Désormais basée à Kabul, Carrie reçoit une information venant de son équivalent stationné à Islamabad. Elle lance alors une mission pour éliminer une cible majeure. Le lendemain, elle découvre que cela ne pas aussi bien déroulé qu’elle avait été amenée à le penser et les choses tournent rapidement mal pour tout le monde.
Pour son début de quatrième saison, Homeland veut nous proposer un semi-reboot avec une toute nouvelle intrigue loin de Brody, de Dana et du fantôme d’Abu Nazir. Il est alors nécessaire d’introduire une conjoncture différente et c’est à cela que les deux premiers épisodes servent.
Nous voilà à voyager entre Kabul, Islamabad et Washington aux côtés d’une Carrie plus ou moins stable et définitivement à la recherche d’une nouvelle obsession. Celle-ci prendra forme sans trop tarder, ce qui lui permet de renouer avec la part la plus erratique de sa personnalité – pour le plus grand malheur de ceux qui l’entourent.
Il y a donc quelque chose de bien familier qui reste en place dans la série, changer le décor et les circonstances de la crise ne va pas donner jour à une nouvelle Homeland. Il faut aussi dire que les scénaristes ne cherchent pas vraiment à se surpasser. On nous introduit ainsi doucement, mais surement, une histoire de traitre, des manigances politiques à la CIA et des innocents pris dans des évènements qui les dépassent. Au milieu, Carrie fait battre le cœur de cette intrigue naissante avec conviction.
Globalement, les deux épisodes nous délivrent donc une introduction relativement solide, même si elle manque légèrement de spontanéité. Il y a tout de même des égarements occasionnels, notamment avec des scènes qui s’étirent un peu trop et une tendance à la répétition pour ce qui concerne la vie familiale de Carrie. C’est d’ailleurs à ce niveau que cette reprise est quelque peu décevante. Il faut dire que le décès de James Rebhorn – qui incarnait le père de Carrie – a clairement laissé un vide que les scénaristes cherchent à ne pas reconnaitre. La dynamique chez les Mathison en souffre alors, car il manque cette voix qui permettait d’équilibrer les oppositions entre les deux sœurs.
L’autre personnage dont le retrait se fait sentir se trouve être Saul. Il est bien là, mais sa nouvelle position le place plus en spectateur qu’autre chose et, après le rôle qu’il a tenu en saison 3, le voir prendre un tel recul est quelque peu regrettable. Cela dit, l’évolution de l’intrigue laisse penser que cela pourrait changer d’ici peu.
Cela ne serait d’ailleurs pas une mauvaise idée d’offrir également à Peter Quinn la possibilité d’évoluer rapidement. La reprise le replonge dans le même état de désenchantement qui le caractérisait la dernière fois que nous l’avons vu. À cette époque, il parlait de quitter la CIA et, visiblement, il ne l’a pas fait. Il aurait alors été pertinent de nous expliciter pourquoi il était encore là où il n’a clairement pas envie d’être. Au lieu de ça, il se morfond et cela est principalement utilisé pour montrer que Carrie est toujours autant aveuglée par son égocentrisme. Au-delà de cela, rien n’est vraiment fait pour justifier sa présence, ce qui laisse donc de quoi faire pour la suite.
À un certain degré, ce n’est pas une mauvaise chose, car cela permet à Homeland de ne pas se noyer complètement dans la vie de Carrie. Sans Brody, nous avons perdu un point d’entrée dans la série et Quinn, qui fut souvent négligé, pourrait en quelque sorte prendre sa place et ainsi offrir une perspective possédant une tonalité distincte. Il faudrait simplement lui donner une direction à suivre.
Il y a donc du travail sur la planche pour les scénaristes qui sont apparemment aussi préoccupés par ce reboot de leur histoire que par entretenir une forme de continuité. C’est cette seconde partie qui s’avère être la plus inconsistante pour l’instant, tandis que la première gagnerait à s’appuyer sur des ressorts dramatiques moins familiers. Néanmoins, Homeland débute sa saison 4 avec de quoi donner envie de s’investir dans ce nouveau mystère. Il serait juste pertinent d’injecter un peu de sang neuf dans la distribution, car vraiment ajouter des personnages dans la partie espionnage du show permettrait probablement de renforcer cette idée de nouveau départ. Pour le moment, il semble surtout que quelque chose se construit sur les restes des précédentes saisons et cela manque un peut de stabilité.