C’est avec une certaine impatience que j’attendais de découvrir Luke Cage après son introduction convaincante dans la saison 1 de Jessica Jones. Loin d’être déçu, il n’en reste pas moins que ce premier épisode laisse sur sa faim. En fait, le véritable souci est que Netflix n’en est pas à son coup d’essai en termes de production Marvel et le ton donné par Daredevil et Jessica Jones influence fortement le produit fini qu’est Marvel’s Luke Cage.
Il en ressort dès lors un pilote de série dont la force principale n’est pas son approche, mais son appropriation de l’univers. Il aurait été facile de bâcler le propos et de ne pas rendre justice à l’importance que représente la communauté noire dans le développement de Luke Cage. Si le sujet sous-jacent reste qu’avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités, cette introduction garde la problématique ancrée dans un milieu bien précis. Cela permet de ne pas influencer le récit et s’il est certain que les enjeux ne vont faire que monter crescendo par la suite, il n’en reste pas moins qu’il est nécessaire de bien comprendre l’origine du héros pour que ses motivations prennent de l’ampleur.
Le réalisateur Paul McGuigan (qui a aussi signé le premier épisode de Sherlock) parvient d’ailleurs à ne pas tomber dans tous les clichés du genre et donne une consistance aux personnages qui rendent le récit indéniablement plus attractif. Sa caméra sublime plus qu’elle n’accable, délivrant dès le départ un aspect multidimensionnel aux membres de l’univers développé par le showrunner Cheo Hodari. Cela ne serait rien sans les interprétations de Mike Colter et Mahershala Ali qui ressortent grands gagnants de cette introduction. Si leur chemin ne se croise pas encore, ce qu’ils délivrent promet une altercation au sommet. Alfre Woodard et Simone Missick, les seules présences féminines de ce premier épisode, sont également des forces à reconnaître qui imposent leur place dans l’intrigue sans effort.
En soi, Marvel’s Luke Cage délivre ce qui est attendu, mais ne surprend guère. La formule est classique et à l’image des séries Netflix, il est difficile de juger sur la base d’un seul épisode. Heureusement, les personnages sont assez solides pour donner envie de s’impliquer pour le reste de la saison. Il est cependant nécessaire que la suite de l’histoire ne tombe pas dans le travers de rendre son univers trop manichéen. Offrir une lecture qui ne rendrait pas justice à l’importance du déterminisme social dans la construction du moteur héroïque de Luke Cage serait dommageable pour un récit qui dévoile dès à présent son effort de ne porter aucun jugement.
En conclusion, la saison 1 de Marvel’s Luke Cage s’ouvre avec une introduction solide sans qu’elle ne transcende la franchise. Le fait que Luke Cage ait été introduit dans Jessica Jones de façon convaincante est également une bonne chose qui permet au spectateur de prendre ses marques rapidement. Le seul problème est que comme une majorité de créations Netflix, ce premier épisode est empreint d’une lenteur capable de rebuter les moins patients.