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La théorie du K.O. : Il faut lutter pour s’en sortir (festival Séries Mania)

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La theorie du ko - La théorie du K.O. : Il faut lutter pour s'en sortir (festival Séries Mania)

series mania festival logo - La théorie du K.O. : Il faut lutter pour s'en sortir (festival Séries Mania)La 6e édition du Festival Séries Mania se déroule à Paris du 17 au 26 avril 2015. Présent sur place pendant quelques jours, Thomas couvre ainsi l’évènement et les séries qu’il découvre à cette occasion. Retrouvez tous les articles concernés en cliquant sur le tag Festival Séries Mania.

Les Québécois nous font souvent rire. Au-delà de leur accent qui nous amuse toujours un peu nous français, la province canadienne a toujours trouvé son public ici lorsqu’il s’agissait de nous faire marrer. Des comédiens de stand-up au cinéma de Denis Arcand, leur sens du décalage, assez proche de l’humour anglais, ont souvent exporté son savoir-faire. Au niveau des séries, il n’y a pas à rougir non plus, rappelons qu’Un gars, une fille ou encore Les Invincibles ont été importées du Québec. La théorie du K.O. vient confirmer la bonne santé de la comédie locale à travers cette histoire de famille en deuil, suite au décès de la mère, qui va tenter de retrouver un nouveau sens à sa vie à travers… le catch. Oui oui, le catch. Le créateur et scénariste Martin Forget prend donc le terme de lutte pour la survie au premier degré et distille au sein des deux premiers épisodes une leçon de vie et d’amour sincère, touchante et, surtout, très amusante.

À la fois rentrée d’argent facile (tout est prévu et rien ne fait vraiment mal) et moyen de retrouver grâce aux yeux de son jeune fils, Carl intègre donc ce spectacle de lutte pour tenter – c’est là tout le décalage de la série – de conserver un semblant de dignité, d’autorité et de respect. Le tout en combinaison moulante et masque flashy. Pas évident. Mais le rythme assez mélancolique dans ses phases d’interactions psychologiques, et très découpé et rapide dans les quelques phases de combat vues jusqu’ici, font de La Théorie du K.O. une série montagne russe qui fait passer par de nombreuses émotions, tout le temps justes, principalement grâce à ses acteurs principaux.

Rémi-Pierre Paquin tout d’abord, en père dépassé, mais pas désespéré, est brillant. Émouvant dans ses faiblesses, il n’en est que plus ridicule en essayant de se convaincre que la lutte est la meilleure façon de surpasser son deuil. Le voir demander à son fils de ne plus parler à sa défunte mère (alors qu’il ne le fait pas vraiment) alors que lui-même s’en donne à cœur joie dès qu’il en a l’occasion, se révèle plutôt bien vu et montre la dichotomie entre les discours et les actes d’un homme complètement perdu. Les enfants ensuite, Jamie et Jonathan (respectivement Ludivine Reding et Elliot Miville-Deschênes) sont touchants dans leur façon beaucoup plus rationnelle et raisonnable d’aborder la perte de leur mère. Entre l’ado qui refuse l’avenir brillant qui lui est promis et l’enfant qui aimerait voir en son père autre chose qu’un scribouillard de bureau, ils forment une fratrie hétéroclite, mais cependant unie. Vient enfin Carol (la star québécoise Michel Côté, vu dans C.R.A.Z.Y), grand-père vaguement mythomane qui a passé son temps à ruiner l’enfance de son fils en lui faisant croire à des vies rêvées, principalement en tant qu’agent secret, alors qu’il n’était qu’un simple vigile, et en passant désormais son temps à chronométrer des exercices d’évacuation pour garantir la sécurité de sa famille. Chacun gère la mort comme il peut… Il ne faut pas oublier non plus la galerie de trognes de la salle de catch où figurent des hommes fragiles, timides ou indécis, dont Eddie Amin Dada, la « strip teaseuse » comme l’appellent ses collègues, qui finance ses études de droit en combattant sur le ring. De quoi aussi, pour Carl, trouver dans les vestiaires une autre famille.

La loufoquerie n’est donc jamais loin dans La Théorie du K.O., mais les épisodes ne perdent jamais le cœur de leur récit, la famille, et ce qui la constitue. Le catch (la lutte en québécois, foutus anglicismes français !) étant culturellement peu répandu ici, peu de chances qu’une diffusion telle quelle se fasse en France, malgré le caractère très universel de la série. Mais s’il y a bien une chose que ces fictions sont capables de faire, c’est traverser les frontières. Alors pourquoi pas celle-ci ?