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Séries Love : Une histoire d’amour contrariée

Love : Une histoire d’amour contrariée

Love Saison 1 - Love : Une histoire d’amour contrariée

Généralement, les histoires d’amour portent sur des personnes qui sont faites pour être ensemble. Aussi toxiques qu’ils soient pour leur entourage, Jimmy et Gretchen de You’re The Worst ruinent la vie des autres, côte à côte. Création de Lesly Arkins et Judd Appatow, Love s’intéresse aux relations d’aujourd’hui, dans un monde éternellement connecté et égoïste, où les gens savent davantage interagir avec leur smartphone qu’avec leurs semblables. Elle innove d’ailleurs dans le genre de la rom-com, puisque Mickey (Gillian Jacobs) et Gus (Paul Rust) ne sont absolument pas faits pour être ensemble.

Ce point-là représente un peu le défaut de la série. En quoi peut-on s’impliquer dans les péripéties de deux personnes qui iraient clairement mieux l’une sans l’autre ? Les rares fois où ils agissent comme un couple, Gus et Mickey passent un très mauvais moment.

Ce que réussit à faire Love en revanche, c’est de nous présenter des personnages très complexes. Gus est absolument fascinant, et l’interprétation de Rust y est pour beaucoup. Il apparaît dans le pilote comme interprétant l’archétype du mec sympa, sauf qu’on se rend progressivement compte de l’hypocrisie de Gus. Il reste cependant gentil parce qu’il n’ose pas assumer ses prises de position. C’est de la fausse gentillesse, et Gus mène une terrible lutte intérieure pour ne pas passer du côté obscur.

De son côté, Mickey ne sait pas ce qu’elle veut. Fondamentalement perdue dans la vie, elle essaie de lui donner un sens en recherchant le concept de l’amour. Elle reste fragile, effrontée et sûre de ses convictions, et elle réagit mal à la gentillesse des autres, tout simplement parce qu’elle n’est pas familière avec le concept. En fait, on a l’impression d’assister à un spin-off centré sur Britta, le personnage de Community qu’interprétait Gillian Jacobs.

La carte maîtresse de Love se prénomme Bertie (Claudia O’Doherty), la colocatrice de Mickey. Elle n’est pas somme Gus, faussement gentille ; c’est l’incarnation même de la bonté et de la bonne humeur, et les scénaristes traitent cela comme une force. Alors que l’extrême gentillesse est souvent considérée comme une faiblesse ou comme un moyen facile de se moquer des gens, ici la série l’érige comme la plus grande des qualités humaines.

Il faut dire que les protagonistes de ce show n’en possèdent pas beaucoup. Ce qui devient limite déprimant au bout d’un moment. Il est dès lors difficile de s’impliquer dans l’évolution de personnages qui sont des incarnations de défauts sur pattes. C’est intéressant de voir que la personne que l’on pense connaître – Gus le mec sympa et Mickey la fille cool – sont en fait très éloignés de cette perception dans la réalité. Ce côté dual est magnifiquement mis en exergue par les interprétations de Rust et de Jacobs, toutes les deux excellentes. Par ailleurs, tout le casting de Love se révèle être de qualité.

En réalité, Love se concentre plus sur l’humour que sur son intrigue. Les péripéties de Gus et Mickey dans leurs jobs respectifs ne réussissent jamais réellement à se montrer intéressantes ou engageantes. C’est davantage flagrant du côté de Gus où les personnages à son travail sont juste horribles, ce qui ôte toute envie de suivre ce qui se passe dans la vie d’une série télévisée.

D’un autre côté, de nombreux moments sont clairement là pour faire rire, laissant de côté la pertinence des situations. Cela affaiblit la série, puisqu’on en vient à se dire qu’elle ne possède pas vraiment de but. Il en ressort ainsi un côté inoffensif : Love se révèle en effet être gentillette, sans réel mordant. On sourit à l’humour, certaines situations savent surprendre et la série s’améliore d’épisode en épisode, bénéficiant du procédé du binge watching. Néanmoins, elle ne délivre rien de nouveau, elle n’apporte pas quelque chose en plus au genre.

En définitive, Love est une série inoffensive qui souffre un peu du fait que ses deux personnages principaux ne sont absolument pas faits l’un pour l’autre. Cependant, on passe un bon moment devant, les épisodes réussissent toujours à amuser et Claudia O’Doherty est une révélation. Maintenant, la série a déjà été renouvelée pour une saison 2. Il faudra dès lors que les scénaristes prennent davantage de risques pour proposer une histoire qui soit entraînante, en lieu et place que seulement sympathique.