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Les Misérables : Le classique de Victor Hugo vu par le prisme britannique (sur Chérie 25)

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les miserables bbc - Les Misérables : Le classique de Victor Hugo vu par le prisme britannique (sur Chérie 25)

Après avoir porté à l’écran Guerre et Paix en 2016, Andrew Davies a poursuivit son exploration de la littérature classique en se tournant vers une œuvre emblématique française, à savoir Les Misérables, dont l’adaptation fut diffusée sur BBC One en début d’année 2019 et est aujourd’hui proposée par Chérie 25.

Le roman de Victor Hugo prend place dans Paris et la France provinciale du XIXe siècle. L’histoire nous relate plus particulièrement le destin du bagnard Jean Valjean — n° 24601 — emprisonné pendant près de 20 ans pour avoir volé un morceau de pain et tenté d’échapper à son sort plusieurs fois.

Libéré, Valjean ne tarde pas à découvrir que la vie d’un ancien condamné est brutale, et qu’il est jugé partout où il va. Hanté par son passé, c’est sa rencontre avec l’évêque de Digne qui va le forcer à faire face à sa propre moralité et au genre de vie qu’il souhaite mener.

Cependant, Valjean fait ce choix après avoir commis un nouvel acte criminel et volé de l’argent à Petit Gervais. Cet acte met alors à ses trousses le policier Javert, convaincu qu’un homme né criminel et que Valjean ne peut devenir un honnête homme. Disons-le tout de suite, personne dans toute l’histoire de la littérature n’est capable de garder en lui tant de rancune que Javert.

C’est ainsi que s’amorce l’épique récit de Victor Hugo, où se multiplient les « monsieur » et « madame » ainsi que les dialogues en français en fond pour mieux nous rappeler que nous sommes en France. Un artifice un peu inutile, mais pas désagréable et qui crée un effet parfois amusant (surtout avec les accents).

Les thématiques sociales de l’œuvre sont toujours poignantes et n’ont tristement rien perdu de leur véracité. Entre la condamnation sociale, la dégradation de l’homme par la pauvreté et l’impossibilité de fuir son passé, Les Misérables nous offre une peinture sociale riche et désarmante, où le malheur est omniprésent malgré la volonté de se battre et d’améliorer sa condition.

L’ensemble est naturellement porté par un Jean Valjean aussi imparfait que touchant, et incarné à la perfection par Dominic West, inspiré d’un bout à l’autre de la mini-série. De la rage qui consume le personnage pour son traitement inégal à son sentiment de culpabilité et de honte qui refuse de le quitter en passant par tous ces efforts pour devenir une meilleure personne et aider son prochain, Valjean est le héros romantique par excellence. Il traverse les épreuves de la vie les unes après les autres et agit pour réparer ses erreurs.

Face à West, David Oyelowo prête ses traits au plus que borné Javert et s’impose avec une aisance déconcertante, donnant à la quête de cet homme aveuglé par ses principes une dimension tragique aussi palpable que stupide. Et bien évidemment, Lily Collins dans la peau de Fantine n’est pas en reste, donnant vie à une jeune fille naïve et manipulée que la vie va tout simplement détruire.

La famille Thénardier vient compléter le tableau pittoresque, le couple (Adeel Akhtar  et Olivia Colman) étant difficilement égalable dans ses escroqueries, sa soif d’argent et son don particulier pour monter en épingle un évènement. Le « sauvetage » du père de Marius à la bataille de Waterloo possède sa propre épopée, devenant de plus en plus énorme à chaque fois qu’elle est racontée, à l’image de Monsieur Thénardier, personnage plus grand que nature, corrompu jusqu’à la moelle, sorte de vermine qu’on n’arrive jamais à éliminer et qui est toujours là, même lorsqu’on ne l’attend pas, prête à exploiter une situation. La vie est sans aucun doute injuste, voilà définitivement ce que l’on peut se dire lorsqu’on ne cesse de le voir ressurgir.

Pour Les Misérables, le bât blesse en vérité dès lors qu’il revient à Cosette (Ellie Bamber), fille de Fantine, et Marius (Josh O’Connor), petit-fils d’un royaliste et fils d’un bonapartiste, de prendre en partie les commandes du récit. La première s’affirme en adolescente fade un peu trop capricieuse et le deuxième en amoureux éperdu simplet jusqu’à l’émeute de juin 1832. C’est dans le sang que ce dernier gagne en prestance, même si pour le coup, c’est l’exécution qui pêche.

Œuvre visuel soigné, que ce soit dans ses grandes étendues, son ambiance provinciale ou son portrait d’un Paris loin d’être propret et sûr, Les Misérables est agréable à l’œil, sans pour autant distraire du propos. Cependant, il est difficile de ne pas avoir quelques moments d’arrêts quand la population se soulève et nous mène aux barricades. Auprès des étudiants amis de Marius, cette émeute aussi sanguinolente est-elle censée être souffre d’une exécution manquant de lisibilité et de véritables images haletantes. L’ensemble est étrangement plat, les personnages ne pouvant alors pas compter sur la réalisation pour les épauler dans leurs grands discours ou leurs confrontations.

Reste qu’après Guerre et Paix, Andrew Davies parvient à donner vie à Les Misérables avec un succès certain. Adaptation fluide portée par un casting inspiré, les faux-pas sont souvent effacés par les performances des acteurs et une passion palpable pour cette histoire qui transpire de l’image. On se laisse alors aisément prendre au jeu, emporté dans ce portrait de la misère et de l’injustice maintenu par la loi et les coutumes. On ne peut plus monter de barricades dans Paris, mais l’œuvre humaniste n’a rien perdu de sa force et offre dans cette adaptation une vibrante peinture sociale.

Un air de déjà vu ? Cet article a déjà été publié suite à la diffusion britannique en 2019. Il est aujourd’hui remis en avant à l’occasion de la programmation de la mini-série en France, sur Chérie 25 à partir de ce samedi 27 mars à 21h05.

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