacunes narratives.