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New Girl : Who’s that girl ? It’s Jess ! (saison 1)

New Girl Saison 1 - New Girl : Who's that girl ? It's Jess ! (saison 1)

Jess est la « nouvelle fille » qui rejoint Schmidt, Nick et Winston dans leur coloc après avoir largué son petit ami volage. D’un naturel fantaisiste et décalé, Jess va forcer les trois amis à s’adapter.

Première création télévisuelle d’Elizabeth Merriwether, New Girl ne possède pas de grandes ambitions, en tout cas pour cette première saison. Voici donc une sitcom qui se veut avant tout générationnelle, comme Friends a pu l’être à son arrivée à l’antenne il y a 15 ans. Le sujet : ces adulescents, trentenaires célibataires par choix ou malgré eux, trop occupés à gérer leur carrière et à passer d’aventures (sentimentales ou sexuelles, la série ne manque de références à ce sujet) en aventures, mais qui se posent, comme tout le monde, la question du bonheur et (sortez les violons) de l’amour.

La créatrice explique avoir créé l’héroïne de la série à son image, et il suffit d’aller voir des photos de Merriwether pour s’en convaincre. Il n’en demeure pas moins que sur l’écran, Zooey Deschanel semble être dans des chaussons pour incarner cette Jess, maîtresse d’école lunaire et fantasque, romantique désenchantée et névrosée sur les bords. Mal dans sa peau, et cachant sa peur des situations gênantes en créant d’autres situations gênantes, Jess est la fille d’à côté par excellence, à la fois fun et exaspérante, celle qu’on adorerait avoir comme voisine, mais jamais comme coloc’. Deschanel, dans un style qu’elle applique à merveille qui séduira une fois de plus ses fans et énervera ses détracteurs, s’en donne à cœur joie pour chanter ses pensées, ouvrir en grand ses yeux bleus ou sortir une phrase complètement inappropriée dans un contexte qui n’en avait pas besoin. Handicapée de l’amour, les quelques relations sentimentales qu’elle entretiendra durant cette première saison seront encore une fois à son image : atypiques, bancales et foutraques.

Jess vient donc chambouler la vie de Winston, Nick et Schmidt, trois copains aux déboires sentimentaux et professionnels plus ou moins bien trouvés. Évidemment trois personnalités différentes, indépendantes, mais complémentaires, puisqu’ils sont amis de longue date. La situation de départ offre un ainsi un cadre connu où un élément perturbateur vient chambouler l’existence d’une société balisée. Jess, avec son caractère fantaisiste et ses passions bizarres, bouscule quelque peu l’ordre établi.

Winston est sans conteste le personnage le plus faible – et pourtant, Nick est assez énervant et redondant – alors que le postulat de départ était intéressant (un sportif professionnel déjà trop vieux qui ne parvient pas à se réinsérer dans la société) n’arrive jamais à se créer des opportunités pour briller. Ses intrigues sont bien trop indépendantes du reste des personnages. Là où Schmidt va fréquenter la meilleure amie de Jess, Cece, et Nick développera une histoire « je t’aime, moi non plus » avec Jess, Winston est bien trop occupé à trouver un travail et à recommencer une vieille histoire pour être parfaitement intégré à la série. Le talent de Lamorne Morris n’est pas en cause, seulement son personnage. Même Jess, pourtant pierre angulaire du show, n’a que trop peu d’interactivité avec lui pour pouvoir créer une dynamique.

Nick est donc le « love interest » de Jess de la saison (de la série ?) et, malgré les escapades sentimentales de chacun, tout est fait pour nous encourager à penser en ce sens. Si le personnage apparaît plusieurs fois pénible et irritant, c’est parce qu’il est l’archétype du trentenaire paumé qui continue de creuser alors qu’il a toutes les qualités pour s’en sortir. Si la base de la comédie est de jouer avec les archétypes, les scénaristes n’auront jamais réussi avec Nick. Loser, toujours en position de victime, il n’inspire au spectateur que peu de rires, et malheureusement beaucoup de pitié. Les derniers épisodes, où il prend enfin sa vie en main, lui (et nous) offrent une respiration bienvenue, et un peu de comédie. L’épilogue, sur son retour dans la coloc’, bien décidé à profiter un peu de la vie, est un signe encourageant.

À l’opposé de ce personnage assez déprimant qu’est Nick, se trouve Schmidt. Si les auteurs ont foiré leur coup sur Nick pour jouer avec les clichés, ils ont cependant été brillants avec ce personnage. Ce n’était pourtant pas gagné : séducteur invétéré, coureur et refusant tout engagement, Schmidt ne possède au premier abord aucune distinction d’un Joey Tribbiani, Hank Moody ou Barney Stintson. Excepté que celui-ci respecte profondément les femmes, en a peur par moments (belle idée d’être le seul homme de son travail), et n’hésite pas à accepter l’idée d’être amoureux. La relation qu’il développe avec Cece, d’abord sexuelle, mais qui dépasse très vite ce statut, est un modèle de progression narrative où le personnage va avancer doucement, mais sûrement, à chaque épisode. Au-delà de son aspect sentimental, Schmidt possède un certain nombre de caractéristiques plutôt bien vues : traitant son corps comme un temple,  manquant parfois de second degré, carrément maniaque et persuadé d’être le meilleur dans de nombreux domaines, la vie en colocation offre d’innombrables possibilités de venir le titiller sur tous ces terrains.

New Girl est sans conteste une rom com moderne, mais pas différente de la production ciné ou télé des ces dernières années. N’arrivant que rarement à se sortir des modèles du genre, la série offre quand même, par moments, un ton original et de belles fulgurances qui sont bien aidés par des personnages taillés pour leurs acteurs, à moins que ce ne soit l’inverse. Indiscutablement perfectible, mais il sera difficile de résister aux grands yeux bleus de Zooey Deschanel pour la deuxième saison, en espérant corriger les défauts un peu lourdauds que la série s’est traînés pour sa première année.