Après qu’Isaac ait kidnappé Shayla, Elliot n’a pas d’autre choix que d’aider Vera à sortir de prison. Cela le met dans une situation sans issue, car il doit trouver un moyen de réaliser un hack qui est visiblement impossible en si peu de temps.
Vera est un personnage étrangement spirituel pour un dealer ultra-violent. Cela ne l’empêche pas d’être étonnement à sa place dans le microcosme de Mr. Robot qui, en dépit de son approche réaliste du hacking, évolue dans une sorte de réalité distordue. Désormais libéré des effets de la drogue, Elliot plonge la tête la première dans le monde extérieur, mais sa vision des choses impose toujours un léger décalage qui permet à quelqu’un comme Vera d’exister sans que l’univers du show ne perde de sa consistance.
Cet épisode – eps1.5_br4ve-trave1er.asf – illustre d’ailleurs parfaitement à quel point Mr. Robot est une série aux limites modulables. Nous nous éloignons de façon notable de tout ce qui a été fait jusque-là pour ce qui s’apparente au premier abord à une simple parenthèse avant de devenir une épreuve de laquelle Elliot ne pourra sortir que transformé.
Vera : Hey Elliot, I love you, bro.
L’idée de départ, orchestrer l’évasion de Vera qui est désormais en prison où sa vie est en danger, impose une scission nette avec le combat contre Evil Corp. Cette grande mission pour faire tomber l’entreprise diabolique était devenue la motivation première d’Elliot, mais cela a surtout permis à son univers de s’étendre. Il a créé des connexions avec d’autres humains et elles sont à présent utilisées contre lui. D’une certaine manière, cela lui offre l’opportunité de renforcer sa résistance à la pression et de « hacker » les personnes sans avoir à employer un ordinateur, mais cela ouvre une faille qui est immédiatement exploitée.
Il est indéniable que cette rencontre avec Fernando Vera et ses hommes poussera Elliot à développer sa vision du monde et à remettre en perspective ses actions.
C’est à ce niveau qu’Angela pourrait réellement changer la donne, car elle se transforme à son tour en véritable électron libre. Elle veut aussi faire tomber Evil Corp et Elliot ne réalise pas à quel point il l’encourage à cause de tout ce qui se passe dans sa vie. Il ajoute une variable à une équation qui, s’il était encore besoin de le démontrer, est devenue plus que complexe. Avec Tyrell Wellick qui s’impose toujours plus comme étant une autre inconnue, Mr. Robot progresse en laissant le chaos s’infiltrer.
Cette première saison a progressivement abandonné son approche linéaire presque trop didactique pour une construction à plusieurs niveaux où chaque personnage grandit en même temps que ses motivations entrent en conflit avec celles des autres – de façon explicite ou non.
eps1.5_br4ve-trave1er.asf est donc plus qu’un épisode de transition devant permettre à Elliot de rebondir après l’échec post-Steele Mountain. Il s’agit bien d’affirmer que la série est bien plus qu’une histoire de David contre Goliath à la moralité tendancieuse.
Comme Mr. Robot le lui dit, Elliot avait perdu d’avance, mais il a joué la partie jusqu’au bout en y mettant tout ce qu’il pouvait en pensant qu’il pourrait malgré tout gagner. Le résultat n’est pas celui qu’il espérait et il sera intéressant de voir comment il décide d’appréhender sa bataille contre Evil Corp maintenant qu’il a pris conscience des limites qu’il ne pouvait pas reconnaitre auparavant.
Adoptant une fois de plus la forme d’un thriller, Mr. Robot entame ainsi sa seconde moitié de saison avec un épisode qui offre peu d’occasions pour respirer, et qui nous laisse après avoir livré un violent coup de poing qui donne l’impression que rien ne va s’arranger dans le monde d’Elliot avant un bon moment. Les quatre prochains épisodes s’annoncent risqués à plus d’un niveau.