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Hung – Saison 2

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Hung Saison 2 - Hung - Saison 2

Ray, le coach, poursuit sa carrière dans la prostitution, partagé entre deux maquerelles, Tanya et Lenore, qui continuent à s’opposer.

Dans la première saison de Hung, nous avions vu Ray, un coach sportif travaillant dans un lycée, se lancer maladroitement dans le business de la prostitution, avec pour maquerelle la bien intentionnée, mais très inexpérimentée, poétesse Tanya. Cette fournée d’épisodes avait dévoilé un potentiel, malheureusement pas toujours bien exploité.

La saison 2 redresse – en partie – le tir. La série reprend là où elle s’était arrêtée, et non, Jessica n’apprendra rien de la nouvelle profession de son ex-mari. Cela aurait pu être une piste intéressante à explorer, mais il semble que le mot d’ordre, cette année, était de mettre l’accent sur le côté comique de la série. Ça ne sonne pas toujours très juste, c’est même parfois carrément poussif, mais globalement, les scénaristes ont réussi à instaurer des gimmicks qui fonctionnent.

Cette saison apparaît être celle de l’affirmation pour la plupart des personnages. Celle qui l’illustre le mieux, c’est Tanya, dont l’excellent trio avec Lenore et Ray est le noyau central de ces épisodes. Je suis sûr qu’elle en aura irrité plus d’un. Pour ma part, j’avoue avoir un faible pour la cinglée de service. J’admire surtout l’interprétation de Jane Adams, son jeu ne sonne jamais faux et toutes ses gesticulations paraissent « naturelles ». Il y a beaucoup de créativité dans son travail, malheureusement les scénaristes ne sont pas toujours aussi inventifs. Certaines des « crises » de Tanya ont véritablement l’air forcées, comme si on devait en avoir une par épisode. De plus, un des défauts inhérents à la série est de ne pas continuellement savoir où elle va : le moment où Tanya kidnappe le chien de Lenore en est un bon exemple. Par contre, son association avec Charlie (Lennie James, parfait en proxénète/mentor) est très bien trouvée et contribue vraiment à l’émancipation du personnage. Elle défie sa mère, Lenore, Ray. Elle se laissera emporter un peu loin, mais la fin remet les compteurs à zéro, pour tout le monde d’ailleurs.

Cette année, plus que la précédente, il est beaucoup question de la période du lycée, de qui était populaire, et de qui ne l’était pas. Cette dynamique est bien sûr présente avec les enfants qui luttent chacun à leur façon pour se défaire du passé glorieux de leurs parents, passé qu’ils ne recréeront jamais. Il est regrettable que si peu de place leur soit accordée, car ils apportent une touche de bon sens bienvenue. Maintenant que Tanya est le mentor de Damon, peut-être cela sera-t-il plus développé.

Mais une fois adultes, les dynamiques changent, les geeks épousent les reines du lycée, et les champions de baseball se retrouvent à vivre dans une tente. La saison se posera la question de savoir si ce constat est véridique. En effet, les tortures que Lenore – la vraie sociopathe de la série – fait subir à Tanya font penser à du bizutage. De plus, on assiste à la dislocation du mariage de Ron et Jessica, au profit de la réunion de Ray avec son ex-femme. C’est le côté guimauve de Hung : les deux jouent au bowling ensemble, retrouvent une complicité, puis sont séparés artificiellement (Ron veut soudain avoir un enfant), pour être réunis par un procédé tout aussi peu subtil (l’éruption cutanée). C’est tellement conventionnel (la scène du lac) que ça fait presque tâche. Au moins, Anne Heche et Thomas Jane ont plus d’alchimie que l’an passé.

Il y a néanmoins une histoire d’amour réussie cette saison, celle de Frances et Mike. Le point de départ est intéressant : il ne sait pas qu’elle paye Tanya pour sortir avec lui. Les scénaristes peinent cependant à trouver une direction à cette histoire, mais elle reste pleine de poésie. La question de savoir comment trouver l’amour passé un certain âge est finalement très en lien avec le thème de la prostitution. Celui-ci s’efface au fur et à mesure que les épisodes passent, les clientes sont pourtant très réussies cette saison et arrivent souvent à bien mêler le divertissement avec la réflexion plus profonde.

Car l’humour de Hung est bien noir. Nous avons là une série de la crise. Même Ron et sa famille ont des problèmes d’argent, maintenant. On nous dépeint une Amérique qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, obsédée par un passé « glorieux » (nostalgie du lycée). Une Amérique qui s’accroche au capitalisme comme à une bouée – crevée – de sauvetage pouvant tout régler, y compris la solitude. Une société où, pour réussir, il faut exploiter le malheur des autres, à l’instar de la diabolique Lenore (géniale Rebecca Cresckoff). Heureusement, ce constat sombre est nuancé par de vrais moments humanistes : l’amitié entre Ray et Tanya en est le meilleur exemple.

Les dix épisodes qui constituent cette seconde saison de Hung sont inégaux, la faute à des intrigues qui ne sont pas toujours maîtrisées. Pourtant, ils furent beaucoup plus plaisants à suivre que les dix premiers. La série est estivale, et elle l’assume enfin. Elle n’est plus un drama coincé dans le corps d’une comédie, mais une véritable dramédie. Bien sûr, elle continue d’être maladroite, avec des ambitions pas constamment à sa mesure, mais le ton est globalement beaucoup plus homogène. La force de la série reste ses personnages attachants qui lui donnent toute l’humanité qui manquait à son pitch de départ – il faut le dire – racoleur.

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