Aller au contenu
Séries Autres séries Mrs Wilson : une fascinante histoire de famille (sur France 3)

Mrs Wilson : une fascinante histoire de famille (sur France 3)

  • par
  • 5 min read

mrs wilson serie bbc - Mrs Wilson : une fascinante histoire de famille (sur France 3)

Dans la vie, il y a ceux qui ne font pas de vagues, ceux qui mènent péniblement une double vie et Alec Wilson. Impossible de dénouer le vrai du faux en ce qui concerne cet ex-espion du MI-6. Avec un tel personnage comme grand-père, Ruth Wilson — qui co-produit et tient le rôle principal — avait matière à raconter une grande histoire. Défi relevé haut la main dans Mrs Wilson, minisérie britannique de trois épisodes diffusée sur BBC One en 2018 et qui est maintenant diffusée sur France 3.

En 1963, Alexander « Alec » Wilson (Iain Glen) est victime d’une crise cardiaque et laisse derrière lui sa femme Alison (Ruth Wilson) et deux enfants. Mais pas seulement… Lors des préparatifs de l’inhumation, une inconnue sonne à la porte. C’est Mme Wilson, première du nom qui réclame le corps de son mari, dont elle dit n’avoir jamais divorcé. En déroulant le fil de ses mensonges, Alison va découvrir un tout autre visage de l’homme qu’elle aimait et remettre cause jusqu’à ses convictions les plus profondes.

Un couple digne des tragédies classiques

Alison est un excellent personnage, envoûtant du début à la fin. Alors que son existence vole en éclats, elle garde tant bien que mal le cap sans jamais tomber dans le stéréotype de la femme forte imperturbable. Quelles que soient les situations improbables auxquelles elle fait face, ses réactions sonnent toujours juste. Elle se pose les bonnes questions, réagit impulsivement parfois, mais cherche autant que possible à prendre les décisions les plus rationnelles.

Son rapport à la religion est fascinant, grandissant et évoluant au fil de la série. Rares sont les plans qui ne comportent aucun symbole chrétien, ces derniers prennent même de plus en plus de place dans le cadre avec le temps. Le parallèle entre la foi en Dieu et la confiance en l’autre est également omniprésent, Mrs Wilson s’attaque au sujet avec beaucoup de finesse et évite habilement les écueils inhérents au traitement de la religion à l’écran.

À ses côtés, Alec n’est pas simplement un souvenir, il est le deuxième pilier de cette fable surréaliste. Bien que ses défauts soient largement pointés, le portrait dressé est avant tout celui d’un ancien soldat traumatisé prêt à tout pour son pays, d’un écrivain à l’imagination débordante qui n’a pas su trouver un équilibre entre la réalité et la fiction dans laquelle il se réfugie. Sans dénigrer l’ampleur de ses mensonges, on sent son amour pour ses proches sincère, ce qui rend cet escroc difficile à détester, et donc particulièrement intéressant.

Un petit bijou pour les yeux

Mrs Wilson n’a pas seulement des choses à dire, elle a aussi un univers à nous montrer. On constate dès les premières minutes un impressionnant travail de mise en scène, de par une grande diversité des plans toujours maîtrisés et servant le propos. L’image ne laisse rien au hasard en usant des symétries et de la profondeur pour raconter son histoire autrement. À tout cela se superpose avec parcimonie une musique d’époque parfaitement choisie.

Les décors et les costumes magnifiques viennent également donner vie à cette période historique trouble. Mrs Wilson veut en effet nous immerger par tous les moyens dans cet après-guerre foisonnant, prenant le temps de s’attarder sur les moindres détails. Le tout est complété par un jeu magnifique sur les couleurs, permettant au spectateur de facilement se situer dans la chronologie lors des flashbacks.

Une histoire personnelle avec un supplément d’âme

Ruth Wilson est une actrice qui n’a plus rien à prouver. Dans ce rôle plus que jamais, elle transcende l’écran et offre une performance qui lui vaudra probablement quelques nominations. Elle incarne sa grand-mère avec force et convictions, mais aussi avec pudeur et respect. Investie également au niveau du script, on sent un besoin profond de faire ressortir de la bonté chez Alec, d’aller au-delà du menteur compulsif et polygame.

Le fait que cette histoire soit inspirée de faits réels rend Mrs Wilson particulièrement efficace et prenante. Cependant, à trop vouloir être fidèle à l’Histoire, on sacrifie parfois le divertissement. Le troisième épisode est malheureusement le plus faible. Trop longue, la façon dont les derniers actes de l’intrigue se déploient est assez redondante, mais surtout, les réponses nous manquent.

C’est le problème avec la vraie vie, la vérité n’est jamais simple à établir, surtout quand l’intéressé n’est plus présent pour confirmer. Entre ce qu’Alison sait, ce qu’elle a accepté de partager, ce qu’elle avait envie de croire et tout ce qu’elle n’a jamais su, la vie d’Alec reste une énigme à peine crédible, mais c’est également ce qui fait, selon moi, le charme de la série.

Mrs Wilson est un magnifique portrait de famille, une histoire d’espionnage aux rebondissements toujours plus improbables et un drame historique soigné. Ses quelques longueurs sont heureusement vite éclipsées par la qualité de l’interprétation et de l’écriture.

L’intégralité de la série Mrs Wilson est diffusée dimanche 14 mars sur France 3 à partir de 21h05.