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Séries Haven : la plus troublante des villes du Maine

Haven : la plus troublante des villes du Maine

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Haven serie syfy - Haven : la plus troublante des villes du Maine

PeakTV - Haven : la plus troublante des villes du Maine À l’ère du Peak TV, Critictoo se lance dans un challenge « 52 semaines, 52 séries » en proposant une fois par semaine un retour sur une série terminée.

Alors que les plateformes de streaming redoublent actuellement d’imagination – et de budget – pour proposer la série fantastique la plus épique, originale et visuellement incroyable, il est bon de se rappeler que quelques productions plus discrètes existent et valent le détour. C’est notamment le cas de Haven (Les Mystères de Haven chez nous), production américano-canadienne diffusée entre 2010 et 2015 sur Syfy.

Très librement inspirée du roman Colorado Kid de Stephen King, la série retrace les événements surnaturels qui font de Haven, petite bourgade côtière du Maine, un endroit pas comme les autres. Quelques habitants semblent frappés par un mal qui leur confère des capacités particulières, les « troubles » ou « phénomènes », plus proches de la malédiction que du super-pouvoir. Cela titille l’intérêt des autorités qui envoient l’agent Audrey Parker (Emily Rose) enquêter sur place.

Si ce résumé laisse penser qu’Haven est une série à concept, tout est balayé d’un revers de main lors de la rencontre des différents protagonistes : Haven est une série de personnages, un drame humain saupoudré de voyages dans le temps et de téléportation.

Audrey, interprétée par la très sous-cotée Emily Rose, est au cœur de la série. Difficile de parler de ce petit bout de femme attachant au caractère bien trempé sans dévoiler l’intrigue de série tant les deux sont intrinsèquement liés, mais elle saura gagner les cœurs des plus inébranlables spectateurs. Le trio qu’elle forme avec Duke (Eric Balfour), le pirate au grand cœur, et Nathan (Lucas Bryant), le flic un peu lisse, mais attendrissant, fonctionne dès les premiers instants.

Si Haven s’articule avec beaucoup de fluidité autour de ces trois personnages, on peut cependant regretter qu’au fil des saisons personne ne parvienne à s’immiscer durablement au sein du groupe. Les personnages secondaires, aussi bons soient-ils, vont et viennent sans vraiment marquer de leur passage. Seuls les frères Teagues (Richard Donat et John Dunsworth), éléments fondamentaux du roman, ont une présence suivie. D’abord des ressorts comiques et scénaristiques bien pratiques, ils gagnent en profondeur jusqu’à prendre complètement part au mystère de la ville.

Au-delà de ces deux personnages, les liens avec l’histoire originelle de Stephen King sont rares. Une ville moite et pluvieuse, le meurtre d’un enfant sur une plage plusieurs décennies auparavant et le cadre de base, c’est à peu près tout. Véritable agglomérat des idées venues au fur et à mesure de l’équipe créative, l’intrigue de fond de Haven s’avère souvent confuse, noyée dans une mythologie un peu trop riche qui semble leur échapper.

C’est lorsqu’elle se cantonne à sa formule « trouble de la semaine » que la série brille le plus. Véritables manifestations de doutes, de peurs ou de colères qui nous habitent tous, la résolution des problèmes est rarement fantastique et Haven utilise ouvertement le surnaturel comme prétexte pour explorer l’humain. Innovante et originale, la série ne se contente pas de proposer un homme fort et une femme volante. Du contrôle de la météo à la concrétisation de ses mauvais rêves, les troubles n’ont aucune limite et offrent des situations inédites.

L’inventivité est une façon pour Haven de compenser le fait qu’elle ait peu – et de moins en moins – de moyens. Les effets spéciaux sont utilisés avec parcimonie et il arrive qu’ils piquent un peu les yeux. Malgré ça, la photographie sombre et grisâtre permet d’installer une ambiance oppressante et hors du temps qui est parfaitement adaptée.

Très consciente de ses limites, la série ne se prend jamais au sérieux, privilégiant un ton léger, se permettant de nombreuses touches d’humour et quelques digressions méta. Les personnages, Audrey et Duke en tête, multiplient les références populaires et horrifiques en citant The X-Files, Hitchcock ou encore Doctor Who, autant d’univers qui sont des sources d’inspiration pour Haven.

Syfy a également permis à sa série de se conclure correctement avec une cinquième et dernière saison qui accuse de sacrées coupes budgétaires, mais boucle l’intégralité des intrigues. Bien qu’un peu précipitée, la fin est satisfaisante aussi bien au niveau de la mythologie que des personnages, une chance que peu de petites séries fantastiques ont aujourd’hui.

Bien que bourrée d’imperfections, Haven est une série avec beaucoup de charme à laquelle il est difficile de résister. Ses décors dépaysants, ses personnages attachants, son utilisation moderne des capacités surnaturelles et sa mythologie unique en font un produit singulier, un peu à part au milieu des productions de ces dernières années qui vaut définitivement le coup d’œil.

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