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Séries Man in an Orange Shirt : un diptyque sensible autour de l’amour

Man in an Orange Shirt : un diptyque sensible autour de l’amour

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Man in an Orange Shirt - Man in an Orange Shirt : un diptyque sensible autour de l’amour

En 1967, le Parlement anglais vote le Sexual Offences Act visant à dépénaliser partiellement les actes homosexuels. Dans l’optique du 50e anniversaire de cette loi historique, la BBC a décidé de mettre à l’honneur la communauté LGBT+ au cours de sa saison baptisée « Gay Britannia ». Man in an Orange Shirt s’inscrit dans cette volonté de la chaîne publique anglaise.

Ce diptyque scénarisé par le romancier Patrick Gale évoque avec beaucoup de sensibilité deux histoires d’amour se déroulant sur deux périodes distinctes qui se retrouvent liées par le personnage de Flora Berryman.

Jeune femme en 1944, Flora attend avec impatience le retour de son fiancé, Michael (Olivier Jackson-Cohen). Ce qu’elle ignore à cet instant est que ce dernier est tombé amoureux de Thomas (James McArdle), un ancien camarade d’école qu’il a retrouvé durant la guerre. Après la fin du conflit, Michael rejoint Thomas, mais la réalité les rattrape et Michael épouse Flora (Joanna Vanderham). Tout bascule le jour où la jeune mariée découvre la vérité.

Le premier épisode nous présente une période de persécution. L’homosexualité est illégale, car jugée contraire aux bonnes mœurs. L’amour que Michael ressent pour Thomas donne naissance à une peur constante du regard des autres. Il s’enferme dans les apparences de son mariage tout en souffrant de ne vivre qu’un tissu de mensonges.

La suite se déroule de nos jours pour mieux contempler l’évolution des mœurs et les constantes humaines. Le récit s’attarde sur Adam (Julian Morris), le petit-fils de Flora qui est ouvertement homosexuel auprès de ses amis. Il multiplie les aventures sans lendemain grâce aux applications de rencontres. Pour autant, Adam est un homme terriblement seul jusqu’au jour où il fait la connaissance de Steve.

À la différence de Michael, Adam évolue dans un climat plus favorable. Il est cependant embourbé dans l’ultra-connexion des êtres et la présence accrue de la sexualité. La peur et la tension de la première partie s’évaporent pour laisser la place à une mélancolie très contemporaine.

Que ce soit Michael ou Adam, l’un comme l’autre sont dépeints comme des êtres imparfaits aux prises avec une forme d’isolement les rendant naturellement accessibles pour le téléspectateur. Si les valeurs sociales évoluent, les deux existences sont définies par les codes de la société. Patrick Gale sous-entend que l’attachement d’une personne pour une autre n’est jamais simple, qu’importe l’époque.

Avec Man in an Orange Shirt, Patrick Gale fait des parcours intimes de Michael et Adam des reflets de leurs époques. Flora Berryman (incarnée par Vanessa Redgrave dans la seconde partie) est une sorte d’incarnation de l’évolution des mentalités. D’abord ouvertement homophobe, les actes de son époux la répugnent et elles préfèrent maintenir les apparences et se confondre dans les mensonges. Le temps va l’humaniser, lorsqu’elle apprend que son petit-fils est gay, les souvenirs réveillent d’anciennes douleurs, mais lui permettent d’exprimer ses remords et accepter la différence d’Adam.

Ainsi, grâce à une écriture intelligente, une réalisation soignée et une distribution impeccable, Man in an Orange Shirt apparaît comme un diptyque sensible, empli de pudeur et doté de personnages aux nombreuses fêlures.