C’est un peu le même schéma depuis la saison 4, les scénaristes de Homeland construisent les premiers épisodes de manière à contourner les véritables enjeux qui finiront par rythmer la seconde moitié de la saison.
Pour le moment, cette saison 6 progresse donc à tâtons. On attend presque à chaque scène qu’un twist force l’apparition d’une vision globale de ce qui se trame. Les storylines avancent ainsi séparément, s’entrecroisant rapidement ici ou là, mais il est difficile de déterminer comment ce que font Carrie, Saul et Quinn finira par mener à quelque chose de substantiel.
C’est particulièrement notable en ce qui concerne Carrie. Son histoire avec Sekou n’est pas dénuée d’intérêt, mais son exploitation est telle que la critique du système qui dominait au point de départ n’apparait déjà plus comme n’étant qu’une vague excuse.
Il apparait néanmoins que Carrie n’est pas vraiment à sa place où elle se trouve maintenant, contrairement à ce qu’elle avance. Ses motivations sont bonnes, mais elle se comporte toujours comme une espionne. Peut-être que le but ici est qu’elle finisse par le réaliser.
Au moins, Quinn n’a pas le choix. Par conséquent, même si ce qui le pousse à agir maintenant n’est qu’une dose de paranoïa élevée, on ne peut pas dire qu’il ferme les yeux sur qui il est devenu. D’ailleurs, il est possible qu’il ait raison et que les voisins d’en face espionnent réellement Carrie. La chute de l’histoire n’est pas primordiale, le voyage compte plus que la destination pour lui.
Dans Homeland, ce n’est pas souvent le cas. Certes, Carrie a été transformée par tout ce qu’elle a fait, peu importe où cela la menait. Néanmoins, ce qui la faisait avancer était toujours la conclusion de sa mission. Empêcher un attentat, sauver des vies… ses choix sont motivés par le résultat et c’est bien souvent la fin qui justifie les moyens — ceux-ci étant rarement remis en question une fois que l’intrigue est bouclée.
Le problème à ce stade de la saison 6 est donc qu’il n’y a pas encore de destination, même à court terme. C’est là que Saul entre en jeu visiblement, bien que l’on ne sache pas réellement où son périple qui débute à Abu Dhabi devra nous conduire.
Néanmoins, en attendant, on nous propose des retrouvailles surprises avec sa sœur qui ont le mérite de mettre en avant ce qui a certainement motivé une partie de sa carrière. C’est un développement du personnage qui montre qu’il y a encore des choses à découvrir à son sujet, et ce n’est pas désagréable.
Au bout du compte, le plus surprenant avec cet épisode 3 est qu’il n’affirme toujours pas d’enjeux distincts pour occuper cette première moitié de saison 6. On avance en quelque sorte à l’aveugle, attendant que Carrie se retrouve avec une mission qui devra la mener vers une autre plus importante. C’est indiscutablement à ce niveau que Homeland change le plus cette année et il n’est pas encore dit si cela est une bonne ou une mauvaise chose.
Homeland prend une semaine de pause pour cause de Super Bowl, le prochaine épisode sera diffusé le 12 février sur Showtime.
