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In Treatment : retour sur 9 semaines de thérapie

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Après 43 épisodes, 9 semaines, la première saison de In Treatment est terminée. Il est donc temps de revenir sur une des séries les plus originales, mais aussi une des plus exigeantes et intenses qui aie été faites. Certes, il ne s’agit que de l’adaptation d’une série Israélienne (BeTipul), et le crédit ne peut pas totalement aller vers HBO, mais il faut reconnaître que la chaine, que beaucoup aujourd’hui enterre, a montré qu’elle avait le courage de son ambition, faire de la TV autrement.

Il faut bien l’admettre, en continuant sa recherche dans l’originalité et l’innovation, HBO a perdu une partie de ses supporters. On attend de ses programmes qu’ils soient comme les précédents, alors que ses héritières tentent désespérément, et sans grands succès, de reproduire la recette, mais sans l’ingrédient secret, ça ne peut pas marcher. Il ne faut pourtant pas regarder beaucoup d’épisodes de In Treatment pour se souvenir de ce qui est à l’origine du succès des séries de la chaine. Ce n’est pas la provocation, la violence ou le sexe. Ce n’est pas non plus l’argent, même si ça aide. Non, c’est beaucoup plus simple que ça.

On parle bien sûr ici de liberté artistique, de pertinence, et de qualité d’écriture. Avec In Treatment, il y a tout ça, avec en plus, un handicap, mais surtout, un concept. 5 jours par semaine, durant 9 semaines. Il était difficile d’imaginer, avant cette série, qu’une chaine puisse demander au public américain un tel investissement. Même si, au départ, on pouvait croire que l’on avait la possibilité de choisir la thérapie que l’on voulait suivre, on se rend vite compte qu’il est impossible de s’astreindre à quelques jours par semaine. C’est là que la qualité de l’écriture prend toute son importance. Certains, vu le thème, auraient pu penser que l’on allait entrer dans un cercle vicieux où voyeurisme était le mot d’ordre, mais quand Paul Weston est avec ses patients, il n’est pas question de s’immiscer dans la vie d’inconnus, mais plus de se confronter avec une réalité qui pousse à l’empathie, à la passion, à la colère, à l’indifférence. On ne se retrouve pas forcément dans tout ce qu’ont vécu Laura, Alex, Sophie, Jake, Amy, ou même Paul, mais il est difficile d’y être insensible.

Après une première semaine déroutante, on va commencer à se passionner pour ces patients et leur thérapeute. On pensait qu’une certaine lassitude se ferait sentir à cause du rythme soutenu, on se rend vite compte que c’est justement cette obligation journalière qui donne à la série sa cohésion. Ainsi, même si Paul nous est étranger, on va vite commencer à partager ses frustrations, peut-être pas toujours pour les mêmes raisons, mais la pression atteinte à la fin d’une séance peut nous laisser dans un état qui nous surprend.

Quand le ton est monté. Quand des choses ont été dites, mais pas forcément comprises, entendues, ou peut-être trop bien saisies. Quand on craint pour la vie de Sophie. Quand on se demande si Alex reviendra. Quand on espère que Jake et Amy réussiront à s’entendre. Quand on ignore si Paul va réussir à résister à Laura une fois de plus.

Bref, l’investissement que demande la série n’est pas relatif au temps passé à la regarder, c’est, avant tout, notre implication émotionnelle qui est importante, et qui fait toute la différence. C’est là que In Treatment se montre différente, et surtout unique.

Bien sûr, on peut rester sur un plan plus terre-à-terre. Relativiser sur les choix faits par les patients. Discuter de la moralité du docteur. C’est aussi une source inépuisable de discussions qui accompagne la série, mais ce n’est pas là que se trouve réellement l’expérience In Treatment.

Certains peuvent donc déjà prononcer la mort de HBO, mais il est assez difficile d’imaginer, aujourd’hui, une autre chaine capable d’offrir une expérience télévisuelle aussi intense à ses téléspectateurs. Certes, ces derniers ne sont peut-être pas nombreux à vouloir, ou à être prêt à vivre cela, mais la chaine ne peut pas être condamnée pour n’avoir pas choisi de suivre la voie du consumérisme facile.

Merci HBO pour ses neuf semaines. Il ne nous reste plus qu’à demander une seconde saison.

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