Disponible sur Netflix, la série Le Parfum fut plus ou moins présentée comme l’adaptation du célèbre roman du même nom de Patrick Süskind (déjà adapté en film en 2006).
L’histoire prend place de nos jours, quelque part en Allemagne. Le corps d’une chanteuse est retrouvé mutilé à son domicile. Son crâne a été rasé, ses intestins vidés et ses glandes situées au niveau des aisselles et des parties génitales ont été prélevés. La détective Nadja Simon est dépêchée sur place pour mener l’enquête. Elle va découvrir que la victime faisait partie d’un groupe d’amis qui avaient été très proches à l’époque du pensionnat. Et alors que ceux-ci se retrouvent pour les funérailles, il semblerait bien que les secrets de l’adolescence refassent surface.
Mais où est passé Jean-Baptiste Grenouille ?
Évidemment, Le Parfum de Patrick Süskind est un classique et lorsqu’on est fan de la complexité de ce roman et de son univers, on ne peut que se réjouir qu’il soit adapté en série. On suppose dans un premier temps que l’histoire de Jean-Baptiste Grenouille est simplement réécrite à notre époque – le roman se déroule dans le Paris du XVIIIe siècle. On va en fait vite se rendre compte qu’il ne s’agit absolument pas d’une adaptation !
En effet, si le roman et son personnage principal sont présents à chaque rebondissement de l’enquête, le livre sert en fait de référence aux personnages. Le Parfum fascinait le groupe d’adolescents et la détective Simon va s’appuyer sur sa lecture pour mener son enquête.
Il faut donc accepter de ne pas retrouver l’histoire comme on s’y attendait. Il est tout de même intéressant de voir comment elle a pu inspirer les scénaristes et à quel point chacun des personnages principaux semble posséder une caractéristique de Grenouille.
Thriller entêtant et violent
Ce détachement de l’œuvre générale permet finalement de se concentrer sur cette investigation qui suit finalement deux trames narratives. D’une part le présent avec le meurtre, mais aussi les névroses de chacun, suspects et enquêteurs. Un présent froid à l’esthétique qui n’est pas sans rappeler celle des polars nordiques. D’autre part on suit ces 6 adolescents dans une sorte de découverte du passage à l’âge adulte. Et si on est bien loin de l’innocence, l’image est auréolée d’une chaleur ensoleillée qui réchauffe et décuple les odeurs.
Il faut donc s’accrocher entre le présent et les flashbacks, les secrets de chacun des personnages et les suspicions qui évoluent tout au long des 6 épisodes de cette série. Il faut aussi s’accrocher émotionnellement, car la série est visuellement et psychologiquement très violente. Prostitution, viol, violences domestiques et harcèlement moral, tout y passe. Les femmes sont les premières victimes, au propre comme au figuré. D’ailleurs, si elles semblent être l’obsession principale de bon nombre de personnages et d’intrigues, les femmes sont finalement dépeintes de façon peu flatteuse. Mais objectivement, ça n’est guère mieux pour la gent masculine !
Un Parfum à qui il manque une petite note de fond
Si l’on ne peut clairement pas se détacher de cette histoire avant d’en connaître le fin mot, je regrette néanmoins un manque de consistance sur le dénouement. Certaines clés sont de vraies surprises et d’autres ont pu être devinées bien en amont. C’est finalement le côté fouillis des dernières révélations qui fait quand même un peu tourner la fragrance…
C’est bien dommage, car Le Parfum, son impact sur les gens et son processus de distillation sont vraiment partie prenante de cette histoire et en font finalement la ligne scénaristique la plus intéressante de toutes. Un peu comme dans le roman d’ailleurs.
Même si l’on peut regretter un certain empressement sur la fin de saison, cette série allemande arrive néanmoins à livrer une bonne intrigue en prenant le risque de ne pas adapter le roman éponyme, mais en s’en inspirant. Ce qui permet également de plaire à ceux qui connaissent le livre, sans perdre ceux qui ne l’auraient jamais lu.