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Séries Homeland Homeland : l’espionnage à toutes les sauces (saison 3)

Homeland : l’espionnage à toutes les sauces (saison 3)

Homeland saison 3 - Homeland : l’espionnage à toutes les sauces (saison 3)

Suite a l’attaque terroriste qui a eu lieu sur le sol américain et causé la mort de nombreuses personnes, la CIA a été touchée de plein fouet. Il sera alors question au sein de cette troisième saison de Homeland de remettre l’agence sur pied à l’aide d’un plan aussi risqué qu’ambitieux pensé par Saul, temporairement directeur de la compagnie.

Sur cette idée, l’équipe scénaristique de la série va chercher à reconnecter avec un type d’espionnage avec lequel elle avait pris leur distance durant la saison 2 au profit d’un meilleur suspense. Pour autant, cela ne signifie pas que l’on ne reviendra pas à une forme plus théâtrale ou plus d’action au cours de cette saison.

Pour cela, nous allons avoir le droit au début à la mise en place d’un plan qui ne sera vraiment dévoilé que plus ou moins à mi-parcours. Pendant un temps, les enjeux prendront des formes diverses, mais pas forcément trépidantes avec la CIA qui tente tant bien que mal de se laver les mains et de poursuivre son travail, Carrie au fond du trou et hospitalisée, et surtout Dana Brody qui fait vivre un véritable grand huit à sa famille.

L’adolescente symbolisera bien des problèmes de cette saison 3 – à commencer par sa place plus que discutable dans l’histoire. Ce n’est pas tant que se pencher sur les retombées de l’attaque soi-disant commise par Nicholas Brody n’a pas d’intérêt, mais bien plus le fait que les scénaristes ont choisi sa fille pour le faire. Si dès les débuts, il a été instauré une relation particulière entre elle et son père, cela n’aide cependant pas à devoir suivre les dérives du personnage, dépeint sous un jour particulièrement narcissique. Elle fait souffrir sa mère et ne semble au fond pas se préoccuper de la façon dont les récents évènements (dont ses actes à elle) ont pu affecter ses proches. Le fait que l’on sache Brody innocent dans cette histoire ne change strictement rien à cela. L’histoire de Dana aurait dû offrir une réflexion sur le traumatisme et la reconstruction, peut-être même sur la nécessité de pardonner pour aller de l’avant. En somme, il y avait bien des angles pour rendre cette partie intéressante, mais en choisissant de se focaliser sur Dana, rien de bon n’en ressort. Il est fort à parier que la grossesse de Morena Baccarin a limité les apparitions de l’actrice à l’écran et c’est dommage, car au vu du sujet, elle aurait pu apporter beaucoup. À un certain degré, le fils aussi, mais il a toujours été mis de côté donc cela n’étonne guère.

Cette troisième saisonir?t=critictoo 21&l=ur2&o=8 - Homeland : l’espionnage à toutes les sauces (saison 3) de Homeland possède une mise en place assez longue qui cherche avant tout à faire passer le temps en s’intéressant avec un succès moindre aux répercussions psychologiques sur ces personnages pour faire diversion. Sur ce plan-là, c’est sans aucun doute la culpabilité de Quinn ainsi que l’exploration du mariage de Saul qui portent vraiment ses fruits, puis les conséquences sur Brody, celui-ci reprenant tardivement une place dans l’intrigue de la saison.

Si on reconnecte avec le personnage dès le troisième épisode, il faudra attendre la seconde partie pour qu’il puisse – à un certain niveau – se sortir de la situation dans laquelle il se trouve et jouer un rôle actif. Il faut alors souligner le traitement plutôt subtil réalisé autour de Brody vis-à-vis de ses actions passées. Aisément perçu par la Nation comme un ennemi,  il est surtout un homme qui a été brisé et qui doit en plus vivre avec ce que cela implique. À travers le regard de Carrie et son implication dans l’intrigue, Brody reste toujours un personnage qui occupe une place ambiguë, loin du simple traitre ou de l’allié, mais l’expression particulière des méfaits de ce type de conflit.

Quand le personnage revient sur les devants, Homeland a dévoilé la plupart de ses cartes ; la saison possède alors un rythme plus soutenu où les enjeux, s’ils ne sont pas sur le court terme ce qu’il y a de plus attractif, sont là pour rendre à la CIA un peu de sa noblesse. C’est assurément une idée qui traverse une grande partie de la saison qui cherche clairement au départ à reconnecter avec un espionnage plus porté sur la manipulation que sur la course poursuite. Cela n’empêchera pas les scénaristes de s’y éloigner, car dès que la mission passe à la vitesse supérieure, ils semblent changer d’approche à chaque épisode ; on passe d’un style hérité de John Le Carré à un autre issu de 24, et possiblement tout ce qui se trouve entre les deux. Cela aura de quoi déstabiliser, mais il faut reconnaitre que l’ensemble avance à une cadence logique, aidé par quelques rebondissements et les motivations des personnages pour continuer à toujours regarder vers l’avant.

En bout de route, cette troisième saison de Homeland aura connu un début manquant d’attrait et de dynamisme avant de délivrer un récit bien plus accrocheur qui entraine l’histoire du show à une certaine forme de conclusion. La relation entre Carrie et Brody redeviendra par ailleurs un des moteurs et leur histoire d’amour en elle-même symbolise finalement ce qui peut-être qualifié de premier cycle de la série. Homeland tourne une page inévitable qui laisse alors la place à un possible renouveau, à des prises de risques ou bien à tout l’inverse… Réponse en saison 4.

Homeland saison 3 est diffusée sur Canal + à partir de ce jeudi 30 janvier 2014 à 20h50 avec 2 épisodes par soirée.