Durant la première saison de Narcos, l’agent Steve Murphy de la DEA joué par Boyd Holbrook nous raconta en voix off ce qui était arrivé à l’agent Kiki Camarena. La quatrième saison nous ramène donc au commencement, auprès de Kiki (Michael Peña) alors qu’il est transféré à Guadalajara.
Relancée sous le titre Narcos Mexico, la série repart en quelque sorte à zéro, mais cette saison 4 reprend tout de même les codes narratifs qui ont été développés durant les trois précédentes. En fait, elle fait plus que cela, elle s’impose comme étant par moment un véritable complément. Néanmoins, elle se suffit à elle-même et l’on peut même l’utiliser comme un nouveau point d’entrée dans l’univers du show de Carlo Bernard et Doug Miro. Après tout, ce dernier est basé sur la réalité et il y a encore beaucoup à raconter. Il ne faut juste pas oublier que, peu importe par quel bout on la prend, l’histoire se finira mal.
D’ailleurs, c’est ce que le narrateur de cette saison 4 nous rappelle dès le début. Que vous vous souveniez de l’anecdote fournie par Steve Murphy ou non, vous ne pouvez pas ignorer que la guerre contre la drogue fait des morts et cela ne se termine jamais bien. Demandez à Javier Peña (Pedro Pascal), il a fini la saison 3 avec une victoire qui lui laissa un gout amer dans la bouche et il n’est certainement pas le seul agent de la DEA à connaitre cela.
Au point de départ néanmoins, l’optimisme était de mise. Quand on rencontre Kiki Camarena, il est prêt à faire des arrestations, à bruler des champs de marijuana et à stopper tout le trafic venant du Mexique. Bien entendu, il déchante rapidement. La corruption est partout et le pouvoir des agents américains est plus que limité.
Cela dit, la guerre n’est pas encore déclarée. Narcos Mexico est là pour nous expliquer comment elle le fut. Kiki et ses collègues vont alors brasser de l’air, se heurter à des murs et se faire ridiculiser par leurs ennemis pendant longtemps, ce qui rend leur partie moins captivante qu’escomptée. Néanmoins, quand ils arriveront à leur fin, ce n’est pas une étincelle qu’ils vont provoquer, mais bien une explosion.
Celle-ci ne se produit cependant que dans le dernier tiers de la saison. Pour y parvenir, il faut d’abord que l’organisation de Miguel Ángel Félix Gallardo (Diego Luna) prenne corps. Dans la tradition Narcos, on suit donc les agents de la DEA et leurs ennemis, les trafiquants de drogues. Si Kiki n’est pas Steve. Gallardo n’est pas Escobar non plus.
De simple flic dans un coin paumé du Mexique à leader du plus gros cartel mexicain, la route est pavée d’idées révolutionnaires, d’ambitions sans fin et d’opportunistes qui sont prêts à profiter de ce que peut leur offrir cet entrepreneur pas comme les autres. Félix Gallardo a une vision et il veut la réaliser à tout prix. Ironiquement, comme la DEA, son premier obstacle à surmonter est la corruption. Pour arriver à ses fins, il doit convaincre la police et le gouvernement qu’il peut faire ce qu’il promet.
La montée de Gallardo expose un problème endémique au Mexique, un peu comme on l’a connu en Colombie durant les précédentes saisons. Néanmoins, les pays ne sont pas les mêmes et, s’il y a des similitudes, les différences sont légion.
C’est en quelque sorte comme cela que l’on peut caractériser Narcos Mexico. C’est pareil, mais bien différent. Les scénaristes ne réinventent pas la série, il l’utilise simplement comme étant un véhicule pour d’autres histoires. Celle de cette saison 4 possède ainsi une sensibilité nouvelle en grande partie grâce aux personnages, mais il faut tout construire et cela demande une longue période d’exposition.
Dans ce sens, Narcos Mexico tâtonne un peu à trouver sa propre voix au point de départ, apparaissant alors quelque peu mécanique dans sa structure narrative, ce qui la rend légèrement monotone. Cependant, Michael Peña et Diego Luna vont petit à petit s’approprier le récit et réussir à surprendre à plusieurs reprises. Ils donnent en tout cas à cette saison 4 une identité qui prouve que la série peut se poursuivre en s’éloignant de la Colombie et qu’elle a encore beaucoup à raconter. D’ailleurs, ces 10 épisodes ne sont vraiment qu’une longue introduction pour une saison 5 qui s’annonce déjà tonitruante.