Après avoir perdu son prisonnier, la CIA ordonne un polygraphe à toutes les personnes qui ont été en contact avec l’homme, dont Brody. Carrie voit là une opportunité d’exposer enfin ce qu’elle soupçonne : que le sergent est un traitre.
Carrie ne démord pas, Brody est un traitre. Dans The Good Soldier, la personnalité borderline de l’agent de la CIA est exploitée à son maximum, cette dernière se mettant à brouiller la ligne entre professionnel et privé pour obtenir ce qu’elle veut. Cela lui revient royalement en pleine figure à la fin de l’épisode, mais avant cela, la compagnie progresse.
Ce n’est pas du côté du sergent Brody que la possibilité de prévenir la prochaine attaque terroriste prend forme, mais du côté du couple qui est maintenant en fuite après avoir été exposée. Avec ses problèmes personnels chez lui, Saul semble trouver dans son travail son salut psychologique – même si le polygraphe est là pour nous montrer qu’il est émotionnellement à vif. C’est justement toute la subtilité de cette technologie que la télévision nous a, à maintes reprises, présentée comme faillible. Consciente de ce fait, l’équipe créatrice en profite pour jouer avec les sentiments de ces personnages, David saisissant cette opportunité pour signifier toute sa rancœur envers Carrie. Cette dernière est responsable du test, présenté au supérieur pour tenter de laver la CIA de tous soupçons suite à la bévue qui a mené à la mort du prisonnier qui s’est pris la vie.
Pour elle, c’est aussi enfin la possibilité d’exposer à tout le monde le traitre qu’est Brody. Homeland s’amuse à poser ses soupçons un peu partout maintenant que Carrie et Nick ne sont plus de parfaits étrangers. La petite soirée arrosée du duo offre un nouveau visage aux deux personnalités, brisant quelques idées qui ont pu germer à la suite de ce qui a pu être observé chez la famille Brody. C’est aussi le moment choisi pour mettre une petite pointe d’humour réussi dans l’épisode avant que la tension ne reprenne ses droits.
Le petit jeu de dissimulation et d’observation se complexifie donc. Brody reste toujours instable, mais à la différence de beaucoup d’autres personnages de la série, il tend à l’exprimer par de la violence. Si les problèmes psychologiques du sergent sont source de confusion et empêche de véritablement cerner s’il est un traitre ou non, la série ressasse un peu trop les mêmes idées (la mort de son camarade, la tromperie de sa femme), sans pour autant y ajouter du neuf.
Les problèmes conjugaux sont en tout cas la source de multiples réactions que le polygraphe expose. Surtout, à la toute fin, personne n’est totalement dupe. Les tourments émotionnels de Saul nous avaient montré un peu plus tôt que cela ne tenait réellement qu’à un contrôle de soi. Entre des agents de la CIA ou des militaires entrainés, ce n’est assurément pas la meilleure des méthodes pour faire jaillir la vérité à la surface, mais assurément un procédé scénaristique pour faire naitre des doutes.
Les apparences sont donc trompeuses, le couple en fuite est là aussi pour le démontrer, avec la femme qui se révèle être la terroriste – une découverte que fait ici la CIA. Cette partie se révèle dans sa démarche assez prévisible, bien qu’elle tente pourtant de se construire à contre-courant des idées reçues.
Au final, The Good Soldier manque peut-être d’un peu d’éléments de surprises, car il n’était pas bien difficile de deviner où le polygraphe allait nous mener. C’est plus prometteur et dangereux par contre au niveau de la relation entre Brody et Carrie, tandis que Saul s’affirme définitivement depuis le précédent épisode en prenant la place qu’il mérite au sein de la série.