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Séries HIM : Adolescent télékinésiste en pleine confusion

HIM : Adolescent télékinésiste en pleine confusion

HIM saison 1  - HIM : Adolescent télékinésiste en pleine confusion

L’adolescence est une période compliquée. Entre les hormones et la découverte de soi, il n’est pas aisé de trouver sa place dans une société qui impose ses codes moraux et sociaux, en oubliant d’en donner les clés pour les déchiffrer. Il n’est alors pas étonnant que l’adolescence, et plus généralement la quête identitaire, soit une thématique courante sur le petit et grand écran. Si les sentiments romantiques ou les problématiques familiales sont souvent couplés au traitement de ce sujet, qu’arrive-t-il quand les changements corporels et psychologiques sont accompagnés par l’apparition de pouvoirs télékinétiques ?

Répondre à cette question est le pari risqué que s’est lancé Paula Milne, déjà à l’origine de White Heat et The Politician’s Husband. Il s’avère cependant que son récit est bien plus dramatique qu’il n’est fantastique, plongeant l’histoire du protagoniste sans nom — HIM (Fionn Whitehead) dans une certaine banalité. Ce qui ne veut pas pour autant dire que cette minisérie en 3 épisodes est dénué d’intérêt. Seulement, le propos à du mal à s’élever au-delà de son postulat de base.

Identification problématique

HIM raconte donc l’histoire d’un adolescent — auquel le scénario ne donnera jamais de nom — qui se retrouve ballotté entre la maison de son père et de sa mère suite à leur remariage. Quand sa demi-sœur, Faith (Simona Brown), emménage dans le domicile de sa mère, les sentiments qu’il développe pour elle renforcent l’isolement dans lequel il s’est placé après la manifestation de ses pouvoirs télékinétiques. Il essaie alors tant bien que mal de faire le deuil de sa normalité, tout en faisant tout son possible pour contrôler ses dons avant qu’ils ne blessent son entourage.

Bien que les capacités de l’adolescent occupent une place non négligeable dans le récit et en particulier quand il est question de développer les rouages de sa personnalité, cet aspect n’est pas le réel moteur de l’histoire. Il s’agit ici d’un simple drame qui utilise le fantastique comme une analogie aux tourments ressentis par le protagoniste par rapport à sa situation familiale complexe.

Le problème est que, au lieu d’assumer pleinement la télékinésie comme outil scénaristique — quelque peu grossier —, Paula Milne justifie leur existence par une mythologie trop en retrait pour être satisfaisante. Le postulat que l’hérédité joue un rôle important quand on parle de santé mentale n’est pas une mauvaise idée en soi, seulement, le fait que le récit se disperse et ne concentre pas son développement autour d’un point particulier est problématique et donne une certaine impression de superficialité.

En fait, si HIM apparaît clairement comme un drame plus que comme du fantastique, il est difficile de cerner les véritables intentions de l’équipe créative ou même de comprendre pourquoi avoir choisi un tel biais scénaristique pour ne nous raconter qu’une histoire de famille éclatée et de crise d’adolescence.

HIM saison 1 Fionn Whitehead - HIM : Adolescent télékinésiste en pleine confusion

Les pieds dans le plat

Tout cela n’est en plus pas aidé par une mise en scène forcée. Si les acteurs offrent tous des interprétations justes de leurs personnages, et plus particulièrement Katherine Kelly (Class), Fionn Whitehead et James Murray (Cucumber), le matériel avec lequel ils doivent se dépêtrer n’est pas franchement subtil. Les dialogues apparaissent le plus souvent comme lourds et d’une évidence à la limite de l’insultant. Chercher à être clair est une bonne chose, mais cette façon de mâcher le travail de réflexion pour le spectateur ne fait que rendre l’univers plus hermétique.

Ce qui influe également sur notre investissement dans les personnages. La manière dont est tourné le récit voudrait que notre empathie soit dirigée vers « Him », le problème est que ses accès de colère, ainsi que son comportement égoïste et ingrat n’en donnent pas envie. Sa mère, Hannah, est la seule pour laquelle il est possible de ressentir quelque chose de par le fait qu’elle se retrouve dépassée et sincèrement peinée par la situation de son fils. Elle sait que quelque chose ne va pas et son impuissance est un sentiment qu’il est facile de comprendre en comparaison au reste, qui est censé, mais peu attrayant.

Ses derniers mots

Finalement, HIM est une étrangeté qui n’est pas sans intérêt, mais qui ne vaut pas l’investissement demandé. Il s’agit là d’un drame teinté de fantastique quelque peu anecdotique. Si les acteurs tentent du mieux qu’ils le peuvent de donner vie au matériel qu’on leur donne cela n’est pas suffisant pour rattraper des raccourcis scénaristiques trop évidents. L’ensemble ne manque pas de substance, mais se noie lui-même dans un trop-plein de direction ainsi qu’une conclusion simpliste et sans enjeux.

Alors oui, on concédera à Paula Milne qu’elle n’était pas forcée de terminer son histoire sur une chorale négative. Seulement, résoudre l’intrigue de son protagoniste avec une analogie qui n’en est pas vraiment une est assez maladroit. Ce n’est pas une catastrophe, mais clairement, HIM est le genre de série qui ne marquera pas par sa présence furtive sur les écrans anglais.