Cet article de Jane The Virgin aborde les évènements ayant pris place dans l’épisode 3 de la saison 3 et contient des spoilers.
Vous pouvez toujours l’appeler Jane, mais vierge n’est plus un adjectif d’actualité. Notre héroïne a enfin sauté le pas et offert sa virginité à son mari Michael.
Lorsque l’on nomme sa série Jane the Virgin, l’attente est créée chez le spectateur avant même la diffusion du pilot sur le « quand ? », « comment ? » et surtout « avec qui ? » le grand moment aura lieu. C’était un pari extrêmement risqué pour les scénaristes qui ont repoussé jusqu’aux limites de l’acceptable, et avec des stratagèmes peu originaux (vous avez dit immobilisé par une blessure ?), la première fois de Jane.
Meilleur moment de sa vie ou ratage total ? C’est une option intermédiaire et particulièrement maligne pour le développement des personnages qui a été retenue. Pression, stress et maladresse faisant, Jane simule un orgasme pour ne pas décevoir Michael. Elle passera le reste de l’épisode à chercher une façon de se défaire de ce mensonge et finira difficilement à accepter, perfectionniste qu’elle est, que tout s’apprend et se perfectionne.
Cet épisode de Jane The Virgin est beau et touchant, bien plus proche du commun des mortels que ces premières fois exceptionnelles et torrides, durant des heures sur un fond de musique romantique, bien trop souvent représentées au cinéma et à la télévision. La réaction de Jane, la discussion avec son amie, avec sa prof et la fierté de Michael qui en prend un coup, tout cela est très symptomatique de toute la pression de la société actuelle autour du sexe et du manque de communication qui l’entoure.
Cet épisode revient également sur cette sacralisation de la première fois, et tout ce que cela pouvait représenter pour Jane. Cela a beau être le titre de la série, la virginité de Jane n’est pas un sujet perpétuellement mis sur le devant de la scène. Si la saison 1 nous avait confié les peurs et les envies de Jane sur sa première fois, cet épisode revient tout en finesse sur la perception de Jane et sur son évolution. Un peu déstabilisée par ce cap franchi, mais surtout surprise et déçue que sa vie n’en soit pas totalement changée, Jane est un peu perdue.
La plus belle scène de l’épisode est très certainement la conversation mère-fille, qui dénouera bien des situations, où Xiomara sait trouver les mots justes pour apaiser les angoisses de Jane et relâcher les tensions en relativisant. Ce duo fonctionne, et cette proximité maternelle s’avère être juste ce qu’il faut de touchant sans verser dans le gênant. On peut aussi noter l’excellente performance de Gina Rodriguez, qui montre ici à la fois l’étendue de son talent comique et dramatique.
Parce que Jane The Virgin est une comédie et que chaque héros a eu droit à sa prise de conscience, Jane et Michael ont finalement droit à leur grand moment, et c’est tellement bien amené qu’on pardonne à la série ce retournement si rapide. Autre force de l’épisode, il intègre parfaitement cette trame tant attendue au reste de la saison, Rogelio et Rafael ayant aussi droit à de belles évolutions.
À la fois très bien écrit et visuellement très recherchée, cet épisode incluant de magnifiques passages en animation, est une réussite qui n’en fait pas des tonnes et se concentre sur ces personnages. La transition est faite, la série s’est débarrassée d’un sacré poids, il va maintenant falloir rebondir et apporter de nouveaux enjeux au couple de Jane et Michael, mais les scénaristes de Jane The Virgin ont toute ma confiance.