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Legion Saison 2 : Odyssée du surmoi

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Legion Saison 2 - Legion Saison 2 : Odyssée du surmoi

Avec sa première saison, Legion explorait brillamment la psyché-monde de David, mutant superpuissant et fils du Professeur Charles Xavier. Grâce à sa nouvelle fiction, Noah Hawley (Fargo) laisse libre cours à sa créativité, prenant appui sur la psychologie dérangée de son personnage principal pour proposer un objet artistique débridé visuellement et narrativement.

En saison 1, l’expérimentation visuelle souligne alors parfaitement les différents états mentaux par lesquels passe David, utilisant alors les différents genres utilisés et les effets techniques inhérents (film d’horreur et sang, film muet et jeu d’acteur, etc.) pour illustrer et approfondir son exploration. L’ensemble paraissait souvent nébuleux, mais se révéla petit à petit être comme un puzzle en plusieurs dimensions où le spectateur doit prendre en compte autant ce qui est dit que la manière dont ça l’est.

Nous avions quitté David se débarrassant de Farouk, le parasite vivant à l’intérieur de sa tête, avant d’être lui-même enfermé dans un globe. Quelque temps après, il revient pour découvrir que ses alliés sont désormais au service de la Division 3 pour contrer un ennemi encore plus fort une fois libéré. Il se retrouvera alors à déjouer les plans de celui-ci, mais aussi les démons intérieurs qu’il a encore ou qui habitent ses amis.

En soi, cette seconde saison va plus loin dans l’histoire que la première qui stagnait pour mieux développer son concept. Mais enferrée dans ses ambitions visuelles, elle ne peut alors se départir d’un exercice de style utilisé comme cahier des charges pour faire croître son histoire. Si David n’est toujours pas sain d’esprit, son état ou ses pouvoirs ne justifient ces plans baroques qu’une fois sur deux. Cela participe à rendre le récit (et Legion par extension) un peu opaque.

Bien sûr, Legion reste un divertissement intelligent, mais qui l’est peut-être trop pour son propos bien. En lorgnant sur une fragmentation à la Twin Peaks, Hawley croule sous les effets visuels et en oublie qu’il doit raconter une histoire à partir de cela. David est constamment en quête de vengeance ou d’un sauvetage, mais rien n’est fait pour que l’univers de la série soit étendu, que le propos soit un peu plus épais qu’une simple bataille dans les limbes d’esprits dérangés. Ou il ne fallait pas autant de personnages.

Le style prend le pas sur la substance et la profondeur disparaît donc. Quand arrive la mi-saison et que l’on se rend compte que Lenny a peut-être été ressuscitée au prix de la sœur de David, l’empathie et l’envie d’en savoir plus se mettent en retrait au détriment de la manière dont va être raconter l’histoire. De plus, le sous-texte que Noah Hawley insère systématiquement dans son récit sur la nature humaine et ses apparences est tellement régulier que son impact est moindre. Le geste artistique est exceptionnel, l’intérêt narratif limité.

Tout est question de perception(s) dans Legion, encore plus dans cette saison qui mêle présent et futur pour antagoniser David ou nous brouiller sur les frontières entre le bien et le mal, les affinités des personnages et questionner la dangerosité des pouvoirs que notre “héros”. Qui est-il ? Qui sera-t-il après ses récents affrontements avec Farouk ou les pertes qu’il subit ? La toile narrative est complexe, dense et intéressante à explorer, mais encore une fois, son opacité nous en éloigne.

En ce sens, le final est représentatif des qualités et des défauts désormais inhérents à la série. Après avoir vu le dernier combat contre Farouk et sa capture, il enchaîne les retournements de situations jusqu’à faire de David le grand méchant dont tout le groupe va devoir empêcher les exactions. Formellement impeccable, notamment sa scène d’introduction dantesque et clipesque, l’épisode nous propose une narration qui exploite la psyché de David pour nous proposer une nouvelle situation pour tous les personnages une fois sortie de celle-ci. Tout ceci est intéressant, mais va trop vite et nous répète trop le même schéma pour que l’on se sente pleinement concerné, à l’image de sa relation avec Syd qui ennuie plus qu’autre chose désormais.

En définitive, cette seconde saison pousse peut-être le récit plus loin que sa première partie introductive, mais charge trop la mule pour qu’au final tout soit aussi organique que la première saison. Legion est très loin d’être mauvaise, mais met plus dans la forme que dans le fond et c’est bien dommage. Il en reste onze épisodes sous tension psychologique qui ne sont jamais avares en détournements de situation.

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